Bal viennois: sur un air de Strauss

Un Bal viennois à Genève? C’est le pari un peu fou que Brigitte Lüth, diplomate autrichienne et fondatrice de l’association «Les Amis de la musique du Bal viennois», a relevé en organisant une première édition en 2019. Un succès! L’an passé, après l’interruption due à la pandémie, nouveau carton. Cette année, le Bal viennois attend quelque 300 personnes. «A Vienne, tout le monde va au bal, explique Florence Regad, responsable de la communication du Bal viennois. Nous avons conservé le même état d’esprit pour notre Bal, qui est transgénérationnel, genevois et cosmopolite, avec la présence de plusieurs diplomates de la Genève internationale».

Car si l’on vient au Bal viennois pour danser et se laisser entraîner par la musique, on y vient aussi pour se rencontrer et – pourquoi pas – faire des affaires. Acteurs du monde politique, économique, diplomatique et culturel, tout le monde est là pour échanger. «Les invités jouent vraiment le jeu, ils se parlent facilement. Les Viennois ont l’habitude de parler, ils sont très ouverts. Notre monde a plus que jamais besoin de tiers-lieux pour incarner de nouvelles formes de rencontres et fêter les valeurs communes en paix». Il y a en outre une grande logique à ce que les deux villes dotées d’organisations internationales cultivent des liens.

Chorégraphies minutieuses

Dans la grande tradition viennoise, le Bal sera ouvert par une chorégraphie exécutée par dix-huit couples de débutants, de jeunes gens âgés entre 16 et 25 ans. «Les débutants et débutantes viennent de tous les horizons grâce au réseautage entre les jeunes, mais nous avons été soutenus par l’Ecole allemande de Genève et l’Ecole Moser, précise Florence Regad. Certains jeunes font déjà de la danse, mais d’autres sont débutants et sont venus pour la magie de la soirée».
Après le casting, les débutants sélectionnés ont dû s’entraîner lors de plusieurs répétitions sous l’égide d’Audrey Etter et de Pierre-Yves Richoz, vice-champions suisses du Championnat «10 danses» 2022, afin de maîtriser des chorégraphies minutieuses qu’ils présenteront au son de l’orchestre Ballhausorchester Wien, emmené par plusieurs musiciens de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR).
La soirée sera aussi rythmée par la pianiste Inga Feter et la soprano Natalie Anston, qui forment le duo genevois «Piano con Voce», les prestations de l’Europaballett Sankt Pölten, ainsi que par l’association des Fêtes costumées et le DJ Ms Joan.

Un code très étudié

Robes longues, gants de soie et habits queue-de-pie ou smokings sont de rigueur lors du Bal viennois. Les débutantes se présentent dans une robe de couleur blanche – obligatoire – de leur choix. «La plupart des débutantes louent leur robe et nous avons mis en place des partenariats avec des boutiques spécialisées. Il s’agit de vraies robes de bal réalisées par des créateurs, explique Florence Regad. La tendance est aux modèles épurés, mais il y a aussi des robes de princesse». La robe est accompagnée d’une indispensable paire de longs gants blancs en soie. Les débutantes arborent un chignon – également obligatoire – généralement discret, mais tout dépend du style de la robe.

Du côté des invitées, en revanche, toutes les couleurs de robes sont permises, formant au final un tableau élégant et joyeux sous les lustres du Musée Ariana. Petit conseil: les chaussures doivent absolument être confortables et mieux vaut éviter les modèles à semelles compensées qui entravent le plaisir de la danse. Quant aux hommes, ils portent un queue-de-pie (cravate blanche, c’est-à-dire nœud papillon blanc), un smoking (cravate noire) ou le costume national de leur pays (avis aux Armaillis!). Une option aussi possible pour les femmes et due au respect des traditions hongroises à l’époque de l’Empire. Moment fort du Bal viennois, le quadrille entraînera tout le monde dans une danse enjouée avant la Brüderlei Fein, la dernière valse. Avant de partir en rêvant déjà à la prochaine édition qui pourrait bien, un jour, se tenir au Grand Théâtre.

Virginia Aubert