Christelle Schultz.

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VOTATION FéDéRALE DU 22 SEPTEMBRE - Révision de la LPP

«Une réforme moderne, financièrement et socialement responsable»

11 Sep 2024 | Articles de Une

Conscient que la prévoyance professionnelle ne correspondait plus à la réalité du monde du travail actuel, le Parlement fédéral a voté le 17 mars 2023 un renforcement du financement du 2e pilier, visant à maintenir globalement le niveau des rentes et combler des lacunes de prévoyance. Les personnes travaillant à temps partiel et les salariés à bas revenus recevront une rente plus élevée et seront mieux assurés en cas d’invalidité et de décès. Christelle Schultz, directrice générale adjointe de la FER Genève, en charge des institutions sociales, nous précise les enjeux de cet objet de votation.

– Christelle Schultz, en tant que spécialiste de la prévoyance sociale, vous soutenez la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP). Pourquoi est-elle nécessaire?
– Parce que, si nous avons la chance de vivre toujours plus longtemps, nous sommes également plus longtemps à la retraite. Ce qui implique que les rentes doivent aussi être versées sur une plus longue période. Depuis 1985, date à laquelle la LPP est devenue obligatoire, l’espérance de vie à la naissance des hommes a augmenté de 8,1 ans, leur vie à la retraite a donc presque doublé. Pour les femmes, elle a augmenté de plus de 5 ans. S’ajoutent à cela des marchés financiers qui n’assurent plus les mêmes rendements que par le passé. Il est indispensable de tenir compte de ces réalités, en diminuant le taux de conversion.

– Cela veut donc dire que l’on va gagner moins?
– Non, au contraire et pour plusieurs raisons.
Il faut distinguer le cadre général de la réforme, en premier lieu, et préciser qu’elle ne touche directement qu’environ 15% des assurés, soit ceux qui n’ont que le régime de base obligatoire de la prévoyance professionnelle.
En 2e lieu, la diminution du taux de conversion ne touche pour sa part que les assurés qui prennent leur avoir vieillesse sous forme de rente, et non en capital.
Ensuite, des mesures de compensation sont prévues pour la moitié des assurés de la génération de transition, c’est-à-dire ceux qui arriveront à la retraite dans les 15 années qui suivront l’entrée en vigueur de la réforme. C’est donc généreux, et de nombreux assurés verront même leur situation s’améliorer par rapport au régime en vigueur aujourd’hui.
Enfin, le système est réformé de telle sorte que les générations plus jeunes pourront se constituer un avoir vieillesse plus important. Leur capital, une fois à la retraite, sera plus important avec la réforme qu’il ne peut l’être aujourd’hui. Les personnes avec des revenus modérés auront accès plus rapidement au système du 2e pilier (abaissement du seuil d’entrée à la LPP) et seront assurés sur un revenu plus important (le salaire assuré se calculera désormais en pourcentage du salaire total, ce qui abaisse globalement le seuil).
Il y a un dernier enjeu, fondamental pour les plus jeunes générations: la réforme consolide et renforce le système de la LPP. C’est une garantie pour le versement des futures rentes.

– Cette réforme est donc sociale?
– Absolument, sur plusieurs niveaux. Outre les mesures de compensation, la réforme abaisse le seuil d’entrée dans la LPP. Ce qui signifie que 100 000 revenus supplémentaires pourront entrer dans le système et donc assurer une rente aux travailleurs concernés. Globalement, près de 360 000 travailleurs, à temps partiel ou à bas revenu, percevront une rente plus élevée. Ce sont pour l’essentiel des femmes. Enfin, la réforme corrige un système de cotisation aujourd’hui particulièrement élevé et donc pénalisant pour les seniors sur le marché du travail.

– Vos adversaires dénoncent les réserves importantes des caisses. Qu’en dites-vous?
– La bonne santé financière des caisses et leurs réserves sont une excellente nouvelle pour les assurés. Les caisses ont pour mission de gérer les avoirs accumulés par chaque assuré. Elles le font de manière professionnelle, afin de maximiser l’avoir qu’elles restitueront à chaque travailleur, une fois à la retraite, sous forme de capital ou de rente. Mais le fait qu’elles gèrent bien les avoirs des assurés ne change rien au problème de fond: celui de verser les rentes plus longtemps en raison de l’augmentation de l’espérance de vie. Cela ne change rien non plus à la nécessité d’adapter le système pour mieux couvrir les personnes à temps partiel ou avec des revenus modérés.

– Qu’est-ce que cette réforme change pour les personnes qui sont déjà à la retraite?
– Elles conservent leurs droits acquis, donc il n’y a absolument aucun changement. Sauf peut-être le soulagement, en votant «oui», de donner la chance à leurs enfants et petits-enfants de pouvoir eux aussi bénéficier de rentes qui leur assurent un bon niveau de vie, une fois à la retraite.

– Un mot pour conclure?
– La réforme de la LPP est une chance à ne pas laisser passer. Une chance d’assurer le versement des rentes sur le long terme, et une chance d’adapter le système à l’évolution de la société. Elle est financièrement et socialement responsable.

 

François Berset

«C’est une réforme moderne, financièrement et socialement responsable
La réforme ne change rien pour les personnes déjà à la retraite. Sauf la satisfaction de donner à leurs enfants et petits-enfants la chance de bénéficier eux aussi d’une bonne retraite».

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