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Philosophie immobilière

Echappatoire infantile

1 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

Tout se dégrade, rien ne se contrôle, l’expérience part en vrille, les sciences multiples paniquent, les faiseurs d’opinion perdent leur rhétorique, leur grec et leur latin, les leaders artificiels leurs instruments de pilotage naturels, le soleil ses lumières et ses nuages; les milliardaires proposent de changer de planète, les démunis de partager équitablement les miettes, les constructeurs de cathédrales se lancent dans le bio-troglodyte, les Titanic torpillent et coulent les icebergs.
Un nouveau regard à positionner impose son urgence à l’humanité. Les pollutions multiples embrouillent les séquences en double hélice des ADN, les cellules souches à potentiel miraculeux sèchent en prières dans les bioréacteurs, les devins toxiques font salles combles dans les académies, Einstein, Platon, Churchill sont morts; reddition sans condition. Capitulation totale.
L’enfant, lui, résiste; contrairement à l’adulte, il sait faire les châteaux de sable. Cinq à dix ans, le nouvel âge des présidents de Conseil d’administration. Ce qui est irrationnel, impensable, inconcevable, pure folie et suicidaire, on va le faire; c’est formidable! Immobilisé en cul-de-sac dans l’impasse, l’adulte fatigue et n’existe plus; l’enfant prend son élan, ferme les yeux, et saute par-dessus. Les cases blanches et noires du jeu d’échecs, les rois, les reines, les pions, les pièces: tour, fou, cheval, tout bouge, en avant, en arrière, par en haut, par surprise ou de travers, en mouvement chaotique ou prévisible; le plateau d’entreprise et de conquête fait ses marées et ses vagues, ses incendies et ses érosions, ses déserts et ses tremblements de terre, ses pluies diluviennes et ses torrents de lave; la gestion de la cité et du territoire se complique grave. «T’inquiète, je gère», dit le garnement. Il prend la direction des affaires, met de l’optimisme dans le changement. La nouvelle pièce maîtresse, c’est le génie de l’enfant.

 

Pécub