Thème «Une vie de Covid», dessin de Kroll (Belgique).

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culture

Des dessins pour la liberté de la presse

4 Mai 2022 | Culture, histoire, philosophie

Le Prix international du dessin de presse «Kofi Annan Courage in Cartooning Award» 2022 a été décerné le 3 mai à Genève à deux dessinateurs d’Europe de l’Est. Parallèlement, une exposition comprenant des œuvres de dessinateurs du monde entier se tient sur le quai Wilson jusqu’à la fin du mois.

Créé il y a dix ans, le Prix international du Dessin de presse prend désormais le nom de «Kofi Annan Courage in Cartooning Award». Il a été remis pour l’édition 2022 par les journalistes Maria Ressa et
Dmitry Muratov, lauréats du Nobel de la paix 2021.
«Jusqu’en 2018, explique le dessinateur
Patrick Chappatte, président de la Freedom Cartoonists Foundation, le trophée était remis des mains de notre regretté président d’honneur, Kofi Annan, l’ex-secrétaire général de l’ONU, qui, avec le dessinateur Plantu, inspira cette fondation. En sa mémoire, et pour saluer les 20 ans de son Prix Nobel, notre Prix s’appelle désormais le Kofi Annan Courage in Cartooning Award».
Le Prix, doté d’un montant de 15 000 francs et décerné tous les deux ans, a récompensé l’Ukrainien Vladimir Kazanevsky et le Hongrois Gábor Pápai.
Agé de 71 ans, Vladimir Kazanevsky, réfugié aujourd’hui avec sa femme dans la ville slovaque de Presov, continue de dessiner, mettant en scène Poutine en action, sur un tank ou à la proue du Titanic. «Les autocrates et les dictateurs ont peur de nos cartoons et ils ont raison, dit-il, parce que nos dessins sont des armes en marche». Vladimir Kazanevsky conçoit son travail comme un acte de résistance.
En Hongrie, pays classé en 2021 à la 92e place du classement mondial de la liberté de la presse par Reporters sans frontières (RSF), Gábor Pápai travaille au journal «Népszava», le dernier quotidien d’opposition encore publié à Budapest. Malgré un environnement toujours plus menaçant, Gábor Pápai continue à observer et à dessiner la vie politique de son pays.

Des coups de crayons du monde entier

La remise du Prix s’accompagne de l’exposition «Dessins pour la liberté», composée de 60 dessins permettant de découvrir le travail des deux lauréats et de plusieurs dessinateurs du monde entier.
L’exposition s’articule autour de trois thèmes d’actualité: la guerre en Europe, appelée à bouleverser l’ordre mondial, une vie de Covid et le climat, c’est chaud!
La crise de la Covid a eu un impact particulièrement grave sur le travail des dessinateurs confrontés à l’autoritarisme, l’intolérance et le dogmatisme de certains régimes. Plusieurs alertes ont été lancées en faveur de dessinateurs de presse maltraités ou censurés dans plusieurs pays européens, dont la Hongrie. Au Bangladesh, en Bolivie, en Chine, au Pérou, en Ouganda, des dessinateurs ont été arrêtés, menacés de mort, victimes d’attaques violentes sur Internet ou licenciés à cause de leurs dessins sur la pandémie.
En noir et blanc ou en couleurs, sur un ton sérieux ou humoristique, chacun des dessins raconte le monde.

 

Virginia Aubert

Vladimir Kazanevsky (Ukraine).
Gábor Pápai (Hongrie).
Thème «La guerre en Europe», dessin de Chappatte.
Thème «Le climat, c’est chaud», dessin de Tony (Suisse).