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Rentrée littéraire

Lancement d’hiver pour éditeur hors normes

22 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

Les Editions Moins-de-cent (moinsdecent.net) font souffler un vent libertarien sur la littérature genevoise. Un manifeste pour une édition libre qui appelle à critiquer, défier, créer et partager. Avec la sortie lors de la récente rentrée de trois nouveaux livres: Radioaktif, Tox et les Pas perdus (tout un programme!), la jeune maison d’édition se place résolument à l’intersection du papier et du numérique.

Le slogan de Moins-de-cent? «Nous donnons ce que nous vendons et nous vendons ce que nous donnons». En clair, tous ses ouvrages sont accessibles en lecture libre sur le site de l’éditeur ou peuvent être achetés en édition papier.
Interview de Benjamin Olivier Paul, président de Moins-de-cent.

– N’est-ce pas économiquement absurde de donner ce que l’on vend?
– J’ai un peu envie de vous retourner la question: n’est-ce pas économiquement absurde de consommer sans limites et sans compter? Mais en fait poser cette question, c’est y répondre. Nos modes de fonctionnement doivent changer, et oui, les éditions Moins-de-cent ont une autre échelle de valeur, qui met en avant la créativité et le partage avant le profit.

– Comment faites-vous pour vivre et fonctionner, si vos livres sont accessibles gratuitement?
– Moins-de-cent est une association à but non lucratif. Nous fonctionnons au départ avec du bénévolat, des dons et les recettes de nos ventes. Des centaines de milliers de personnes abordent la littérature à travers un écran. D’autres, ou parfois les mêmes, souhaitent vivre leur expérience dans une relation avec un objet papier. Les Editions Moins-de-cent s’inscrivent dans ce monde de possibles, en vendant les livres imprimés, mais en offrant simultanément des fichiers optimisés pour permettre une lecture depuis un ordinateur, une liseuse, un téléphone, ou tout autre appareil (fichiers PDF, HTML et epub gratuits). Etonnamment, l’un nourrit l’autre.
De fait, nous «donnons» le droit de lire librement, sans limite, un texte et nous «vendons» un objet matériel, le livre, que l’on peut ranger et annoter, sentir et offrir. Ce privilège s’achète souvent volontiers, même si le texte est disponible gratuitement – à l’image, par exemple, de tous les «classiques» de notre littérature, disponibles en ligne et pourtant sans cesse remis sous presse par les grands imprimeurs commerciaux.

– Etes-vous limité à Genève?
– A l’image des circuits courts qui mettent en valeur la production locale, nous aimons l’idée que nos auteurs ou nos œuvres, dans toute leur diversité, conservent un lien humain ou symbolique avec Genève et ses environs. Ce lien peut être de diverses natures: y vivre, en parler, l’avoir traversée ou même simplement imaginée. Nous prenons le parti d’une proximité ouverte et d’une diversité locale. Notre comité de lecture se réjouit de soutenir, encourager et publier la littérature genevoise, au sens large.

 

Propos recueillis
par François Berset

Un Polar déjanté qui suit les aventures rocambolesques du privé Shlom Rublev, détective d’un temps futur pas si lointain, qui mène le lecteur au cœur des ténèbres, dans les apories de la folie humaine
Auteur: Fred Radeff

Un recueil de nouvelles qui plonge dans les utopies des années 80. Un parcours initiatique très rock, qui confine à la quête nostalgique d’une impossible liberté.
Auteur: John Fergo

Les pas perdus est une fiction politique, qui dépeint une démocratie en prise avec ses propres limites.
Auteurs: Evans & Jansen

Un roman érudit et savoureux, qui nous mène des sommets alpins aux montagnes thaïlandaises, de la jungle de Meinong à la tentation d’exister de Cioran.
Auteur: Paul Oberson