chevaliers du terroir
Faut pas jouer les Chefs, quand on n’a pas le goût…
Bien sûr, il y a les Grands. Philippe Chevrier, à Châteauvieux, Franck Giovannini à Crissier, Mathieu Crozeau au Chat Botté, et quelques autres en Suisse romande ou un peu plus loin. C’est divin, on découvre de nouvelles saveurs jusque-là inconnues, on est en extase… C’est la fête, mais la fête n’est pas notre quotidien, c’est plutôt l’exception.
Notre quotidien, ce sont nos déjeuners de chaque jour, nos petites sorties entre amis, un soir d’été sur une terrasse ou dans une brasserie au style «Belle époque», que le patron a su préserver, envers et contre quelques designers bien intentionnés, qui voulaient tout moderniser.
Et parfois, dans notre quotidien, nous sommes déçus. Par ce plat, pourtant si simple, tellement classique, mais complètement insipide. Trop souvent, vous l’aurez sans doute remarqué, la sauce à salade n’est pas faite «maison». Alors qu’il est tellement simple de mélanger ces quatre ingrédients, évidemment soigneusement choisis: huile d’olive, vinaigre, sel et poivre (un peu de moutarde de Dijon si vous voulez)… Et quelle déception que de constater qu’autour de cette sauce misérable, flétrissent quelques feuilles de salade d’une texture incertaine et d’un aspect douteux, accompagnant un morceau de viande sans saveur! Et les frites? Surgelées, bien sûr!
Ils se croient Chefs, mais ne sont
que suif
Le pire, ce ne sont pas ces snacks qui apprêtent des plats médiocres, mais qui ne prétendent pas mieux et ne recherchent aucune reconnaissance. Le pire, ce sont ces auberges où, vous êtes a priori alléchés par une carte prometteuse, et où l’on vous invite à une aventure «bistronomique» (encore un néologisme qui ne veut pas dire grand-chose). Ça se prétend original. On vous proposera un menu «carte blanche»; vous serez censés vous laisser bercer par une expérience inoubliable… que vous oublierez vite: les trois jolies petites carottes bien oranges, joliment arrangées autour d’un fagot de haricots aseptisés, le tout accompagnant une viande peu loquace.
Mais trêve de critiques, parlons plutôt de ces petits bistrots, véritables joyaux, où l’on sait encore ce qu’est une bonne, une vraie cuisine, toute simple, mais tellement jouissive. A Carouge (Genève), nous avons la chance d’être bien servis (c’est le cas de le dire!) dans ce domaine. Je ne vais pas tous les citer, mais je garde un souvenir impérissable de ce repas avec mon ami Francis au «Vieux Carouge». Nous avions mangé une entrecôte; la viande était parfaite, tendre et goûteuse, de délicieuses frites «maison» l’accompagnaient et en guise de conclusion: une magnifique tarte aux fraises sur un petit lit de crème de Gruyère… Une autre fois, avec mes collègues et néanmoins amis Thierry et Patrick, nous nous régalâmes, au «Petit Carougeois», d’une délicieuse purée accompagnée d’un morceau de viande en sauce qui avait sans doute mijoté toute la matinée.
On pourrait encore en mentionner quelques-uns: le Café du Marché, le Kudeta, La Bourse, autant d’adresses où l’on est rarement déçu. Et pour quelques kilomètres de plus, il me paraît indispensable de vous parler de notre adresse fétiche, à ma femme et à moi: le Buffet de la Gare de Céligny, ou plane encore l’ombre de Liz Taylor et de Richard Burton et où l’on peut déguster les meilleurs filets de perche de la Côte, et quelques autres plats magnifiques, autour d’un incontournable Pinot gris de Ramu.
Alors, évitons ces chefs qui veulent avoir l’air, mais qui n’ont pas l’air du tout… Continuons à nous laisser séduire par ceux qui nous offrent cette merveilleuse cuisine de terroir, avec de vrais produits!