carrière & formation
La démocratie ennemie de la survie?
Si la vie sur Terre cessait, plus de «requins» ni de «pigeons» aux affaires, plus de «bull» ni de «bear» sur les marchés… bref, dans la rubrique «Carrière» d’un «Journal de l’Immobilier», on n’est pas hors sujet en parlant d’armes bactériologiques… ni hors saison quand leurs experts se réunissent au fin fond du Palais des Nations… loin des contes de fée à l’usage des démocrates.
Les Nations Unies ont été créées avant tout pour garantir la paix dans le monde… même si la Déclaration met les droits humains en valeur. Toutefois de nos jours, les réunions sur les questions d’armes sont moins «populaires» que celles sur les droits, et ont donc le profil bas. A la rigueur une guerre – au Proche-Orient ou au World Trade Center – remplira la salle d’un «sommet» ou fera la «une» de la presse. Mais les débats sur les armes nucléaires ou biologiques restent affaire d’experts, aux Nations Unies ou dans des associations ou fondations (gcsp.ch, iiss.org) ou encore dans certaines facultés (css.ethz.ch, webster.ch). Au Grand-Théâtre jadis, Rolf Liebermann avait mis de l’horreur nucléaire dans son Richard Wagner, mais le «Guerre et Paix» de cette rentrée s’inscrit dans une saison «Faites l’amour» (malgré un édito lucide d’une reporter de guerre dans la brochure du programme). Bref, pour le peuple comme pour les élus, la guerre est l’affaire des autres; comme ces experts du pire… ceux de la Convention des
armes biologiques (org/disarmament/biological-weapons/)… réunis chaque année au Palais des Nations dans une petite salle, mais avec franc-parler: «Le grand public – quand on aborde les risques bactério – croit qu’on parle des semences modifiées». Par chance, le 6 septembre, un «événement parallèle» sur «la prise de décision à long terme face aux risques biologiques extrêmes» a permis à votre envoyé spécial de se remettre dans le coup. Malgré le «long terme», la question est aussi de saison, avec les polémiques sur l’origine animale ou non du virus qui court. Les analyses des experts du 6 septembre sont faciles à trouver en ligne (gspi.ch, cser.ac.uk, simoninstitute.ch, pressclub.ch): on va donc voir plus loin ce qui n’a pas été dit, ou le fut juste à mots couverts.
Septante-deux vierges en dessous-de-table?
Un des orateurs du 6 septembre se voulait «behaviourist»: il a donc analysé la conscience ou l’inconscience des risques par les réflexes de notre cerveau, pas encore parvenu à l’âge atomique ou biologique. «La confiance en soi de l’humain est souvent excessive», «Nous ne savons pas gérer les conflits de valeur»… L’analyse fut brillante, mais… pourquoi donc l’homme de Neandertal ou celui de la Guerre de Trente Ans étaient-ils à même de gérer tous les dangers «stratégiques» et «tactiques»… et pas l’homme moderne, hormis les gosses face à l’écran du Game of Thrones? Est-ce la démocratie qui empêche de voir en faces les pires risques, comme celui d’un éventuel attentat à l’arme bio dans une grande ville? On dira que tel cas de figure est peu probable: produire ces armes n’est pas si simple, et pour les acheter, le vendeur devrait être prêt à mourir lui-même: les germes – on l’a vu avec la présente pandémie – sont moins «dirigeables» qu’une fusée nucléaire. En tout cas, les experts du 6 septembre ont mis au point des jeux de stratégie pour aider les décideurs à «sortir de leur zone de confort». Une blague macabre d’Après-Guerre résume la torpeur du confort et les illusions des modernes: «Les pessimistes vivent à New York… les optimistes gisent à Auschwitz».
La lucidité est dans le noir
Autre sujet mais même constat le même mois… au Congrès médical contre la contagion (icpic.com). Les «droits» des employés de la santé minent leur «devoir» de se laver les mains: «On sait tous ce qu’on doit faire, mais on ne le fait pas… à quoi bon encore plus d’info?», a même dit un savant. Cette peine qu’a désormais la démocratie avec le «mal» s’est vue encore deux fois ces jours: lors d’un débat d’experts en gestion de crise, qui cherchait la voie du «succès» en comm’ pandémique (genevacom.org, owlre.com, webster.ch); et lors d’un dialogue au Palais des Nations entre la presse (acanu.ch) et la patronne d’Amnesty: comme Antonio Gramsci, Agnès Callamard use de pessimisme dans l’analyse («Nous sommes dans un contexte des Année Trente») pour asseoir un optimisme de l’action («On voit des signes de révolte bons pour les peuples»)… réflexe militant qui – en une heure – a eu le dernier mot aux dépens des premiers.
Alors terminons par l’ambiance de «Realpolitik» du panel sur l’Afghanistan réuni le 7 septembre par une Université privée (où enseigne… Pierre Maudet; global-leaders.umef-university.ch; voir aussi newageislam.com, geopolitics-geneva.ch, webster.ch). On y a parlé d’un ange nommé Massoud et d’un diable nommé Pakistan… ce qui a sa part de vérité mais n’épuise pas la vérité. On y a aussi entendu des choses peu communes sur l’éducation… ce qui tombe bien pour notre rubrique «Carrière et formation». «J’ai eu un métier précaire: diplomate à l’Unesco… mais mes études m’ont mis en tête des choses durables… une thèse de philo à la Sorbonne… Université qui faisait le poids, avant de devenir «progressiste»». Mais c’est le choc de la philo et de la guerre qui a donné du relief à la journée. Si on devait la résumer en une phrase, c’est qu’illettré comme Donald Trump ou informé comme Joe Biden, le résultat est le même.