Philosophie immobilière

L’argent ne pouvant acheter la reforestation des poumons perdus, la dépollution des sols et des océans, le réarmement des systèmes immunitaires déprimés, la réparation des mauvais choix sociétaux, la reconstitution des banquises arctiques, le sommeil des volcans réveillés, les vacances des pompiers pour absence prolongée d’incendies, la réapparition spontanée des espèces vivantes disparues, le re-tricotage de la couche d’ozone, l’envie d’apprendre par acceptation des erreurs humaines, il perd tout son sens et devient inutile. Que faire de cet argent désormais encombrant?
Le composter, le recycler en papier hygiénique, l’abandonner sur les aires d’autoroutes désertes, en faire de l’art spéculatif, le traduire en sujet de philosophie pour collectivités en manque de perspectives, en énergie fossile pour les centrales à charbon? Il y aurait tout plein d’autres options possibles, réalistes ou irréalistes, vertueuses ou frauduleuses; l’imagination ne manquant pas, la question cruciale pour une prise de décision ou pour départager les candidats sera: cela rapporte quoi? Retour à la case départ. L’obligation de résultat pathologique fait sa loi.
Une solution constructive existe malgré tout; transformer les valeurs papiers en briques. La petite monnaie, pièces d’or ou d’argent, en fer à béton. Pour l’eau de gâchage, les liquidités. Un nouveau ciment sociétal, ce qui divisait les riches d’entre les pauvres, les réunira dans un même habitat, le logement pour tous. Architectes, entrepreneurs, géomètres, artisans, banquiers, promoteurs, planches à dessin, pelles, pioches, boîtes à outils, panneaux solaires, clefs à molette, plomberie, taux, crédits, tout le monde d’accord, trax et pelleteuses, chantier libre. Ce que l’on en fait, comment on l’utilise, l’argent ne manque pas, on ouvre les coffres, on déstocke, on brade, on solde. De combien de briques t’as besoin, l’ami? Ne te bride pas, c’est gratuit.

Pécub