Yves Roucaute.

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Un ouvrage polémique

Yves Roucaute, ex-communiste et anti-Vert

12 Oct 2022 | Articles de Une

Il vient de publier un pamphlet contre l’idéologie écologiste. Comme il l’explique dans son ouvrage au titre sans ambiguïté, «L’Obscurantisme vert» (Editions du Cerf), l’auteur français Yves Roucaute, professeur de droit à l’Université de Paris X Nanterre, à la fois scientifique et philosophe, ne veut pas «sauver la planète» mais sauver l’humanité, dont l’aventure prodigieuse a commencé, selon lui, le jour où elle a construit sa première maison.

C’est un esprit libre et original, qui cultive les curiosités et a un goût prononcé pour le débat et la contradiction. Yves Roucaute fut communiste – il a fondé l’Institut Gramsci – avant de migrer vers la droite et de devenir le collaborateur de plusieurs ministres en France (Madelin, Toubon, Guéant…). Il est aujourd’hui, sur le tard, à 69 ans, l’ennemi public numéro 1 de ceux qu’il appelle «les petits bonshommes verts», c’est-à-dire les sympathisants de l’idéologie écologiste. Erudit, d’une intelligence aiguisée et avec l’ironie à fleur de peau, Yves Roucaute s’en prend dans son dernier livre, «L’Obscurantisme vert», aux thèses et aux croyances qui sont devenues largement celles de toute notre époque.
Ce que dit Yves Roucaute en deux mots, c’est que la Terre, qui a tout de même 4,5 milliards d’années derrière elle – bref: un certain vécu, un passé – n’est pas une planète de tout repos. Elle a d’ores et déjà tout connu, les climats les plus effroyablement chauds et les climats les plus désespérants froids, elle a abrité toutes les espèces animales les plus monstrueuses, des dinosaures aux scorpions et aux serpents, des loups aux tigres et aux araignées, elle a connu tous les dérèglements les plus brutaux et les éruptions plus imparables: tsunamis, tremblements de terre, éruptions volcaniques, changements climatiques…
La Terre n’est pas un lieu de rêve, observe-t-il, elle n’est pas non plus un lieu de paix et de douceur, mais les êtres humains ont quand même réussi à l’habiter, puis à la conquérir et à la dompter. Yves Roucaute ne croit pas à la Terre compatissante et bienveillante, c’est-à-dire à Gaïa, la nouvelle déesse des Verts, mais il croit beaucoup à l’être humain qui a su la dominer et l’utiliser pour sa propre survie et pour son confort, son développement, son bonheur.

La maison et les trois petits
cochons

A l’origine de toute l’aventure humaine, dit Yves Roucaute, il y a la maison. La maison c’est beaucoup plus important que le feu, c’est le premier réflexe qui fonde l’humanité, c’est le premier geste qui donne naissance à des milliers d’années de civilisation et de progrès. Car si les bâtiments, puis les villages et les villes, sont devenus nos compagnons les plus évidents et les plus indispensables, c’est parce qu’ils ont nés d’un réflexe de survie, d’un réflexe de nécessité. Comment survivre? En étant protégé par des murs! Rappelant la fameuse histoire des trois petits cochons – celui qui construit sa maison en paille et qui est aussitôt dévoré par le loup, celui qui construit sa maison en bois et qui est vite mangé par le loup, et enfin de celui qui construit sa maison en pierre et qui finit par attirer le loup dans sa cheminée où il le brûle – Yves Roucaute s’émerveille devant cette réalité civilisationnelle qu’est la maison.
L’auteur persiste et signe: «Si un loup terrestre avait l’autorisation de parler – je veux dire ailleurs que dans un conte -, il informerait nos petits bonshommes verts qu’une maison, c’est un truc à se casser les dents pour un animal naturel. Et non seulement elle est une réponse naturelle aux menaces de la nature, mais elle se fabrique même en partant à son assaut, à partir de minéraux, végétaux, animaux pris et transformés».
D’où cette constatation d’Yves Roucaute: «Oui, la maison, la vraie, voilà ce qui a permis à l’humanité de survivre quand le dernier taxon de son ennemi, le tigre à dents de sabre, disparaissait à la fin de la dernière glaciation, emporté par le dernier réchauffement, incapable de construire une «maison», contraint, lui, à vivre dans son abri naturel, détruit par le changement climatique».
Prosaïque et terre-à-terre, Yves Roucaute analyse cet espace qui est selon lui celui de l’humanité. «La vraie maison est donc plus qu’une bâtisse, c’est l’expression de l’humanisation de l’espace habité par l’humanité, demain jusque dans les stations spatiales. Elle est son moyen de survie et le chemin de son mieux-vivre». Des propos politiquement incorrects et provocateurs, à l’exact opposé des projets de décroissance contemporains.

 

Robert Habel