Stéphane Gros: au plaisir du vin!

Quel parcours! Quelle vie qui ne ressemble à aucune autre et qui ne respire que le parfum de la liberté! Stéphane Gros est né dans les vignes, dans son domaine familial de la campagne genevoise; il y est toujours après en être parti pendant quelque temps pour mieux y revenir très vite pour son plus grand bonheur. Et comment pourrait-il aujourd’hui vivre ailleurs et autrement, étant entendu que tous les aficionados de ses vins ne le laisseraient jamais s’éloigner?
Le carnotzet où il reçoit ses amis et ses clients, le seconds devenant immédiatement les premiers, est une sorte de musée drôle et incohérent, sympathique et joyeux, qui célèbre la joie de vivre et le bonheur. Ce qu’on y trouve? Des moments de vie et de plaisir! Une copie d’une statue de Jeff Koons, des cannes de hockey sur glace d’un champion du Genève-Servette, un poivrier à la culture ancienne, des maillots venus d’ici ou là, des gravures dont l’origine se perd dans la nuit des temps…
Mais où est le vin, dira-t-on? Eh bien il est nulle part et partout! Le vin est çà et là, c’est beaucoup plus qu’une bouteille ou une infinité de bouteilles. C’est un esprit qui enveloppe tout, les émotions, les sentiments, les goûts. «Allez dans le caves et dégustez ce que vous allez acheter, conseille Stéphane Gros en riant. Derrière un vigneron, il doit y avoir une cave, avec des barriques et un pressoir». Ce n’est pas toujours le cas… Très proche des milieux artistiques, il demande aussi à des écoles d’art de créer ses étiquettes.

De la Bourse à la terre

Les installations de Stéphane Gros sont impressionnantes, on les visite un peu intimidé, en se disant que tout cela est trop beau. On se rend compte alors de tout ce qu’il y a derrière une bonne bouteille, tout ce travail, cette expertise, cette obstination, cet amour. Cette perfection dans la production et le traitement du vin, de la grappe de raisin sur la vigne jusqu’à la bouteille!
Stéphane Gros a eu une carrière très spéciale. Il a fait une Maturité latine au Collège de Genève, puis des études en relations internationales, travaillé pendant plus d’une année dans une banque privée, participant alors aux criées de la Bourse à Genève… Mais il a choisi finalement la terre et pas le virtuel! «Tout le monde me demande tout le temps des trucs, dit-il en riant. Mon domaine est comme une auberge espagnole. On me demande un barbecue, une scie circulaire, une souffleuse, un chauffage. Je suis sur le terrain du réel. Je suis toujours prêt à aider les autres, car j’ai un grand principe: tout ce qui n’est pas donné est perdu. Il faut savoir transmettre». Vigneron et lettré, Stéphane Gros cite volontiers La Fontaine, qui enseignait la sagesse de la vie et de la tradition.
Stéphane Gros a un sacré tempérament et ses vins, tout comme lui, ont de la force et de l’allure. Le mieux est de les découvrir au domaine, dans ces soirées de dégustation qui rythment les semaines.

Robert Habel