«Plus il y a de navigateurs suisses au large, mieux c’est pour la visibilité et la reconnaissance de notre sport», affirme Anaëlle Pattusch.

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culture & nature - Il ne manque que des sponsors!

A 20 ans, Anaëlle Pattusch rejoint le groupe d’élite de la course au large en Figaro 3

4 Oct 2023 | Culture, histoire, philosophie

Elle se voyait partir le 24 septembre des Sables d’Olonne pour la Guadeloupe, avalant 7500 kilomètres en solitaire à bord de son Mini 6,50 pour la Mini Transat. Patatras! Elle se retrouve 2e en liste d’attente. Parce qu’il n’y a que 90 places dans le port de Santa-Cruz de La Palma, dans les Canaries, où la Mini Transat fait escale, Anaëlle Pattusch, 92e sur la liste des inscrits n’a pas pu prendre le départ.

Qu’à cela ne tienne. A vingt ans, la benjamine des navigatrices suisses au large, native de Versoix, a décidé de sauter la marche et de viser la Solitaire du Figaro en août 2024. «J’ai fait la connaissance de la navigatrice britannique Samantha Davies, qui a fait trois fois le tour du monde à la voile et a pris deux fois le départ du Vendée Globe. Elle m’a aidée à entrer dans le championnat élite de course au large du Figaro solo», raconte Anaëlle Pattusch. A seulement 20 ans, elle se confronte à des Alexis Loison fort de 17 participations ou à Tom Dolan fort de ses six courses.
Le prérequis pour la solitaire du Figaro est d’avoir fait au moins deux courses en solitaire du championnat élite, explique la jeune navigatrice. Entraînée par Tanguy Leglatin, elle s’y prépare actuellement sur le bateau loué à Samantha Davies, via le pôle d’entraînement de Lorient Grand Large. Une vraie équipe, une nouvelle échelle à laquelle il ne manque plus qu’un préparateur professionnel.

Une nouvelle trajectoire

Pour la Mini Transat, elle avait effectué les 2000 milles de régate requis et les 1000 milles en solitaire, de Roscoff aux îles Scilly, puis en Irlande et enfin vers l’île de Ré, en seulement sept jours grâce à un choix heureux de fenêtre météo. Elle avait enfin effectué les entraînements planifiés. La voilà projetée à toute allure sur une nouvelle trajectoire.
«Bien sûr que je suis déçue pour la Mini Transat, mais mes deux ans de préparation m’ont permis de poser les bases sur lesquelles j’aborde la Figaro», explique-t-elle. Durant ces années, elle a appris la voilerie, les réparations du bateau, la gestion du sommeil et des repas, et bien sûr à faire marcher son monocoque. Le mal de mer, par contre, ne l’a pas quittée. «Il y a un simulateur à Brest où l’on met des lunettes 3D pour apprendre à gérer le mal de mer: on en sort en vomissant», raconte-t-elle non sans humour. Elle s’en tient donc aux médicaments que son médecin lui a conseillés lorsqu’elle lui a posé la question.

Objectif: boucler le tour de table d’ici fin 2023

Mais comme un électron du CERN, que l’on accélère dans un petit anneau avant de le lancer dans la grande boucle du LHC, les projets d’Anaëlle changent d’échelle et avec eux son besoin en soutien et en sponsors. «Idéalement, je voudrais boucler mon tour de table d’ici la fin de l’année, afin de pouvoir me concentrer sur la navigation et l’entraînement», explique-t-elle. «J’essaie de monter un projet suisse, il y en a peu et je veux me démarquer en cherchant des soutiens dans mon pays.»
Seule femme suisse sur le circuit Figaro actuellement, la plus jeune qui n’ait jamais participé à ce circuit, issue d’une nation passionnée par la voile, mais pas d’une nation de mer, Anaëlle Pattusch se trouve à devoir convaincre ses prospects de l’intérêt et de la visibilité associés à la course au large.
«Alan Roura, Mathis Bourgnon, Elodie et Justine Mettraux, maintenant moi, nous ne sommes pas en concurrence. Je crois au contraire que plus il y a de navigateurs suisses au large, mieux c’est pour la visibilité et la reconnaissance de notre sport», affirme la jeune femme. Alors, avis aux intéressés: jeune navigatrice prometteuse cherche soutiens sérieux!

 

Cesare Accardi

Anaëlle Pattusch.

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