L’imposant clocher sans flèche, symbole de Fribourg.

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Cathédrale Saint-Nicolas

L’État de Fribourg, propriétaire depuis plus de deux cents ans

1 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

Le patrimoine immobilier étatique helvétique ne comporte pas seulement des bâtiments administratifs, des hôpitaux, des écoles ou des routes. Ainsi, depuis 1800, l’État de Fribourg est propriétaire du symbole de la ville et du canton, la cathédrale Saint-Nicolas. Tour du propriétaire avec celui qui est en charge de la direction des travaux de restauration, le chef du Service des biens culturels Stanislas Rück.

À l’instar des Cantons de Vaud et de Berne notamment, l’État de Fribourg est propriétaire du principal édifice religieux cantonal et de son contenu mobilier: la cathédrale Saint-Nicolas, construite dès 1283 et achevée à la fin du XVe siècle. D’abord seule église paroissiale de Fribourg, puis collégiale dès 1512 et dotée d’un chapitre, Saint-Nicolas ne deviendra cathédrale, c’est-à-dire siège de l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, qu’en 1924. C’est en 1800, lors de la séparation entre la Ville et l’État cantonal, que l’Acte de dotation attribuera la collégiale Saint-Nicolas à l’État de Fribourg, nouvellement constitué. En raison des nombreux utilisateurs affectataires de l’édifice (paroisse, évêque, chapitre cathédral, bourgeois propriétaires d’autels), le Canton de Fribourg a érigé au XXe siècle une Fondation pour la conservation de la cathédrale Saint-Nicolas, dont le but est de rassembler dans une structure unique et un lieu de concertation des représentants des institutions concernées et du propriétaire et de contribuer financièrement à la conservation et à l’entretien du bâtiment qui symbolise Fribourg.
Quels sont les particularités de l’entretien et de la rénovation de ce bien culturel exceptionnel qui bénéficie du soutien de la Confédération? Stanislas Rück, chef du Service des biens culturels de la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport du Canton de Fribourg, chargé de la direction des travaux, nous répond.

– Quel est le budget annuel prévu (avec les subventions fédérales) pour les travaux de rénovation de la cathédrale?
– Jusqu’en 2015 (achèvement des restaurations intérieures et du portail sud), environ un million par année. Le budget sera ensuite en baisse, dans l’attente des prochains travaux importants en lien avec les futurs aménagements extérieurs du Bourg, et du renouvellement de l’éclairage intérieur et extérieur.

– Peut-on dire que Saint-Nicolas est un chantier permanent et éternel?
– Oui, bien qu’actuellement, avec les importants travaux réalisés entre 1999 et 2015, une grande étape des travaux ait été terminée. En témoigne le numéro de la revue du Service des biens culturels, «Patrimoine fribourgeois», de 2016 qui en fait le bilan. Cela étant dit, la tour, dont les restaurations ont été réalisées entre 1928 et 1967, montre de nouveau des signes d’usure et il faudra relancer une campagne de restauration dans les dix ans à venir.

– Quels sont les travaux prévus et déjà réalisés cette année?
– Ce sont la restauration des voûtes dans la chapelle du Saint-Sépulcre, la création d’un nouveau reliquaire pour les reliques de Saint-Pierre Canisius, l’installation du reliquaire avec celui de saint Nicolas de Myre et de saint Nicolas de Flüe dans la chapelle, la restauration du maître-autel dans le chœur, et le lancement du concours pour un nouvel éclairage de l’intérieur de l’édifice.

– Quel est le rôle, selon vous, de l’État propriétaire? Et le rôle de la Fondation?
– L’État assure pour l’essentiel les travaux de restauration et d’entretien. La Fondation prend à sa charge des projets complémentaires de mise en valeur comme le Trésor, la restauration des cloches, la publication du livre du Professeur Kurmann, la création d’un lapidaire, etc.

– Quels travaux sont-ils les plus difficiles à réaliser?
– Les travaux de restauration de la pierre, en ayant le souci de garder un maximum de substance originale et de patine.

– Quelles sont les prochaines étapes de restauration?
– Réfection de l’éclairage, renouvellement des aménagements autour de la cathédrale (parvis et portail sud), restauration du narthex, restauration des façades de la sacristie haute, restauration de la tour idéalement à débuter dans les dix ans. Ce sera de nouveau un chantier de longue durée, mais pas forcément de quarante ans comme la dernière fois!
On fête la dédicace, l’anniversaire de la consécration d’une église, de la cathédrale Saint-Nicolas chaque 26 août. C’est en 1182 que l’évêque de Lausanne Roger de Vico Pisano accomplit ce geste sacré. Près de 850 ans plus tard, la tour sans flèche de Saint-Nicolas continue de s’élancer dans le ciel fribourgeois. Grâce à son propriétaire et à tous les architectes et entrepreneurs qui prennent bon soin de cet édifice si important au cœur des Fribourgeois.

 

Laurent Passer