
chevaliers du terroir - Vins genevois: le millésime 2024 arrive sur nos tables
«Des vins fins et rafraîchissants»
Si vous êtes viticulteur, il y de fortes chances que vous ayez encore en mémoire les pluies du printemps 2024 et les sautes d’humeur de septembre, mois des vendanges. Conséquences de ces caprices de la météo, la récolte 2024 à Genève est la plus faible depuis que les statistiques existent. Qu’en est-il de la qualité de cette nouvelle cuvée qui arrive dans les commerces et les restaurants? Ce sont des vins rafraîchissants et fins, affirment trois viticulteurs interrogés.
Genève, ses montres, ses banques, ses multinationales et… ses vins! Ce petit canton représente moins de 5% de la surface nationale, mais 9% de la surface viticole suisse. Ce territoire est le champion de la diversité des cépages avec 47 sortes, et pionner des AOC introduites dès 1988 – il en compte aujourd’hui 23, plus qu’aucun autre canton. Cette diversité est sa force, y compris face aux aléas du ciel.
L’hiver 2023-2024 a été exceptionnellement doux. Ses températures printanières ont entraîné un réveil précoce de la nature. Mais en avril 2024, des nuits glaciales ont endommagé les vignes, en particulier sur la rive droite. Puis est venu un printemps qui n’en portait que le nom, marqué d’importantes pluies jusqu’à fin juillet.
«Du bien au moral»
«La météo sèche d’août a fait du bien au raisin et au moral», se souvient Laurent Desbaillets, du domaine des Abeilles d’Or à Choully. Le raisin a pu emmagasiner du soleil, mais à peine les vendanges entamées, le temps s’est remis à la pluie. La pourriture menaçait. Tout a été très vite: «Nous avons vendangé et pressé de manière soutenue. Il a fallu ajuster le pressurage des blancs, pour éviter d’extraire l’amertume du grain qui n’avait pas eu tout à fait assez de chaleur, bien clarifier le jus et bien gérer les températures de fermentation».
«2024 a été un millésime éprouvant, un défi quotidien, confirme Dorian Pajic, l’œnologue cantonal. Au final, le raisin est de qualité, mais il a fallu faire un tri rigoureux à la vigne, juste avant les vendanges». Si la qualité du raisin est finalement bonne à très bonne, les quantités vendangées sont en recul de 26,5% par rapport à la moyenne décennale. La récolte 2024 est la plus modeste depuis le début des années 1960.
Où se joue le succès d’un
millésime?
Est-ce à la vigne ou en cave que s’est joué le sort du millésime 2024? Fausse question répond Laurent Desbaillets, il n’y a pas de bon vin sans bon raisin, mais un mauvais œnologue peut rater une cuvée malgré un bon raisin.
«Avec les vins naturels, la réussite du millésime se joue en très grande partie à la vigne», tempère Anthony Fonjallaz, du Domaine du Chambet, à Gy. Il cultive sa vigne en bio, n’utilise aucun intrant dans sa vinification et produit ses levures de fermentation sur le domaine. «La météo de l’an dernier a fait que la vigne était plutôt vigoureuse. Cela a donné un moût avec un bon taux d’azote et la fermentation a été idéale, se réjouit-il. Pour nous, 2024 sera un très bon millésime, bien équilibré, avec des vins très typés dans lesquels le cépage se sent bien».
«Les blancs 2024 sont frais, aromatiques et savoureux et les rouges fruités, équilibrés et très agréables à boire dans leur jeunesse», indique Dorian Pajic.
A découvrir le 24 mai
«Nous avons réussi à avoir de jolis résultats, confirme Laurent Desbaillets. La cuvée 2024 sera moins alcoolique que les précédentes et offrira des vins très fins, très rafraîchissants». La présence d’un peu d’acidité dans les rouges le rend optimiste quant à leur potentiel de garde. Mais il est vrai que les Abeilles d’Or vinifient leurs rouges pour qu’ils puissent attendre dix ans avant d’être bus.
La cuvée 2024 est à découvrir samedi 24 mai dans le cadre des Caves Ouvertes de printemps. Près de 80 caves vous attendent pour vous présenter leur nouveau millésime. Santé!
Cesare Accardi
Pour tout renseignement quant aux Caves Ouvertes et au vignoble genevois: www.geneveterroir.ch