«L’identité de Genève est multiple. C’est une ville-monde, riche d’une longue histoire
de migrations».

/

la fête des maires - Christina Kitsos, maire de Genève

Une législature sous le signe du lien

12 Fév 2025 | Articles de Une

Avec ses racines grecques, Christina Kitsos s’est très jeune tournée vers la politique, participant au Parlement des jeunes de Neuchâtel, canton dont elle est originaire. Maire de Genève pour la première fois, la socialiste Christina Kitsos s’engage afin de renforcer les liens sociaux et de créer un sentiment d’appartenance.

– Comment vivez-vous votre fonction de maire?
– C’est un honneur, une grande chance et une forte responsabilité. Je représente la Ville lors de nombreux événements, de portée locale, nationale et internationale. J’ai également souhaité insuffler une coloration spéciale à mon année de mairie en choisissant de mettre l’accent sur ce qui fondait notre contrat social et renforçait nos solidarités.

– Vous avez placé votre mandat de maire autour de «ce qui nous lie». L’identité de Genève aurait-elle besoin d’être redéfinie?
– L’identité de Genève est multiple. C’est une ville-monde, riche d’une longue histoire de migrations. Dans un contexte international marqué par la violence, l’augmentation des inégalités, des formes de désinformation et de polarisation; ma priorité est de réaffirmer mon attachement à une Genève porteuse des valeurs de paix, d’égalité et de justice sociale. «Ce qui nous lie», c’est aussi notre appartenance à notre ville, à ses quartiers, à ses habitants. Plus que jamais, le ciment de cette communauté mérite d’être renforcé, pour ne laisser personne au bord du chemin.

– Quelles actions ont été mises en place dans ce cadre?
– Nous avons mis l’accent sur des événements dans les quartiers, avec la ferme volonté de valoriser la mixité, les échanges et la diversité des parcours. Avec notamment la mise sur pied de «Vogues», à savoir des manifestations festives faisant la part belle aux acteurs locaux. Elles ont remporté un franc succès. La prochaine aura lieu le 10 mai à Soubeyran. Le 12 février, l’association Shap-Shap, l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social et le Service de la jeunesse de la Ville réunissent, dans le cadre du festival Antigel, des collectifs locaux, des artistes et des activités du Sud Global qui luttent contre les inégalités. Nous accueillerons l’historien et sociologue français Pierre Rosanvallon, le 20 février à Uni Dufour, à l’occasion de la Journée internationale de la justice sociale, pour une conférence intitulée «Le nouvel âge de la justice sociale». Ce printemps, nous inaugurerons deux tables de jeux d’échecs intergénérationnelles à la place Chateaubriand et dans le parc Eglantyne Jebb. Enfin, un «afterwork» au Musée d’Art et d’Histoire aura lieu le 3 avril sur le thème de «Ce qui nous lie». Il permettra à un public peu familier des institutions culturelles de venir dans ce musée. A cette occasion, une quinzaine de personnes, sélectionnées au sein des associations subventionnées par le Département de la cohésion sociale et de la solidarité, seront accompagnées et formées afin de devenir des guides d’un soir auprès de l’ensemble des personnes qui participeront à cet événement. A mi-parcours, je tire donc un bilan extrêmement positif, puisque la population a répondu présent.

– Vous avez récemment présenté une nouvelle version de la Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant, qui date de 1924. Quel en était l’objectif?
– Cent ans après la Déclaration de Genève, rédigée par Eglantyne Jebb, reconnaissant les enfants comme des êtres dotés de droits, force est de constater que ceux-ci sont encore largement bafoués. Notre objectif est de réaffirmer haut et fort l’urgente nécessité de défendre ces droits dans le monde actuel, où un enfant sur six est victime de violences. Cette situation intolérable ne peut nous laisser indifférents. Raison pour laquelle, après un long travail de préparation, nous avons pu dévoiler en novembre dernier une Déclaration des droits des enfants 2024, rédigée conjointement par la Ville de Genève et le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, et qui peut être signée par toute personne qui en soutient les constats et objectifs (www.declaration2024.org/fr/ ).

– Vous avez avoir mis en place une aide financière de 1000 francs pour soutenir les jeunes de 18-25 ans en situation de rupture à trouver un emploi. Quel est le succès de cette mesure?
– La mesure vient d’entrer en vigueur et il est trop tôt pour en tirer un bilan. Nous avons eu des demandes d’information et quelques dossiers répondant aux critères ont déjà été déposés. Je rappelle que cette aide financière est conditionnée: elle s’élève à un maximum de 1000 francs par an; elle est renouvelable une seule fois. En parallèle, nous mettons l’accent sur l’accompagnement social de ces jeunes, afin d’améliorer leur employabilité. C’est d’autant plus important de mettre en œuvre de telles mesures que les jeunes ont payé un lourd tribut à la pandémie, qui s’est traduit notamment par des ruptures sociales.

– Dans une ville de Genève qui se densifie chaque jour davantage, quelle est votre politique en faveur de la biodiversité?
– La Ville a un ambitieux programme en matière de biodiversité. Le Département de la cohésion sociale et de la solidarité y participe, notamment à travers l’alimentation des milliers d’enfants qui fréquentent tous les jours les écoles et les crèches municipales. Nous avançons sur trois axes: la prévention de la santé, l’environnement et les circuits courts. Grâce au travail entrepris avec les institutions concernées, et les budgets supplémentaires investis, l’assiette proposée aux enfants a évolué vers plus de produits locaux, issus de l’agriculture biologique et faits maison. En outre, nous avons introduit deux repas végétariens par semaine.

– Un mot ou un adjectif pour définir la Genève de vos rêves?
– Vibrance.

 

Propos recueillis par
Virginia Aubert

Christina Kitsos.