Il lance un concours

Le comédien Antoine Maulini ajoute une corde à son arc en lançant à Genève, dans le cadre de ses soirées «Le Cartel de l’Humour», un concours pour les jeunes humoristes. Rendez-vous les 12 et 13 novembre aux «4 Coins» à Carouge.

Antoine Maulini est comédien. Mais aussi humoriste, danseur, chorégraphe, champion du monde de salsa cubaine en 2008 et 2009, ancien député Vert au Grand Conseil genevois. C’est dire à quel point Antoine ne s’arrête jamais. Ou presque. «Tout d’un coup, je me transforme en ours. Je me mets au lit, je baisse les stores et je ne veux plus voir personne. C’est tout ou rien».

Un coup de foudre pour
Le Roi Lear
Un trait de caractère de ce talentueux et très sympathique comédien au parcours atypique: «Je suis hyperactif et à haut potentiel, alors je m’ennuyais très vite à l’école. Je me suis fait renvoyer de toutes les écoles, pas à cause de mes résultats, mais de mon absentéisme. A 7 ans, mon père m’a emmené voir «Le Roi Lear» de Shakespeare. A cet âge et vu la durée de la pièce, ça pouvait me dégoûter ou me passionner. J’ai été passionné. En fait, être comédien a toujours été une évidence pour moi, mais pas forcément pour les autres. Mes parents m’ont soutenu, mais ils auraient préféré que j’aie un diplôme. J’ai essayé, jusqu’au jour où j’ai décidé de suivre ma voie et de m’inscrire au Conservatoire d’art dramatique de Genève».
Il n’a pas encore fini le Conservatoire que son talent est déjà remarqué et qu’il est contacté pour rejoindre la Revue genevoise, où il va se produire pendant sept ans. «C’était mon premier engagement et j’avais un contrat de comédien, danseur et chorégraphe, alors que d’habitude les acteurs de la Revue sont seulement engagés comme comédiens. Depuis, je n’ai plus arrêté, sauf pendant la Covid. C’était vraiment une claque».

Vingt-cinq personnages à lui
tout seul
La pandémie stoppe net les représentations du «one man show» d’Antoine Maulini intitulé «#Karma», où le comédien donne vie à vingt-cinq personnages hauts en couleur, parmi lesquels un travesti brésilien et un médecin des HUG. Un grand écart qu’Antoine maîtrise avec brio. «Je raconte tout ce qui m’est arrivé, dit-il. C’est la loi de Murphy expliquée à ma façon». Ce spectacle est aussi le premier en Suisse à être doublé en direct dans la langue des signes. «Je voulais rendre l’humour accessible aux sourds et aux malentendants, dit-il. L’idée m’est venue en assurant le doublage de David Raboud, un des présentateurs de l’émission «Signes» de la RTS».

«Je n’accepte pas mon abandon»
Une démarche inclusive, bien dans le tempérament d’Antoine Maulini. «Je suis très impulsif et je ne supporte pas les injustices. Je suis né au Brésil, mais j’ai été adopté à l’âge d’un an par la famille Maulini, mes parents. Je n’accepte pas mon abandon, mais avoir été adopté est une chance. J’ai, par exemple, des soucis de santé liés à ma génétique et si je n’avais pas été adopté, je serais aujourd’hui très malade. J’ai le sentiment que si je peux faire quelque chose pour les autres, je dois le faire. J’ai aussi eu l’exemple de mes parents, tous les deux ultra-engagés. Ma mère a fait partie des fondatrices des Verts et mon père, Pierre Maulini, était président du Conseil municipal de Carouge».
C’est cette envie d’aider qui a incité Antoine Maulini à lancer, dans le cadre de ses soirées du «Cartel de l’Humour», un concours dédié aux jeunes humoristes, suivi le lendemain d’un plateau d’humoristes confirmés. «J’avais remporté en 2017 la finale du concours «Scène ouverte» au festival Morges-sous-Rire et cette victoire a boosté ma carrière, explique-t-il. J’avais envie de faire quelque chose pour les autres». D’autant plus que côté humoristes, les talents ne manquent pas. «Il y a trois ans que je fais des «one man show» et, à 33 ans, je suis déjà vieux. Il y a plein de jeunes qui viennent de Genève, des cantons de Vaud et du Valais, mais aussi de Lyon».
Le concours présentera douze humoristes, chacun disposant de six minutes. Le vote du public permettra de sélectionner cinq candidats qui participeront, l’année prochaine, à la finale organisée au Point Favre, à Chêne-Bourg. Chaque humoriste aura dix minutes pour se produire devant un jury composé de professionnels reconnus, parmi lesquels Coline Carteau, la directrice artistique du «Fridge Comedy Club» de l’humoriste Kev Adams, à Paris.
Quant à la soirée du 13 novembre, elle regroupera, autour d’Antoine Maulini, le Genevois Bruno Peki et les Françaises Marine Ella et Nash.

Léa Tremblay