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VOTATION DU 12 MARS EN VILLE DE GENèVE - PLQ Bourgogne

Une réponse à la pénurie de logement à loyer abordable

1 Mar 2023 | Articles de Une

Le Plan localisé de quartier «Bourgogne» sera soumis à votation le 12 mars prochain. Situé dans le quartier des Charmilles, ce secteur proche du centre urbain offrira – si le PLQ est accepté par la population – quelque 480 nouveaux appartements pour 1500 habitants, ainsi que près de 5200 m2 destinés à des activités diverses. En son centre sera créé un vaste parc public. Le projet, qui a été adapté à la suite d’un processus participatif, est soutenu par un comité unitaire qui réunit un large front (Rassemblement pour une politique sociale du logement, les Verts, le PS, Ensemble à Gauche, les Vert’libéraux, le Centre, le PLR et le Groupement des coopératives d’habitation genevoises). Tour d’horizon des principaux atouts d’un secteur en devenir.

Le périmètre de projet – un quadrilatère d’une surface de 35 000 m2 – est délimité par l’avenue Soret, la rue du Dauphiné, la rue de Bourgogne et la route des Franchises, dans un quartier très bien desservi en transports et équipements publics, à une quinzaine de minutes à pied de la gare. Situé en zone de développement 3, le PLQ Bourgogne est gage de mixité sociale puisque les constructeurs auront l’obligation de proposer des appartements de tout type (33% de logements subventionnés, 33% de locatifs à prix contrôlé durant dix ans et 20% de PPE). Les rez-de-chaussée, côté rue de Bourgogne, seront destinés à des activités artisanales et commerciales, correspondant à la création d’une centaine d’emplois. Nicole Valiquer Grecuccio, députée PS au Grand Conseil, commente : «Construire dans ce secteur fait sens. En effet, lors de la révision du Plan directeur cantonal, la Confédération a exigé que le canton développe en priorité les terrains disponibles ‘à l’intérieur’ de l’agglomération urbaine, dont les zones villas, pour éviter d’entamer la zone agricole. En outre, ce secteur est déjà déclassé en zone 3, c’est-à-dire que son développement est prévu à terme».

Vert et accessible à tous

Porté par la conseillère administrative écologiste Frédérique Perler, le Plan localisé de quartier (PLQ) Bourgogne a pour ambition de maintenir le caractère vert et arboré du site. Le quartier aura la forme d’un îlot ouvert et discontinu: les quinze immeubles de six étages seront implantés en périphérie afin de libérer un vaste espace au centre, soit près de la moitié du périmètre en pleine terre (sol vivant et perméable). Un parc de 1,5 hectare, de la taille du Jardin Anglais, y sera alors implanté, avec une vue dégagée, notamment sur le Jura. Outre la verdure qu’il procurera, cet espace public majeur cumule diverses fonctions telles que liaisons biologiques et piétonnes entre les parcs de la rive droite (des Franchises jusqu’à Saint-Jean), infiltration des eaux pluviales, protection contre le phénomène des îlots de chaleur. «Ce parc est un gage de santé et de qualité de vie pour les futurs habitants, un endroit où pourront jouer les enfants du quartier, insiste François Lefort, député Vert au Grand Conseil. Il sera ouvert à tous alors qu’aujourd’hui le terrain – étant occupé par des maisons individuelles – est inaccessible à la population».
En février 2021, le projet Bourgogne a été présenté à la Plateforme nature et paysage Genève (PNPGE), regroupant plusieurs organisations actives au niveau cantonal dans les domaines de la protection de la nature et du paysage. Cette dernière l’a approuvé sous certaines réserves, soit: conserver tous les arbres et buissons indigènes; créer et différencier clairement les endroits où la faune pourra être au calme et ceux dédiés à la détente; augmenter le nombre d’arbres majeurs; planter environ 80% de végétation indigène; aménager plusieurs habitats de types différents pour la faune avec un éclairage compatible. Ces différentes mesures ont été intégrées au PLQ.

Le Plan localisé de quartier «Bourgogne» offrira quelque 480 nouveaux appartements pour 1500 habitants.

Une densification modérée et qualitative

Largement inférieur au maximum autorisé en zone de développement 3 (9 étages), le gabarit des constructions du PLQ Bourgogne équivaut à 6 étages. Les quinze immeubles s’intégreront ainsi dans la composition urbaine alentour, puisque les immeubles avoisinants comportent entre 4 et 6 étages. «Ce nouveau quartier sera moins dense que de nombreux quartiers existants, montrés en exemples par les opposants. Le projet Bourgogne correspond parfaitement à ce qui doit être fait en matière d’urbanisme écologique, c’est-à-dire qu’il permettra d’économiser la ressource précieuse qu’est le sol et de construire de manière compacte», affirme François Lefort. Une certaine densité peut être synonyme de qualité: «Des quartiers comme les Eaux-Vives ou Plainpalais sont denses et néanmoins très appréciés! ajoute David Martin, député Vert au Grand Conseil. L’écologie ne se résume pas au pré carré devant chez soi. Elle doit être évaluée de façon globale. On détruit beaucoup moins de biodiversité en construisant du logement au centre-ville qu’en pleine campagne. Et la zone villa actuelle de Bourgogne est loin d’être une réserve de biodiversité. Elle comprend un enchevêtrement de garages, chemins d’accès goudronnés, de cabanons de jardins et des gazons tondus à ras et souvent traités aux herbicides. A noter encore que l’emprise au sol restera faible, passant de 13% aujourd’hui à 19%».
Pour assurer la tranquillité au cœur du quartier, toutes les places de stationnement se situeront en sous-sol. Le projet ne prévoit pas de places de parking supplémentaires (visiteurs, travailleurs, clients), car le quartier est bien desservi par les transports publics et accessible en mobilité douce. En 2025, la mise en place du bus à haut niveau de service sur la rue de Lyon, en direction de Vernier et Meyrin, permettra d’améliorer encore l’accessibilité au quartier. En termes énergétiques, le chauffage des bâtiments s’appuiera sur 80% d’énergies renouvelables contre 100% d’énergie fossile actuellement. Grâce à une meilleure performance énergétique, la consommation de chauffage sera presque identique à celle d’aujourd’hui, alors que le secteur comptera dix fois plus d’habitants.
Mais qu’adviendra-t-il des propriétaires de villas présents dans le quartier? «Il faut rappeler que les propriétaires ne sont pas expropriés, indique Nicole Valiquer Grecuccio. Il est prévu que le projet se développe par étapes. Des propriétaires ont d’ores et déjà vendu leurs parcelles à des opérateurs. Les propriétaires qui le souhaitent peuvent participer à ces mêmes opérations, comme propres développeurs ou associés, et à ce titre accompagner activement les projets d’architecture». David Martin abonde: «Les propriétaires ne seront pas perdants financièrement. Et s’ils développent leur projet en collaboration avec des coopératives, ils auront un appartement dans un nouvel immeuble convivial!».
Adrien Genecand, député PLR et vice-président de la Commission de l’aménagement du Grand Conseil résume: «Si nous voulons réaliser la ville des courtes distances, promouvoir la mobilité douce et la qualité de vie, nous devons construire la ville en ville, là où les infrastructures de transports publics et les équipements publics sont présents, et éviter de repousser notre population jusqu’en France voisine ou dans le canton de Vaud».

 

Véronique Stein

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