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Printemps à l’Ariana

Genève au rythme du bal viennois

8 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

La deuxième édition du Bal viennois de Genève – un événement digne de ceux qui illuminent chaque année l’ancienne capitale impériale – se déroulera le 6 mai 2022 au Musée Ariana, à Genève. Une soirée unique où, dans la plus pure tradition, le prestige de la valse s’allie à la diplomatie et aux affaires.

Que fait-on dans un bal viennois? On valse, bien sûr, mais pas seulement. Car si depuis le XVIIIe siècle, le bal viennois est l’expression de la joie de vivre et de l’élégance, il est aussi un lieu de réseautage apprécié notamment des diplomates et des hommes d’affaires.
Chaque hiver plus de 400 bals se déroulent à Vienne dont certains, comme le bal des cafetiers, le bal des confiseurs, le bal de la Philarmonie et le bal de l’Opéra de Vienne, sont de véritables institutions, célèbres dans le monde entier. On n’y accède que sur invitation; le smoking est «toléré», l’habit (queue-de-pie, dit «cravate blanche») souhaité pour les hommes, tandis que les robes de soirée sont indispensables pour les dames.
Pourtant, à ses débuts, la valse avait scandalisé et des voix s’élevèrent pour la qualifier d’immorale. Mais peu importe, les couples continuèrent de danser, encore et encore. Le Congrès de Vienne, qui se déroule dans la capitale autrichienne entre 1814 et 1815 afin de restaurer la paix en Europe après la chute de Napoléon, impose la valse comme une danse de salon. La rencontre au sommet s’était accompagnée d’un nombre tellement important de bals qu’il avait inspiré au prince de Ligne cette phrase restée fameuse: «Le Congrès ne marche pas, il danse». Il dansait certes, mais il parlait aussi beaucoup et l’histoire retient le rôle crucial des innombrables discussions diplomatiques tenues entre deux valses et deux coupes de champagne.
Si la tradition du bal viennois a largement conquis le monde, de New York à Paris en passant par Dubaï, Genève manquait à l’appel, la dernière édition d’un tel bal datant de 1937. Mais c’était sans compter avec l’engagement et l’enthousiasme de l’Association «Les Amis de la musique de bal viennois», qui œuvre à promouvoir les échanges culturels entre Vienne et Genève, cités de l’ONU et liées tant par l’Histoire (le général von Bubna a libéré Genève de l’occupation napoléonienne; Sissi est décédée chez nous) que par le statut de ville internationale.
«Nous nous sommes dit que tout le monde aimait s’amuser autour de la musique. Il n’y avait donc pas de raison pour que ce soit différent à Genève», explique en riant Brigitte Lüth, diplomate autrichienne et directrice du Bal viennois de Genève. Le pari est gagné et la première édition du bal se déroule avec quelque 200 participants au printemps 2019, dans les salons de «The Ritz-Carlton Hôtel de la Paix». Robes longues de couleur – le blanc est réservé aux débutantes -, queue-de-pie, smokings, musique, valses de Strauss, la tradition était respectée.

Une magie typiquement viennoise.

Bien plus qu’un bal

Elle le sera également le 6 mai prochain lors de la deuxième édition du Bal viennois qui se tiendra dans le cadre somptueux du Musée Ariana. Il faut à cet égard saluer l’ouverture de Sami Kanaan, conseiller administratif de la Ville en charge de la Culture, qui a permis au Bal viennois de trouver un écrin idéal.
Cette soirée, comme un joyeux tourbillon de bonheur, regroupera les traditions culinaires, protocolaires et artistiques dans une atmosphère féérique, mais relativement décontractée. «En Autriche, tout le monde va au bal, ce n’est pas un événement élitiste, souligne Brigitte Lüth. Les gens viennent pour s’amuser et se rencontrer, sans distinction de milieu ni de génération». Les visiteurs de Vienne sont souvent étonnés du nombre de magasins vendant des habits, des smokings ou des robes de cérémonie à des prix bien plus bas que chez nous, et de l’âge de ceux qui les portent, par exemple à l’opéra.

Genève internationale

Le Bal viennois sera aussi l’occasion d’un rapprochement entre la Genève locale et internationale avec la présence d’acteurs du monde politique, économique, diplomatique et culturel. L’art subtil de parler de tout et de rien, et pourquoi pas des affaires du monde, le tout en musique, bien sûr. «Notre monde a besoin de tiers-lieux pour incarner de nouvelles formes de multilatéralisme et fêter les biens communs en paix», estiment les organisateurs. L’Advisory Board du bal est présidé par l’Ambassadrice de l’Ordre de Malte Marie-Thérèse Pictet-Althann, elle-même d’origine autrichienne.
Notons que plusieurs écoles de danse sont associées à cet événement, ainsi que de jeunes musiciens. En outre, bien des participants non danseurs sont là, comme à Vienne, pour le dîner, le spectacle, l’ambiance et la convivialité.
Côté musique, l’orchestre entraînera les danseuses et danseurs dans une succession de valses et de danses de salon qui s’ouvrira par l’incontournable Alles Walzer. Toujours dans la grande tradition viennoise, le quadrille improvisé, ludique et enjoué avec tous les participants du bal, constituera le moment fort de la soirée avant la Brüderlei Fein, la dernière valse.
Il sera alors minuit passé et l’heure de quitter le bal avec un petit cadeau, la Damenspende, histoire d’emporter un petit morceau de magie viennoise avec soi.

 

Léa Tremblay