Médecin de famille: la profession doit perdurer!

«Nous constatons qu’aujourd’hui une poignée de grands groupes monopolisent le ‘marché’ de la santé suisse, principalement animés par des intérêts financiers, lance d’emblée le Dr Stefan Hany. En découle une automatisation des tâches avec, pour corollaire, un manque d’attention accordé aux patients, considérés trop souvent comme de simples clients». Ainsi, de petits centres privés se voient rachetés par des sociétés d’envergure, dont le siège se trouve parfois à l’étranger.
Nous assistons parallèlement à la mainmise des spécialistes au détriment d’une médecine de famille qui joue, malgré tout, un rôle fondamental pour notre société. Sur 1000 médecins formés en Suisse, seuls 200 d’entre eux se destinent à la médecine générale. Que faire dans cette situation? Dr Stefan Hany lance un appel aux médecins de famille, afin qu’ils défendent leurs intérêts et se regroupent dans des cabinets privés. Il ajoute que «les autorités politiques doivent faire leur part, en soutenant ces médecins qui aiment et connaissent leur métier, mais peinent à travailler dans des conditions décentes».

Un milieu dominé par les
assurances

Au quotidien, les généralistes font face à des tracasseries et des pressions multiples: charge administrative croissante, réponses à des directives étatiques, justificatifs à fournir, formation continue souvent peu utile mais néanmoins obligatoire… des tâches chronophages qui empiètent sur les consultations. «Il faut laisser au médecin de famille la possibilité de s’occuper convenablement de ses patients. Dans 90% des cas, le problème peut être réglé grâce à lui, ce qui revient à un gain de temps et d’argent, à la fois pour la patientèle et pour le système de santé dans son ensemble, commente le Dr Stefan Hany. Plutôt que de chercher le dialogue et le bon sens, l’Etat nous met les bâtons dans les roues. Par le biais de la Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal), il a donné le pouvoir de contrôle des médecins aux caisses maladie».
Pas étonnant que les médecins généralistes manquent cruellement en Suisse et que la plupart des diplômés se tournent vers des spécialisations, gages de «confort» professionnel et de gains financiers plus importants. La Fédération des médecins suisses (FMH) estime que nous disposons de 0,8 médecin de famille pour 1000 habitants, un chiffre inférieur à la valeur 1 recommandée. De plus, un médecin sur quatre est en passe de partir à la retraite et devrait être remplacé. Avec la progression démographique et le vieillissement de la population, cette problématique ne va que s’amplifier. Plus globalement, la Suisse compte 4,6 médecins (3,9 si on se base sur les emplois à plein temps) pour 1000 habitants, un taux comparable à ceux des pays voisins. Enfin, si la clause du besoin est levée, il n’en reste pas moins qu’un médecin formé à l’étranger doit exercer pendant trois ans au sein d’hôpitaux reconnus par l’IFSM avant de s’installer en cabinet privé.
«Le modèle des petites structures médicales privées fonctionne bien; il permet aux généralistes de s’entraider et de maîtriser leurs activités», poursuit le Dr Hany. Dans son cabinet, des médecins de famille exercent avec passion, offrant à leurs patients le professionnalisme et les relations de confiance qu’ils méritent. Ils sont, lorsque cela s’avère nécessaire, appuyés par des spécialistes.
Avis aux médecins intéressés qui souhaitent partager cette philosophie de travail: pensez à intégrer le centre médical du Mont Blanc ou sa succursale au boulevard Helvétique, ou encore regroupez-vous en créant de nouveaux cabinets!

Carla Angyal