Théâtre musical

Spectacle inédit au Conservatoire de musique et théâtre de Genève: «La bonne soupe de Ludwig van B.» est une création originale réunissant le comédien Philippe Cohen et les musiciennes classiques Camille et Oriane Joubert. Le résultat? Une scénographie théâtrale surprenante, où l’on replonge dans la vie et l’œuvre du grand compositeur.

C’est dans le superbe écrin entièrement rénové du Conservatoire de Musique de la place de Neuve que va ressusciter Ludwig van Beethoven à l’occasion d’un spectacle d’un genre particulier: le théâtre musical. Sur la scène, deux virtuoses classiques, Camille Joubert au violon et sa sœur Oriane au piano. Frappe alors à leur porte un journaliste chargé d’effectuer – pour une chaîne de télévision – un «douze minutes» sur la vie et l’œuvre du grand compositeur allemand.
«Le spectacle devait avoir lieu normalement en 2020, en hommage aux 250 ans de Ludwig van Beethoven», indique Gaspard Boesch, metteur en scène. Il n’a pu avoir lieu pour cause de … pandémie. Dans le rôle du reporter «un peu désabusé», le comédien Philippe Cohen qui a choisi – enfin presque – de se plonger dans la vie de ce génie de la musique. Peu à peu, le journaliste se retrouve ensorcelé par le musicien, au point d’en arriver à se prendre pour lui dans une scénographie théâtrale surprenante où Beethoven apparaît dans une série de projections et de procédés scéniques inattendus.

Sonates pour piano et violon

Les sonates pour piano et violon constituent le support d’un parcours dans la biographie du compositeur atteint de surdité à l’âge de 27 ans. Philippe Cohen se livre à une enquête sur Beethoven et ses œuvres, interprétées en direct par les sœurs Joubert sous la mise en scène de Gaspard Boesch.
Puissance créatrice, jeunesse intense, amour éconduit, handicaps physiques: entre passions, inventions et difficultés, le spectacle dévoile un personnage étonnant, explosif et amoureux. De la musique avant toute chose, certes, mais avec authenticité, condition posée par maître Ludwig quand il déclare: «Seuls les cœurs purs font de la bonne soupe…». La représentation convient aussi bien aux amoureux et spécialistes du compositeur qu’à ceux qui ne le connaissent pas ou peu et se retrouveront sublimés par la musique, le scénario et la réalisation scénique.

Duo Soror (les sœurs Joubert) et Philippe Cohen.

Dépoussiérer les codes

A l’origine de ce spectacle, qui ouvre la 26e saison de la Compagnie Confiture, la rencontre entre Oriane Joubert et Philippe Cohen. «Je voulais dépoussiérer les codes du concert classique, avec des professionnels expérimentés du théâtre comme Philippe et Gaspard», explique la virtuose qui est aussi professeur de piano au Conservatoire de musique et théâtre de Genève.
Les deux compères genevois, qui ont souvent allié l’art de la comédie aux œuvres musicales, ont répondu avec enthousiasme à l’invitation, afin de créer un spectacle pluridisciplinaire. Un vrai concert classique magnifié par les images et projections de Gaspard Boesch et par le texte, les jeux et le mime de Philippe Cohen relatant les épisodes passionnés et enflammés de la vie du compositeur.
On y retrouve un homme, une force de la nature qui s’est peu à peu fermée au monde en raison de sa surdité. «En réalité, son handicap a certainement provoqué une boulimie créative chez Beethoven, car le nombre de ses œuvres n’a jamais cessé d’augmenter», ajoute Philippe Cohen. Beethoven est mort à 56 ans, peut-être empoisonné par le plomb contenu dans le vin autrichien qu’il aimait tant. Il va ressusciter du 1er au 4 novembre dans la sublime salle Liszt du Conservatoire de musique et théâtre de Genève.

Valérie Duby