Philosophie immobilière

Il était une fois des écureuils heureux, qui habitaient les arbres creux. Jouant à cache-noisettes, la cavité portes-ouvertes offrait gîte et couvert aux roux rongeurs à belles queues. La belle vie en forêt, pour les hiboux et les chouettes, les Roméo et les Juliette. De Shakespeare en Hamlet, de vieux chênes en jeunes hêtres, les arbres étaient beaux, costauds et nombreux. Certains penseurs, certains penchés, certains tout droits, certains courbés. Tous ayant la même sève d’amour et d’amitié, en leurs titres et fonctions, en clairière ou en lisière, nul n’avait alors connaissance, de l’allumette ou du mégot de cigarette.
A leurs pieds, un public de champignons, en perpétuelle standing ovation, l’alerte pompiers en cas de danger. Salut vieille branche, comment ça va? Tronc bien merci, et toi mon beau sapin, toujours à pousser tes aiguilles vers le soleil? A chanter tes louanges aux clairs de lune? A faire tes vœux au comptage des étoiles filantes? Ciel, le bonheur d’y vivre et d’y faire des petits. Des dizaines, des centaines, des milliers, des milliards d’enfants rêveurs qui ne deviendront jamais adultes. De petits enfants qui ouvriront les fenêtres sur l’existence, aux volets de cœur, aux volets de trèfle.
Le sous-bois était enchanté, les grillons connaissaient la chanson, les taupes faisaient causette avec les lézards et les fourmis, la fontaine arrosait le sol de fables nourricières, les araignées avaient mis leurs toiles sur pause. Le monde merveilleux et enchanteur des poètes contemplatifs, des esprits durables et constructeurs, des optimistes jamais râleurs, des artisans de paix et d’avenir. Le changement climatique est une chance à saisir. Tout réinventer, tout réinitialiser, en beaucoup mieux, en plus imaginatif, en plus coloré, en plus jouissif, en plus humain, en plus animal, en plus végétal. Vive la révolution. Aux arbres, citoyens!

Pécub