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Entre le rire et le désespoir

Heureusement, il y a Rébecca Balestra!

29 Sep 2021 | Culture, histoire, philosophie

L’artiste genevoise est au sommet de son actualité avec un spectacle à l’Arsenic, un recueil de textes publié chez art&fiction et un bébé en route.

Ses yeux sont d’un vert si clair, indéfinissable. Un peu comme elle, d’ailleurs. A 33 ans, la Genevoise Rébecca Balestra, comédienne, metteur en scène et auteur genevoise, remonte sur les planches du théâtre Arsenic avec son spectacle «Olympia», qu’elle a eu le privilège de jouer lors de l’inauguration de la Nouvelle Comédie de Genève.
Installée sur une terrasse du quartier de Saint-Jean, l’élégante jeune femme est arrivée avec un gros cabas. A l’intérieur, ses perruques et ses costumes de diva, réalisés par Katrine Zingg et Ingrid Moberg, de la Comédie de Genève. Dans «Olympia», le spectacle intimiste qu’elle a écrit et mis en scène, Rébecca Balestra revêt un caftan de soie ou une robe scintillante. Question tenue, entre glamour et paillettes, La Callas, Marlène Dietrich et Dalida ne sont pas loin. Ce sera tout pour la comparaison.
Dans ses textes, «sur le modèle de grandes chansons à textes et d’auteurs qui ont marqué ma vie comme Duras et Eluard, j’ai souhaité écrire des mots qui parleraient aux cœurs brisés», explique Rébecca Balestra. Autant de paroles qui sont devenues des poèmes: «Olympia» en compile onze, accompagnés par le Steinway de Grégory Regis et une musique orchestrale composée par Andrès Garcia.
Ses textes représentent, dit-elle, «des apologies de la banalité, le dénominateur commun de toutes nos vies. Je cherche à magnifier le quotidien, à y trouver du drôle, du tragique, du beau. Chercher le grand dans le petit. Les mites dans la farine, les filets de perches à Rolle, les travaux sur la route de Suisse: ces choses de la vie qui ici deviennent grandioses, parce qu’au fond c’est tout ce qu’on a et c’est tout ce qui compte, puisque ça nous rassemble».

Compilation poétique

«A l’instar d’un concert de variété, les mots et les récits de chaque morceau brillent et sont mis sur le devant la scène. Je cherche une vertu cathartique dans mon écriture et sur le plateau. La même que l’on peut retrouver dans des paroles que chantait Dalida, qui nous aideraient presque à purger la tristesse, à retrouver de la lumière en plongeant dans les ombres. A n’être plus malade en écoutant Je suis malade», poursuit la Genevoise.
«Olympia» nous fait passer du rire aux larmes, avec son écriture contemporaine. On y parle de pornographie et de lendemains d’ivresse, de désirs et de regrets magnifiques. Cette compilation poétique, Rébecca Balestra l’a voulue «comme une nuit que l’on traverserait jusqu’au bout afin d’y voir plus clair, comme quand les yeux s’habituent au noir ».
Avec «Olympia», tout un chacun peut se retrouver. Éblouissant et tragique. Comme l’histoire de Gérard. Tout le monde connait un type comme Gérard, ce genre de gars au ceinturon tressé à la boucle métallique qui «saute des culs, lève bien trop le coude, descend de la Suze et se suicide aux peanuts».

«Olympia», un parcours poétique et musical.

Élan créatif romand

Rébecca Balestra fait partie de cet élan créatif féminin suisse romand où l’on retrouve notamment Marina Rollman, Tiffany Bovay-Klameth, Marion Duval, Agathe Hazard Raboud, Julia Perazzini et d’autres. La Genevoise, qui observe la vie des autres en prenant des notes sur son téléphone portable et son ordinateur, se reconnaît un certain manque de confiance en elle, qui l’a obligée à «beaucoup travailler». Même si déjà enfant, solitaire, Rébecca jouait du théâtre en se déguisant avec les vêtements trouvés dans la grande malle à costumes familiale. Sa grand-maman tenait le magasin Balestra costumes, son grand-papa écrivait des textes pour des revues. Comme sa maman, Pascale, bien connue du tout-Genève. «Ma maman m’a toujours soutenue dans ma voie», poursuit la comédienne qui aimerait que son spectacle, déjà salué par la critique, tourne dans les pays francophones.
Niveau actualité, Rébecca Balestra ne chôme pas. Outre le spectacle, elle sort un recueil de ses textes le 5 octobre prochain chez art&fiction, intitulé «Minuit Soleil». Son prochain spectacle? Ce sera un stand-up. Mais en attendant, la jeune femme a d’autres projets bien plus personnels. Enceinte – elle avoue avoir dû faire un peu agrandir ses tenues de scène – elle attend un bébé pour l’an prochain. Un petit garçon ou une petite fille avec, peut-être, les yeux verts et si clairs de sa maman.

Zoé Moretti

 

«Olympia», du 30 septembre au 3 octobre au théâtre Arsenic. www.arsenic.ch

«Minuit Soleil», à paraître le 5 octobre chez art&fiction, précommande sur www.artfiction.ch

GROS PLAN

Elle adore Genève «même sous le stratus»


Titulaire d’un Bachelor en théâtre à la HETSR, Rébecca Balestra a reçu le Prix d’écriture dramatique Studer/Ganz et, depuis 2013, elle multiplie les scènes. La Genevoise adore sa ville «même sous le stratus»: «Nous avons la chance d’avoir le lac, des vieux cafés comme Remor ou Cartier à Versoix». L’artiste se reconnaît «très casanière» et adore être seule. Sa passion ultime? Se rendre au théâtre. En solo, évidemment.