Les Helvétiens de 1901.

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culture & nature - Livre d’or

Les Helvétiens ont leur Bible

31 Mai 2023 | Culture, histoire, philosophie

La société d’étudiants portant couleurs Helvetia a été fondée en 1848. Elle est représentée à Bâle, Berne, Genève, Lausanne et Zurich. Aux côtés de la plus ancienne et plus conservatrice Société de Zofingue, cette association nourrie des idéaux radicaux connaîtra des périodes d’essor et quelques éclipses, surtout en Suisse romande. La section genevoise, refondée en 1971 et qui «vit, croît et fleurit» depuis, vient de publier un Livre d’or* empli d’enseignements historiques.

Les Helvétiens de 2021.

C’est à «Mascogne» – selon son vulgo ou surnom rituel au sein des sociétés d’étudiants – Robert-Pascal Fontanet, ancien président de la Chambre des Notaires genevois, et à son cadet Cédric Aeschlimann, entourés d’une équipe de membres de l’Helvetia genevensis et d’historiens chevronnés, que l’on doit la réalisation de cet ouvrage. Près de quatre cents notices biographiques permettent de retrouver les personnalités qui ont fait ou font encore partie de la section genevoise. Signe de temps révolus, quoi que certains en disent, l’opposition entre Zofingiens et adhérents de la «Nouvelle-Zofingue» devenue Helvetia recoupe assez clairement la ligne de fraction entre démocrates de 48 et conservateurs, ancêtres des futurs libéraux et radicaux genevois. Rappelons que Georges Favon, révolutionnaire radical, avait commencé sa carrière comme opposant acharné aux velléités de nouveau régime. Suffrage universel et démocratisation des études, quelle idée!

Brochette de personnalités

On retrouve le même Favon parmi les premiers Helvétiens, tout comme James Fazy, le Carougeois Alexandre Gavard ou leur homologue vaudois Louis Ruchonnet (à chacun son avenue ou son boulevard!). Au fil des années, d’autres titulaires de plaques de rue (encore non féminisées) émaillent la liste de membres: Adrien Lachenal, Alcide Jentzer, Carl Vogt ou Emile Yung. Dans les noms plus récents, on repère par exemple le patron du groupe Naef Etienne Nagy (vulgo «Rodin»).
Souvent présentées comme élitaires, objets de quelques fantasmes complotistes, les sociétés d’étudiants traditionnelles continuent à cultiver les valeurs patriotiques cantonales et fédérales, la confraternité et la convivialité. Si certaines d’entre elles sont devenues mixtes, on ne peut pas dire qu’elles se situent globalement en pointe du combat pour la parité. Toujours est-il que leur héritage historique mérite d’être mis en valeur par de tels ouvrages, que l’on lira avec profit.

 

Vincent Naville

* Editions Pixelization Sàrl.