Des fleurs comme des pendentifs

Communément nommé Cœur-de-Marie, Cœur-de-jeannette ou Cœur saignant, le Dicentra (Dicentra spectabilis), de la famille des papaveracées, tout comme le célèbre pavot d’Orient, est originaire d’Amérique du Nord et d’Asie. Il est également présent en Sibérie, ce qui explique sa résistance naturelle aux hivers rigoureux. C’est aussi l’une des plantes qui ont particulièrement passionné les Mandarins du nord de la Chine, qui l’appelaient Dielytra et la cultivaient abondamment dans leurs admirables jardins.

Comme des gouttes d’eau
scintillantes

Incontournable également des jardins de curé et des mixed-borders à l’anglaise, le Dicentra doit son nom à la configuration caractéristique de ses fleurs. Elles révèlent de jolies grappes pendantes, comme autant de petits pendentifs en forme de cœur à la pointe duquel apparaît, par transparence, une sorte de goutte d’eau scintillante. Chaque fleur fécondée produit une gousse qui renferme des gaines noires et rondes entourées d’un mucilage blanc. Les feuilles d’un vert très doux, délicatement découpées, ajoutent encore à la beauté et au charme de cette fleur unique, rose pourpré ou blanche. Fleurissant de la fin du printemps jusqu’au milieu de l’été, cette très belle vivace à rhizome, résistante au froid, peut atteindre plus d’un mètre de haut et autant en étalement. Seul bémol: la belle est toxique, tant au niveau des fleurs que des feuilles.

Fleurissant de la fin du printemps jusqu’au milieu de l’été, le Cœur-de-Marie peut atteindre plus d’un mètre de haut et autant en étalement.

Culture

Plante de climat tempérée, si le Cœur-de-Marie est plutôt tolérant quant au type de sol, en revanche il n’apprécie pas vraiment la sécheresse. Par très grandes chaleurs, les feuilles peuvent disparaître mais les racines résistent et survivent aux hivers rigoureux. Le Dicentra affectionne aussi les situations relativement confinées, mais redoute les vents forts ou secs qui séparent les touffes et les rendent totalement inesthétiques. Pour bien se développer, le Cœur-de-Marie préfère un emplacement qui ne bénéficie que de quelques heures d’ensoleillement par jour. Evitez les endroits trop ensoleillés qui pourraient brûler le feuillage! Avant de bien s’installer, il peut laisser passer un certain temps, mais lorsque c’est fait, il est recommandé ne plus le déranger. Autrement dit, il doit être planté de façon définitive.

Espèces et variétés

Le genre comprend plus de vingt espèces annuelles ou vivaces. Le Dicentra formosa, avec un feuillage gris bleuté d’où émergent des tiges portant des fleurs allongées, en clochettes, rose foncé, de mars à octobre, fait partie des Cœur-de-Marie les plus petits. Le Dicentra cucullaria, ou dicentre à capuchon ou encore Culotte de Hollandais, porte du printemps jusqu’à fin juin, au milieu d’un feuillage finement découpé, vert gris bleuté, d’amusantes petites fleurs blanches à lèvres jaunes, dont la forme rappelle les bonnets d’ânes. Le Dicentra scandens, est un Cœur-de-Marie grimpant. Son abondant feuillage, fin et légèrement maculé de gris blanc, s’agrippe à tout support et porte tout l’été de jolies fleurs jaune clair. Le Dicentra eximia, Cœur-de-Marie à feuilles de fougère vert glauque d’où apparaissent, accrochées au bout de longues hampes florales, des fleurs d’un beau rose profond, a son charme. Dicentra ‘Burning Hearts’, Dicentra cœur brûlant, une obtention japonaise assez récente, a hérité de son parent Dicentra eximia une nature assez vigoureuse. Cette variété, qui est brevetée, se distingue par le contraste étonnant entre les fleurs presque rouges, à l’extrémité inférieure plus claire, et le feuillage, dense, compact, très découpé, presque plumeux, de couleur gris-argenté. Sa culture en bac est possible et facile, pour autant de ne jamais laisser la terre se dessécher.

Denise Filippi