loisirs - Villars Palace
L’élégance patrimoniale au sommet
Depuis 1912, sa silhouette massive domine la station de Villars. Surnommé le paquebot des Alpes, le Villars Palace – entièrement rénové en 2022 – témoigne de l’évolution du tourisme alpin dans la région. Aujourd’hui, l’hôtel se positionne également comme un lieu de culture avec des expositions permanentes et temporaires, ainsi que des performances dans son théâtre datant de 1895.
C’est à partir de 1862 que Villars commence à écrire son nom sur la carte du tourisme alpin grâce à quelques visionnaires dont Auguste Petter-Genillard, boulanger à Aigle, installé désormais à Villars. L’inauguration en 1866 de la route Ollon-Villars puis, en 1901, l’arrivée du premier train Bex-Villars et la construction de la gare de Villars permettent à Villars de s’imposer comme une station chic des Alpes.
En 1912, Charles Genillard, neveu de Auguste Petter‑Genillard et figure centrale du développement hôtelier et touristique de Villars, entreprend la construction du Villars Palace, l’un des plus modernes des Alpes à l’époque, qui ouvre ses portes le 24 décembre 1913. En 1968, le Villars-Palace est racheté par le Club Méditerranée dont il reste la propriété jusqu’en 2019. Il est alors acquis par les hommes d’affaires Marco Dunand et Jérôme de Meyer. Un nouveau chapitre dans la vie de l’hôtel qui entame sa métamorphose, renouant avec l’élégance de ses débuts.
«Nous avons repris un bâtiment fatigué, mais qui avait été entretenu, se souvient Denis Glatz, l’architecte vaudois en charge du chantier. Par ailleurs, le projet avait été mené très vite, en dix-huit mois, entre la mise à l’enquête et la construction. Avec cet hôtel, on était dans ‘le paraître’ et un peu moins concentré sur la qualité. Nous avons donc été confrontés à quelques faiblesses structurelles qu’il a fallu corriger. L’hôtel avait aussi évolué au fil du temps, notamment en ce qui concernait les sanitaires. Au début, il y avait une douzaine de salles de bain et d’autres ont été ajoutées avec les années. Ces différentes interventions avaient un peu mis à mal tout ce qui était structurel».
Les travaux, qui intervenaient sur un bâtiment protégé et classé à l’inventaire cantonal des monuments historiques (IMH), se sont révélés délicates. «Au début, il s’agissait d’une intervention sur les façades avec des restaurations assez pointues sur les vitrages afin de redonner à l’hôtel son lustre d’antan. A l’intérieur, les interventions prévues étaient moins importantes, mais au fur et à mesure nous sommes tombés sur des problèmes plus conséquents». Le chantier a permis de revaloriser des pièces, de refluidifier les circulations et de rendre son prestige «à ces beaux espaces intérieurs que sont le lobby, le ballroom et le théâtre», souligne Denis Glatz.
Invitation au voyage
Les intérieurs ont été mis en scène par l’architecte d’intérieur Ottavio Di Chio. «Quand je suis arrivé, le bâtiment venait d’être vidé de tous les agencements qui appartenaient au Club Med, dit-il. C’était le premier moment où j’ai éprouvé la responsabilité de décorer cet édifice qui est un élément important pour toute la région. J’ai commencé par écrire un petit texte sur le thème du voyage». Celui-ci est évoqué par des clichés des photographes Jimmy Nelson et Jean-Baptiste Huyn, des représentations du personnage Corto Maltese d’Hugo Pratt, ainsi que par des tableaux en édition limitée et des objets de l’univers d’Hergé et de Tintin.
Toute la démarche d’Ottavio Di Chio a consisté à associer des éléments historiques et modernes. La boiserie des têtes de lit des 125 chambres et suites, par exemple, a été dessinée à partir d’une décoration florale du sol du lobby. «Cette recherche des éléments iconiques nous a aussi amenés à redessiner le bar où l’élément le plus important est certainement son lustre suspendu qui a la forme d’un chemin de fer».
L’architecte a aussi insufflé au décor une touche d’audace, notamment au bar pensé comme un musée dédié à toutes les activités sportives de Villars: ski, racing, golf, hockey…Chaque étage évoque un continent, illustré par des photos de Jean-Baptiste Huynh. Quant au lobby, immense et lumineux, associant architecture fastueuse des palaces du début du XXe siècle et mobilier contemporain, il dévoile à travers ses grands vitrages une vue spectaculaire sur Villars.