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Anne-Joëlle Nardin, nouvelle directrice du Musée Barbier-Mueller

5 Avr 2023 | Culture, histoire, philosophie

Après 35 ans d’engagement passionné à la direction du musée genevois – ce joyau privé des arts premiers, Laurence Mattet a pris sa retraite, passant le flambeau à son adjointe. Anne-Joëlle Nardin aura pour mission la continuité, cette imperturbable ligne de force qui caractérise le musée de la famille Barbier-Mueller depuis 1977.

Sa succession en toute discrétion lui ressemble. Anne-Joëlle Nardin est toute en pudeur, délicatesse, intériorité. Toutefois, si l’annonce publique de sa nomination a été retardée de quelques semaines, c’est en raison de la disparition brutale, le 25 janvier dernier, de Thierry Barbier-Mueller, l’un des deux patrons et propriétaires du célèbre musée de la Vieille Ville.
L’historienne de l’art connaît parfaitement l’institution. En 2005, à peine son Master de l’Université de Genève en poche, la jeune Neuchâteloise est engagée par Jean Paul Barbier-Mueller pour s’occuper de l’accueil des visiteurs et des amis du musée. La débutante va vite se retrouver comme adoptée. Laurence Mattet lui confie des rédactions d’articles, traductions et relectures de publications, notamment la substantielle revue annuelle «Arts & Cultures». En 2012, Anne-Joëlle devient son adjointe. Elle veille aujourd’hui sur la plus importante collection privée d’arts traditionnels d’Afrique, d’Indonésie, d’Océanie et d’Amérique précolombienne, sans oublier les civilisations de l’Antiquité.

Barcelo et Armleder

Tandis que la famille entend conserver le musée, c’est désormais à la nouvelle directrice qu’il incombe de perpétuer les valeurs et les engagements de l’institution, tels que les ont définis leurs fondateurs, Monique et Jean Paul, puis leurs fils Stéphane et le regretté Thierry. «Toujours disponible, toujours enthousiaste, Laurence Mattet m’a transmis son sens de l’humanité, son intérêt pour les gens, relève Anne-Joëlle Nardin. Son énorme force de travail est un exemple inspirant». Fidèle à l’ADN du musée, l’évolution dans la continuité s’inscrit donc au programme. Initié il y a quelques années, le dialogue inédit entre objets d’arts lointains et création contemporaine continuera au fil des prochaines expositions. Dès octobre 2023, l’une sera organisée avec le travail du peintre, sculpteur et céramiste catalan Miquel Barcelo sur le thème de la scarification. En juin 2024, une autre sera centrée autour de l’artiste genevois John M. Armleder. La directrice souhaiterait aussi mettre en lumière la collection de Josef Mueller, dont l’œil d’esthète a permis de réunir des pièces iconiques qui composent le cœur initial des trésors du musée.

Retraite active pour Laurence Mattet

La retraite reste active pour la charismatique Laurence Mattet qui continue de chapeauter la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller créée en 2010, avec le soutien des sociétés horlogères Vacheron Constantin puis F.P. Journe, pour financer des études anthropologiques de peuples sans tradition écrite. S’il existe depuis longtemps des études sur les groupes ethniques les plus importants, l’objectif est de sauver la mémoire de cultures restées méconnues, par le biais de programmes de recherche sur le terrain et de publications pointues, majoritairement diffusées dans les bibliothèques académiques. Préalablement cadre administrative dans l’industrie, entrée au musée à 29 ans sans formation en histoire de l’art, nommée directrice quatre ans plus tard, rien ne prédestinait Laurence Mattet à un tel parcours si ce n’est Jean Paul Barbier-Mueller, le fondateur du musée, qui lui fit confiance et deviendra son mentor.

 

Viviane Scaramiglia

Anne-Joëlle Nardin,
la nouvelle directrice.
Laurence Mattet continue de chapeauter la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller.