L’Association Suisse des Métiers d’Art promeut le beau geste au service de la culture, de l’économie et du public.
Tailleur de pierre, ferblantière ornemaniste, facteur d’instruments, maroquinière, graveur: ces métiers d’exception que l’époque pourrait reléguer aux oubliettes demeurent essentiels à l’économie nationale. À la fois garants du patrimoine culturel et ancrés dans leur temps, les artisans d’art suisses évoluent entre savoir-faire ancestraux et innovation.
Fondée en 2016, l’Association Suisse des Métiers d’Art (ASMA) fédère et coordonne l’action des cantons membres (Berne, Genève, Jura, Tessin, Valais et Vaud) pour préserver et développer les métiers d’art. Éclairage avec Raphaël Crittin, président de l’ASMA.
– Pourquoi faut-il soutenir et valoriser les métiers d’art?
– Les métiers d’art font partie du patrimoine culturel immatériel de notre pays et sont un secteur économique à part entière. Pour perpétuer nos pratiques culturelles comme pour vitaliser l’économie locale, il faut valoriser les savoir-faire artisanaux, défendre les intérêts de ceux qui les exercent et encourager la création contemporaine. L’ASMA a pour but de faire reconnaître ces enjeux et de mener des actions concrètes pour mettre en lumière et soutenir le travail des artisans suisses. Les consommateurs y contribuent aussi quand ils privilégient des produits artisanaux. Nous avons un rôle collectif à jouer.
– Séculaires, rares… Les métiers d’art sont-ils encore porteurs d’avenir?
– Bien-sûr. L’artisanat est le moteur d’une économie durable, locale et de proximité, stimulée par les enjeux écologiques actuels. Pas étonnant donc de constater un intérêt croissant pour le fait-main dans nos sociétés modernes. En outre, derrière le prestige du luxe se cachent d’innombrables métiers d’art. En constante expansion, les marques de ce secteur sont à l’affût de compétences rares pour assurer la haute qualité et l’authenticité de leur production. Je suis donc convaincu que les savoir-faire traditionnels offrent toujours des opportunités de carrière gratifiante.
– La formation dans les métiers d’art est donc un enjeu important?
– La formation de la relève est cruciale pour la pérennité des pratiques artisanales. C’est d’ailleurs un axe de travail principal pour l’ASMA. Quand une certification fédérale existe, par exemple pour le métier de bijoutier, l’acquisition des connaissances et des compétences peut se faire en apprentissage ou en école. En l’absence d’un tel cadre de formation, il faut trouver d’autres solutions. Les artisans expérimentés ayant un rôle essentiel dans la transmission de leur savoir-faire aux jeunes, développer le mentorat est une piste que l’ASMA envisage dans ses futurs projets.
– Quels sont les autres axes de travail de l’ASMA?
– Notre Répertoire des métiers d’art recense un large éventail de talents suisses. Nous donnons ainsi une visibilité à ces professionnels salués par leurs pairs. L’ASMA vise aussi une envergure nationale. Il s’agit d’imaginer une représentation collective d’intérêts auprès des différentes parties prenantes et de partager des ressources. Des projets de traduction de notre plateforme dans les trois langues nationales principales sont en cours. Enfin, avec plus de 10 800 visiteurs en Suisse l’année dernière, la coordination nationale des Journée Européennes des Métiers d’Art (JEMA) est le point d’orgue des efforts de valorisation entrepris par l’association.
Jennifer Weil
Office pour l’orientation, la formation
professionnelle et continue (OFPC-Genève)
GROS PLAN
JEMA 2023
Du 31 mars au 2 avril, le grand public est invité à la rencontre des métiers d’art et des artisans dans le lieu même de leur création. Démonstrations, visites guidées, conférences, ateliers et expositions sont au programme des cantons participants.
Berne
Plus de 50 artisans sont réunis au Kornhausforum et à la Falkenplatz dans l’atelier 14B de la librairie Haupt. 24 vitrines du grand magasin Loeb accueillent une exposition.
Genève
Rendez-vous au Pavillon Sicli pour découvrir le savoir-faire de 35 artisans d’art, ainsi que les écoles qui offrent des formations liées. Sans oublier le parcours culturel dans les coulisses de 7 institutions genevoises.
Valais
À travers le canton, 18 professionnels ouvrent les portes de leurs ateliers et partagent leur passion pour le travail des fleurs, du verre, du textile, du métal, du cuir, du bois, de la terre ou de la pierre.
Vaud
46 ateliers ouverts dans 32 métiers, des écoles et le Parc naturel du Jura vaudois participent à l’événement. À noter que des ateliers d’éveil pour les 4 à 12 ans sont organisés au Château de Morges.