Damien Chappuis, Maire de Delémont/JU

Capitale du Jura, Delémont est engagée depuis plusieurs années dans une dynamique tant économique que culturelle avec notamment la récente inauguration du Théâtre du Jura, comme l’explique Damien Chappuis, maire de la ville depuis 2015.
L’augmentation significative de la population n’a pas mis sous pression le marché immobilier, qui suscite un fort intérêt de la part des investisseurs. La construction à l’étude d’un nouvel hôpital du Jura devrait être le prochain projet de grande envergure de la Municipalité. Les travaux pourraient débuter dans deux ans.

– Comment décrire aujourd’hui la situation de Delémont?
– L’arrivée, en 2009, de Pierre Kohler à la tête de la ville a marqué le début d’une période de dynamisme et d’investissements importants, tant publics que privés, qui se poursuit aujourd’hui. La population a augmenté de plus de 1500 habitants, passant d’environ 11 000 personnes à 12 500. Cette hausse montre que Delémont est une ville attractive où il fait bon vivre et où les finances sont maîtrisées. Depuis plusieurs années, nos comptes sont bénéficiaires et ils devraient le rester, même si ce sera plus dur à l’avenir.
Le visage de la cité a évolué, avec aujourd’hui une zone très vivante au nord de la gare, où se situe notamment le campus «Strate J» des Hautes écoles spécialisées, dont la construction s’est terminée en 2016. La Vieille Ville, en continuité géographique de la gare, doit se redynamiser. La dernière grande zone se situe au nord, avec un vaste projet immobilier de 80 millions de francs porté par la Poste. Le complexe abrite notamment la Poste, la Banque cantonale du Jura, des logements, des commerces et un hôtel 4 étoiles de 42 lits. Les premières discussions ont commencé en 2016, ensuite il a fallu compter deux ans de travaux et le chantier vient de s’achever.
Par ailleurs, le 15 mai dernier, la ville a acquis une parcelle de 20 000 m2 au-dessus des voies de chemin de fer. Cette zone, avec un total de 100 000 m2, sera le nouvel axe de développement de Delémont.
L’objectif est de réaliser à cet endroit l’hôpital du Jura, qui serait alors le premier hôpital en Suisse accessible par le train. Grâce au prolongement du passage sous-voie, les personnes n’auraient qu’une centaine de mètres à parcourir depuis la gare pour être dans l’hôpital. Celui-ci pourrait accueillir différents centres spécialisés. Il y a de la part de la ville une volonté très forte de voir aboutir ce projet.

– Qu’est-ce qui a motivé ce projet d’hôpital?
– L’hôpital actuel est situé dans la Vieille Ville. Il doit être rénové, car il n’est plus aux normes, ou alors il devrait déménager. Le projet global, qui a fait l’objet d’un concours d’architecture, comprend notamment le futur hôpital de soins aigus et un hôtel de patients dédié aux résidents ayant besoin de quelques soins mais ne devant plus être hospitalisés, ainsi qu’aux familles. Une halle omnisports avec un centre de bien-être est aussi prévue. Le projet porte sur un montant de plus de 100 millions de francs. On part d’une page blanche, ce qui est très enthousiasmant car on peut vraiment réfléchir à la manière de réaliser un hôpital fonctionnel. Nous étudions ce projet depuis cinq ans et, sous réserve d’acceptation par les autorités compétentes ainsi que la direction de l’hôpital du Jura, les travaux pourraient commencer à l’horizon 2025.

A Delémont, on est à sept minutes de tout!

– Delémont est connue pour son festival de la BD, mais l’offre culturelle devrait encore s’étoffer avec l’ouverture du Théâtre du Jura.
– Cette année est la huitième édition du festival Delémont’BD. Cet événement avait été créé suite à l’arrêt du festival de la BD à Sierre. Nous sommes heureux de constater que le festival fonctionne vraiment très bien, tout le monde, quel que soit son âge, aime la BD!
A l’automne 2021, nous avons inauguré le Théâtre du Jura, situé à l’entrée de la Vieille Ville, et la première saison a été un très grand succès. Le projet comprend également des logements et un centre commercial, mais leur réalisation était obligatoirement liée à celle du théâtre, dont le coût a été assumé par la communauté et des fonds privés.
Il était important pour l’essor de la ville d’avoir un théâtre et nous avons déjà pu constater les retombées. Les gens viennent voir un spectacle, ils visitent la ville, vont au restaurant, certains dorment à l’hôtel pour un soir…

– La ville a-t-elle profité du tourisme local généré par la pandémie?
– Ah oui! Nous n’avons jamais eu autant de voitures avec des plaques genevoises et vaudoises en ville. Delémont profite du tourisme local, mais également beaucoup du tourisme d’affaires, car nous sommes seulement à 35 minutes de Bâle. Nous travaillons avec l’Office du tourisme du Jura et l’idée est de proposer Delémont dans le cadre d’un séjour jurassien avec plusieurs activités. Les gens ont souvent l’impression que Delémont est lointain, ce qui n’est pas le cas. La ville est à une heure de Berne et à deux heures de Genève en train. Nous sommes à 3h30 de Paris en TGV.
Et quand on est à Delémont, je dis toujours que l’on est à sept minutes de tout, que ce soit à pied, à vélo, en voiture ou en transport public. Nous n’avons pas de problèmes de circulation et le Jura est le seul canton en Suisse à ne pas avoir de feu rouge!

– Vous évoquiez l’augmentation de la population. Celle-ci a-t-elle eu un impact sur le marché immobilier?
– Il n’y a pas eu de grandes variations des prix. Il faut cependant rester prudent, car Delémont a attiré beaucoup d’investisseurs ces dernières années et il ne faudrait pas arriver à une situation déséquilibrée, avec une offre supérieure à la demande. L’année dernière, avec les taux négatifs pratiqués par les banques, il était plus intéressant d’investir. Des investisseurs m’ont dit que même avec 20% seulement d’appartements loués, ils perdaient moins d’argent qu’à la banque.
L’arrivée de nombreuses nouvelles constructions incite logiquement les personnes à déménager, ce qui pose la question de la réhabilitation des anciens logements. Dans le centre-ville, nous constatons que les arcades au rez-de-chaussée, abritant des commerces, se vident. Une solution pourrait être de proposer des subventions aux propriétaires pour rénover les appartements et baisser les loyers au rez.

– Quelle est la politique de la ville en matière d’écologie?
– Les Services industriels de Delémont (SID) proposent un prêt citoyen afin de financer l’installation de panneaux photovoltaïques. Chacun peut investir la somme qu’il souhaite. Celle-ci est rémunérée à un taux d’intérêt de 2,25%. C’est une offre très alléchante qui rencontre beaucoup de succès, même auprès de personnes disposant seulement de 2000 ou 3000 francs à investir.
Par ailleurs, il y a sept ans, nous avons inauguré une centrale hydroélectrique et nos nouvelles constructions sont principalement équipées de chauffage à distance et de chauffage à pellets.

Propos recueillis
par Virginia Aubert