La Comédie de Genève est codirigée par Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer.

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Saison 2022-23

Engouement inaltérable pour la Comédie de Genève

6 Juil 2022 | Culture, histoire, philosophie

La première saison de la nouvelle Comédie était placée sous le signe de «Tout commence»: le théâtre sis à la gare des Eaux-Vives venait d’ouvrir ses portes au public en dépit des turbulences liées à la pandémie. En nombre, les spectateurs (37 000 sur l’ensemble de la saison) ont franchi le seuil de ce bâtiment à l’architecture emblématique. La codirection de Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer (NKDM) tire un bilan positif de cette première année: quatre fois plus d’abonnés par rapport au bâtiment des Philosophes, des spectacles affichant complet, 120 dates de tournée, trois créations à venir…En cette mi-juin, le dynamique duo annonce la seconde saison qui, comme son nom l’indique, «Tout vivre, avec intensité ou avec légèreté», promet bien des réjouissances.

Fondée en 1913 par Ernest Fournier, la Comédie de Genève a quitté son siège historique de Plainpalais pour le bâtiment des Eaux-Vives en août 2021. Quelque 6000 personnes, dont le Conseiller fédéral en charge de la Culture Alain Berset, ont assisté à l’inauguration du nouveau théâtre. «Ce week-end portes ouvertes fut l’occasion pour la population de découvrir le projet Skyline dessiné par les architectes Fres, et financé par la Ville et le Canton de Genève», relate Olivier Gurtner, directeur de la communication. Supervisée par la Fondation d’art dramatique, la Comédie de Genève est la première scène théâtrale genevoise. Dotée d’une grande salle (498 places) et d’une salle modulable (200 places), d’ateliers de construction, peinture et décors et de salles de répétitions, la Comédie de Genève est une ruche de création à même de monter des productions déléguées, des coproductions et d’accueillir des spectacles selon les standards européens. «Réunir les talents d’ici et d’ailleurs, les faire vivre sur nos deux scènes et devant le public, voilà une formidable réussite», s’enthousiasme Denis Maillefer, codirecteur.

Après avoir siégé dans le  quartier de Plainpalais pendant plus d’un siècle, l’institution a déménagé en 2021 dans  un théâtre flambant ne uf au cœur des Eaux-Vives.
Des ateliers où la créativité des enfants peut s’exprimer librement.

Une histoire comme on ne l’a jamais vue

La programmation 2022-23 n’est pas une succession de spectacles, mais un ensemble qui a été longuement réfléchi, «une architecture émotionnelle et artistique», comme aime le dire Natacha Koutchoumov. Ces perles qui forment la «collection» ont été sélectionnées par la direction pour leur absolue singularité, tout restant «accessibles» à tous. Parmi les lignes de force de cette saison: la famille, avec ce qu’elle comporte de chaleureux et de rassurant, mais aussi d’intrigues, de non-dits, de rivalités… Des trajectoires de vie et des destins que les acteurs, danseurs et musiciens s’apprêtent à interpréter avec brio.
La saison commence avec les spectacles de La Bâtie – Festival de Genève: The Sheep Song ou la métamorphose allégorique d’un mouton qui veut devenir un être humain, dont il éprouve la condition; Los años, l’histoire d’un homme vu simultanément à trente ans d’écart, de part et d’autre d’une cloison, véritable mur du temps; Encantado, une danse envoûtante aux accents brésiliens. La saison se poursuit avec Alexander Zeldin, qui déploie un récit intime, dans lequel se rencontrent trois générations (Une mort dans la famille); avec Platonov, pièce fleuve que le metteur en scène Mathias Brossard reprend en intégralité, au fil de l’eau et d’une pérégrination in situ; Les Frères Karamazov, chef-d’œuvre que Sylvain Creuzevault porte au théâtre, roman familial d’un monde qui se transforme et voit les fils se retourner contre le père; Pieces of a Woman, où Kornél Mundruczó et ses acteurs polonais éprouvent le temps de la reconstruction, celui qu’il faut à une femme pour rassembler les éclats d’une vie qui a explosé en plein accouchement.
Cette saison est aussi celle de la transmission et du souvenir. L’occasion de rendre hommage à Benno Besson, qui aurait eu 100 ans en 2022. Ce grand homme de théâtre a dirigé la Comédie de Genève et nous a fait rêver avec son Oiseau vert. L’Oiseau vert dont se souvient le Collectif BPM (Büchi, Pohlhammer, Mifsud). Et puis Molière, dont on fête le 400e anniversaire grâce à la troupe de la Comédie Française. Le metteur en scène flamand Ivo van Hove relit Le Tartuffe ou l’Hypocrite, cette pièce qui, à chaque période de l’histoire, fait résonner autrement notre monde.
Par ailleurs, la Comédie sortira de ses murs pour se produire dans divers lieux atypiques de la région. Hors plateau, Denis Maillefer retravaille Perdre son sac, sur un texte de Pascal Rambert, dans une version brute pouvant se jouer partout. Bien d’autres spectacles viendront rythmer l’année: une programmation plurisdisciplinaire et éclectique, portée par des artistes locaux et internationaux.

Pour enrichir tous nos sens

Rappelons-le, la Comédie de Genève est un théâtre d’utilité publique. C’est aussi un lieu de vie. En ce sens, certains espaces sont désormais accessibles durant la journée, ouverts aux pratiques spontanées dans les couloirs, danse hip-hop ou jonglage, lecture sur un banc… La Comédie deviendra ainsi un lieu où on peut déambuler, rêver, s’arrêter, échanger, au fil de ses envies.
Pour ceux qui hésitent à franchir le seuil du théâtre, l’action culturelle le «Pont des Arts» les accompagne à travers une série de séminaires, d’ateliers et d’animations. Des mercredis après-midi pour les jeunes, des soirées festives, des dimanches en famille… Quant au Bistrot de la Comédie, emmené par Benjamin Luzuy, l’adresse vient d’inaugurer sa terrasse sur l’Esplanade Alice-Bailly, un lieu serein sous les cerisiers. Cette année, deux offres d’abonnement sont disponibles: «Je sors», soit six spectacles à choisir dans la programmation ou «J’adore», un abonnement pour tous les spectacles de la saison.
Ne manquez pas le premier rendez-vous de la saison: «Enfin dimanche», le 28 août, une journée où Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer donneront un avant-goût des spectacles à venir. A inscrire dans vos agendas de la rentrée!

 

Véronique Stein