carrière formation
Nouvelles recrues pour la construction
Offrir des débouchés aux sans-emploi dans le secteur du bâtiment genevois qui manque de main-d’œuvre, tel est l’enjeu de la nouvelle formation «Manœuvre te relève», mise sur pied par l’entreprise genevoise Réalise, en collaboration avec l’Hospice général et plusieurs instances et entreprises de la construction.
Alain, jeune migrant congolais, rayonne. Bénéficiaire de l’Hospice général, il voit s’offrir à lui un débouché professionnel attendu depuis plusieurs années. «J’ai œuvré sur les chantiers au Congo, mais la manière de travailler là-bas était plutôt chaotique». Il fait partie de la première volée de sans-emploi à profiter de la formation pratique au métier de manœuvre délivrée par Réalise. Pour l’entreprise de réinsertion – qui ne cesse d’adapter ses services aux besoins du marché, la nouvelle offre éducative trame un lien direct entre la pénurie de main-d’œuvre dans le bâtiment et les possibilités d’ouverture professionnelle pour des personnes peu ou non qualifiées. «Nous vivons une période paradoxale, observe Jérôme Despont, membre de la direction. Le bâtiment est confronté à un manque de nouvelles recrues, alors qu’une partie de la population est exclue du marché du travail». Issu d’un partenariat public-privé, le projet pilote de Réalise et de l’Hospice général est soutenu par plusieurs entités engagées à faire bouger les choses. La Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB) et la Société suisse des entrepreneurs (SSE-GE) ont répondu présent, ainsi que neuf entreprises (Belloni, Implenia, Induni, Losinger Marezzi, Martinez, Mathez Construction, Maulini, Construction Perret, Spinelli), impliquées tout au long du processus de formation. L’Institut de formation de la construction (IFC), quant à lui, assure les tests de pré-embauche et les validations de compétences en vue d’un placement direct en entreprise.
Une valeur sociale
Pour l’Hospice général, le projet apporte une nouvelle corde à son arc. «Genève compte 25 000 bénéficiaires de l’aide sociale, dont 3000 migrants et de nombreux permis S», indique Yasmine Praz Dessimoz, directrice de l’Action sociale. Certains ont perdu leur emploi, d’autres ont été bousculés par les aléas de la vie. Une partie est prête à rebondir. «En travaillant sur la motivation, le savoir-faire, le savoir-être, la confiance en soi, on permet aux gens d’avancer». «Le métier de manœuvre est par ailleurs riche en en opportunité d’évolution, sachant que la relève est insuffisante dans les fonctions plus spécialisées du gros œuvre», ajoute David Richard, président de l’IFC.
L’initiative en vaut-elle la chandelle? Former une volée de douze personnes ne permettra pas de résoudre la pénurie d’ouvriers dans le secteur du bâtiment. «Pour elles, c’est inestimable», affirme la directrice de l’Action sociale. Du côté des entreprises, le retour sur investissement est d’abord lié à la dimension sociale et à la valorisation que cet engagement donne à leur travail. «Cette démarche s’inscrit dans un intérêt mutuel et vise, nous l’espérons, à servir de modèle à d’autres secteurs de l’économie», explique Eric Biesel, directeur de la SSE Genève.
Débuts prometteurs
Lancé en février 2022, le programme a démarré par une initiation aux métiers de gros œuvre. Sur les candidats sélectionnés, dont 50% de migrants, les deux tiers ont réussi cette étape préalable aux quatre mois de formation qui enchaînent avec un perfectionnement dans une entreprise partenaire. La première des trois volées que comprend le projet pilote se terminera début juin. Mais d’ores et déjà, les débuts s’annoncent prometteurs. L’objectif fixé est de former quarante candidats par année.