A bord de La Revue genevoise

La Revue: des piques, des griffures, des vannes en rafale depuis 1892, toujours au même endroit de la rue Carouge (autrefois la Brasserie de l’Espérance devenue depuis le Casino-Théâtre) et toujours avec la même pêche. Novatrice, l’édition 2024 met à flots une ambiance de comédie musicale sur une coque de navire en guise de plateau: un format encore jamais exploré, avec à chaque escale un tableau sur les travers de l’actualité genevoise, suisse et internationale. De quoi passer à la moulinette les sujets politiques et sociétaux qui ont marqué l’année: les politiques de petits copains, le PAV de Hodgers, le nouveau tunnel du CERN, l’Eurovision, la montée de l’extrême droite, l’affaire Gérard Depardieu, le mouvement #MeToo ou les élections américaines.
Sous les plumes affûtées de Claude Inga-Barbey, Laurent Deshusses et Pierre Tenthorey, l’écriture se veut plus contemporaine et percutante que jamais dans ce spectacle détonant qui conjugue théâtre, chorégraphie et chansons. Au total, dix-neuf tableaux, seize artistes en scène, une vingtaine de musiques arrangées par Nicolas Hafner et 25 musiciens, une création de plus de 200 costumes, une centaine de pros à tous les postes…

Les comédiens. Claude-Inga Barbey au centre, Virginia Sirolli à sa gauche.

Les danseuses et danseurs de la nouvelle édition.

Les derniers sont les premiers

Sur scène, on retrouve des artistes connus et appréciés du public, accompagnés aussi d’un nouveau casting. Voilà donc Virginia Sirolli, en meneuse de revue, les Abruzzes et Genève dans le sang et tout Broadway dans la voix, et le feu de Molly Hirt, chorégraphe anglo-helvétique qui intègre la troupe avec le challenge de faire danser tous les comédiens à travers plein de styles différents. Depuis quelques années, La Revue est un tremplin pour les jeunes artistes. Et cette année, des nouveaux talents, il y a en a à tous les niveaux du spectacle, sur les planches et en coulisses. De l’écriture à la scénographie, des costumes à la technique, du comédien à l’artisan, les anciens forment la relève.
Pour Frédéric Hohl, le producteur aux manettes avec son équipe depuis 2021, «il est temps de préparer activement la retraite. Les derniers venus seront les premiers. Notre ambition est que ces talents prometteurs puissent prendre les rênes de la Revue d’ici 2029». En attendant, la nouvelle édition fait preuve d’un diable d’enthousiasme et d’une insolence renouvelée. De quoi élargir une assistance qui ajoute aux spectateurs acquis de longue date un jeune public avide de trépidante actualité. De quoi se gondoler avec cette croisière qui lâche ses amarres dès le soir du 10 octobre et jusqu’au 31 décembre prochain.

Viviane Scaramiglia