L’expo «Art et Territoire» explore le PAV.

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Deux expos pour penser la ville de demain

27 Oct 2021 | Culture, histoire, philosophie

Dans le cadre du festival Explore, le bâtiment Sicli, à Genève, accueille jusqu’au 30 octobre l’exposition «Energies Désespoirs – un monde à réparer» et celle issue de la seconde édition des résidences «Art et Territoire». Deux réflexions sur le changement climatique, la transition énergétique et les évolutions urbanistiques.

Quelle sera la ville de demain? Comment la créer? Le programme du festival Explore aura proposé plus de 30 événements très différents où s’associaient aussi bien conférences, débats, ateliers, expositions que balades dans la nature.
A l’intérieur du bâtiment Sicli, ce ne sont pas moins de 120 peintures, de 1,5 mètre et plus de hauteur, qui accueillent les visiteurs. L’exposition «Energies Désespoirs – un monde à réparer» est née du travail d’une équipe à la croisée des disciplines constituée de l’agence d’architecture parisienne Encore Heureux, de l’Ecole urbaine de Lyon (EUL) et de l’artiste Benoît Bonnemaison-Fitte dit Bonnefrite. Peintre et dessinateur, il a déjà participé à plusieurs projets de graphure et de peintrisme dans la rue, au Centre Pompidou ou encore au musée du quai Branly, notamment.

Une source pour changer
le monde

L’exposition présente soixante œuvres formées de deux peintures mises dos à dos, l’une en noir et blanc, l’autre en couleur, soit d’un côté le désespoir, de l’autre l’énergie collective de reconstruction et de réparation. Chaque peinture s’accompagne d’un petit texte, avec des indications quantitatives et des mises en perspective. En dessous, par exemple, de la peinture d’une vache à l’air triste, en noir et blanc, figure le commentaire suivant: «L’élevage bovin émet du méthane, gaz à effet de serre 30 fois plus actif que le CO2. Produites pendant le processus de digestion des vaches, les émissions de méthane représentaient 16% des gaz à effet de serre en 2016. L’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique sont les régions du monde où l’augmentation est la plus importante».
Faisant écho à la réalité déprimante, l’exposition se veut une source positive et encourageante pour changer le monde, comme en témoignent les couleurs vives des peintures et, pour certaines, leur touche d’humour. Ainsi, sur un fond d’un bleu pétaradant, un œuf au plat est représenté dans une poêle en train de cuire sur un soleil radieux. L’œuvre est accompagnée de la mention: «A Marseille, le Présage est le premier restaurant à énergie solaire. Son four de cuisson est composé de miroirs concentrateurs de lumière conçus pour la cuisine collective».
Le visiteur est libre de déambuler à sa guise dans cette forêt d’œuvres, s’immergeant dans un «monde écrit et dessiné, qui lui permettra de se projeter à la fois dans des faits relatifs à l’anthropocène, mais aussi de s’ouvrir aux imaginaires moteurs des mondes d’après», précise l’équipe d’Energies Désespoirs.

Faisant écho à la réalité déprimante, l’exposition se veut une source positive et encourageante pour changer le monde. A gauche: «A Marseille, le Présage est le premier restaurant à énergie solaire. Son four de cuisson est composé de miroirs concentrateurs de lumière conçus pour la cuisine collective». A droite: «L’élevage bovin émet du méthane, gaz à effet de serre 30 fois plus actif que le CO2».

Exploration du PAV

Lors de l’inauguration des deux expositions, le 13 octobre dernier, Antonio Hodgers, conseiller d’Etat genevois chargé du Département du territoire, a livré sa vision de la ville de demain, en rupture avec «le capitalisme conquérant dont elle était le symbole au cours des deux derniers siècles». Il a ainsi plaidé pour une ville avec des espaces de vie et créatrice de lien social.
Une vision en perspective avec l’importante transformation urbaine que connaît le quartier Praille-Acacias-Vernets (PAV), sujet exploré par trois architectes en résidence – Jade Apack, Estelle Roussel et Léa Uguen, du laboratoire de recherche-action Lost&Find – qui se sont intéressées aux composants minéraux des environnements bâtis genevois.
Le résultat de leur travail mené pendant trois mois, de juillet à septembre 2021, met en avant la composition des sols des rues, des lieux de vie et de travail. D’où viennent les matériaux? Comment sont-ils extraits? Où va la matière évacuée lors du creusement? Des questions d’autant plus pertinentes que toute construction produit du gaz à effet de serre et des déchets.
Les matières utilisées sont présentées à l’état brut sous différentes formes, par exemple lorsqu’elles ont été récupérées avant traitement, dans le cas d’une déconstruction.

 

Léa Tremblay

Expositions
«Energies Désespoirs» et «Art et Territoire»
Jusqu’au 30 octobre 2021
Bâtiment Sicli
45, route des Acacias – 1211 Genève