L’hellébore, une fleur étonnamment sublime.

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culture & nature

L’hellébore: Incontournable de l’hiver

7 Déc 2022 | Culture, histoire, philosophie

Avec une floraison qui peut durer des mois, de superbes fleurs blanches, violettes, rouges, pourpres, un feuillage charnu, l’hellébore, communément appelé «Rose de Noël» compte parmi les rares plantes vivaces à fleurir en hiver.

Connue depuis l’Antiquité, mystérieuse et singulière, cette plante que l’on peut écrire avec ou sans «h», est tantôt masculine, tantôt féminine. Plante de malheur et bonheur de plante! Les anciens lui prêtaient le pouvoir de guérir de la démence. Hercule, devenu fou, aurait été apaisé par quelques graines d’hellébore qu’un habitant d’Anticyre lui aurait administrées. Rabelais, avant d’être un homme de lettres, était médecin. En bon lecteur des traités médicaux, il connaissait l’histoire de l’hellébore d’Anticyre et l’a réutilisé dans son «Gargantua».

L’hellébore dans la littérature

L’hellébore est très présent dans la littérature. Sous la plume de Ronsard (Discours à Catherine de Médicis); de Jean de la Fontaine qui fait l’écho de ses propriétés dans «Le lièvre et la tortue»: «Ma commère dit le lièvre, il vous faut purger avec quatre grains d’ellébore». ou encore de Colette dans «De ma fenêtre»: «Il était bien rare que Sido n’eût pas trouvé dans le jardin, vivaces épanouies sous la neige, les fleurs de l’ellébore que nous appelons rose de Noël. En bouquet au centre de la table, leurs boutons clos, ovales, violentées par la chaleur du beau feu, s’ouvraient avec une saccade mécanique qui étonnait les chats et que je guettais comme eux».

Un festival de teintes raffinées

Appartenant à la famille des Renonculacées, le genre hellébore compte une vingtaine d’espèces dont de nombreuses variétés cultivées par hybridation, proche de l’hellébore noir (Helleborus niger) originaire des Alpes et de l’hellébore d’Orient (Helleborus orientalis), présent des Balkans au Caucase, que l’on rencontre jusqu’à 2000 mètres d’altitude.
L’hellébore noir est en réalité d’un blanc pur comme la neige. C’est à la couleur noire de ses racines charnues qu’il doit son nom d’espèce «niger». Résistant et parfaitement rustique (-20°C) il brave le froid et fleurit dès le mois de décembre. Comme une promesse de future renaissance printanière, à l’approche de la nouvelle année, il s’épanouit en coupes larges, solitaires ou réunies en cymes, par deux ou trois, pour offrir un festival de teintes raffinées.

Naturellement adapté à l’hiver, l’hellébore ne supporte pas le soleil d’été.

Sol, exposition et variétés

Naturellement adapté à l’hiver, l’hellébore ne supporte pas le soleil d’été, qui grille ses feuilles persistantes ou semi-persistantes dans les régions aux hivers très froids. Le planter entre septembre et mars à mi-ombre, dans un sol bien drainé et enrichi de matière organique. Il se cultive aussi en pot, pour autant que le récipient soit de grande dimension, pour favoriser un important système racinaire rhizomateux. Attention: quelle que soit la partie de la plante, l’hellébore est très toxique pour les humains et les animaux.

Niger, orientalis, argutifolius

Le plus connu et premier à fleurir de décembre à février est Helleborus niger, dont les corolles blanc pur virent en fin de floraison au rose teinté de vert. Feuillage robuste et caduc. Épanoui dès février, Helleborus orientalis – et ses hybrides – offre une palette de superbes couleurs qui vont du blanc rosé au pourpre presque noir. Feuilles persistantes et lustrées vert franc. Helleborus x hybridus (orientalis) ‘Anemone Picotee’, variété à fleurs rose pâle délicatement veinées et liserées de mauve soutenu. Helleborus orientalis ‘Tutu’ porte au-dessus de son feuillage semi-persistant des fleurs qui ressemblent à un tutu.  Helleborus argutifolius, l’hellébore de Corse, plante aussi haute que large, s’épanouit en bouquets de fleurs vertes. Feuillage persistant et coriace, décoratif toute l’année.

 

Denise Filippi