L’avant-projet de nouvelle caserne: sobre et épuré.

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culture & nature - Monument historique

La Garde Suisse du Vatican bientôt mieux logée?

7 Fév 2024 | Culture, histoire, philosophie

Une partie du Grand Conseil genevois, à la différence du très protestant canton de Zurich, n’a pas compris l’importance culturelle, la carte de visite que représentaient les gardes suisses du Vatican aux yeux de millions de touristes. Début février, une faible majorité de députés a suivi la harangue du député Vert Pierre Eckert et de la gauche et refusé le moindre sou à la Fondation pour la rénovation des logis de cette Garde dont près de 150 membres avaient jadis donné leur vie, face aux spadassins de Charles-Quint, pour sauver le pape Clément VII.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la caserne des Gardes suisses au Vatican est en cours de rénovation par la construction de nouveaux bâtiments, afin d’assurer un confort correct aux membres et aux familles de la plus petite armée du monde. Depuis 2017, une Fondation présidée par l’ancien patron de la BNS Jean-Pierre Roth et patronnée par l’ancienne présidente de la Confédération Doris Leuthard, conduit et accompagne le long processus, reforcé par la signature d’un protocole d’accord avec les autorités vaticanes. La recherche de financement va également bon train et le commencement des travaux est prévu en 2026. Etat des lieux d’un projet immobilier exceptionnel au cœur du Vatican, et qui – à part pour quelques esprits étroits – dépasse largement l’aspect catholique pour revêtir une importance nationale.
L’accord entre la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège et la Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde suisse pontificale du Vatican, sorte de déclaration d’intention visant à orienter clairement les mesures à prendre, a été signé en 2022. Pour le Cardinal Pietro Parolin, le Secrétaire d’Etat – en quelque sorte le Premier ministre du Pape –, c’est le signe d’un redémarrage après Covid, «un effort pour assurer à la Garde de meilleures conditions de logement pour la poursuite de sa noble mission».

Des bâtiments du XIXe siècle

Le processus de réflexion est engagé depuis fin 2016 et vise à requalifier les bâtiments qui composent l’actuelle caserne, appelée le Quartier suisse, composée de trois bâtiments, afin de l’adapter aux nouvelles normes de logement et de répondre aussi à des critères écologiques. Les bâtiments, actuellement occupés par les 125 gardes et officiers, datent de 1932 et n’ont jamais fait l’objet d’une rénovation majeure. Le temps a fait son œuvre. De plus, l’un des principaux problèmes est la forte humidité qui émane des caves construites en béton précontraint, que l’on tente d’endiguer par l’utilisation très coûteuse de déshumidificateurs, et qui entraîne des dommages dans les étages supérieurs. Selon Jean-Pierre Roth, «les bâtiments principaux de la caserne n’offrent pas suffisamment d’espace pour accueillir les gardes et leurs familles et entraînent des coûts de maintenance élevés. Ils ont besoin d’une restructuration importante pour répondre aux besoins des gardes et d’une mise en conformité avec les normes environnementales actuelles. Ce projet est essentiel pour maintenir un service de sécurité efficace pour le Saint-Père et le Palais apostolique».

Un projet pour aujourd’hui et demain

En 2017, la Fondation a commandé aux deux architectes suisses experts en bâtiments publics Pia Durisch et Aldo Nolli, de Massagno/TI, une étude de faisabilité complète. Puis un avant-projet a été présenté aux autorités vaticanes, qui en ont accepté les grandes lignes. L’avant-projet doit maintenant être finalisé, afin de préserver notamment les façades extérieures et respecter la limite de hauteur imposée par la colonnade du Bernin. Il sera aussi nécessaire de protéger et de mettre en valeur les importants monuments environnants. Les prochaines étapes comprennent l’approbation du projet définitif, l’adjudication des travaux dans le respect de la législation vaticane sur la transparence et du Code des marchés publics. L’ouverture du chantier devrait intervenir début 2026, après l’Année Sainte jubilaire de 2025.
Il faut aussi prévoir le déplacement temporaire de la Garde durant les travaux; l’on doit maintenir l’ensemble de ses services de sécurité et d’honneur.

Financement par des dons

La construction envisagée de la caserne ainsi que les locaux provisoires pendant les travaux nécessitait des dons de l’ordre de 55 millions de francs. A ce jour, la majeure partie de la somme prévue par la Fondation a été obtenue sous forme de dons et d’engagements contractuels de dons, provenant d’institutions publiques, comme des cantons et des corporations ecclésiastiques, des fondations et de nombreux donateurs privés. La Fondation poursuit actuellement ses efforts pour collecter les fonds encore manquants, noatmment en raison du renchérissement des matériaux et de nouvelles nécessités pour conserver les façades. Doris Leuthard commente: «Nous serons en mesure de réunir les fonds restants dans les mois à venir. Cela montre l’attachement de la population suisse à la Garde suisse et à son rôle dans la défense du Saint-Père».
Le Pape François a d’ailleurs approuvé le projet: «Ma vie serait impensable sans les Gardes suisses. Ils sont en permanence à mes côtés, jour et nuit. Je leur suis très reconnaissant pour leur professionnalisme, leur sens de la discipline, leur discrétion et leur courtoisie. Il s’agit d’hommes jeunes qui sont soumis à un quotidien astreignant et qui s’engagent en permanence pour ma sécurité. Il est d’autant plus important qu’ils bénéficient au Vatican, qui est comme une deuxième maison pour leur famille, du confort moderne et d’une sécurité optimale». Nul doute que cet encouragement papal soit de nature à faciliter la réalisation de ce qui constituera le plus important chantier à l’intérieur de la Cité du Vatican.

 

Laurent Passer

Une fenêtre de l’actuelle caserne: sans commentaire!

Fondation pour la rénovation de la caserne de la Garde Suisse Pontificale
Ringstrasse 2
4600 Olten
www.kasernenstiftung-schweizergarde.ch