Frédéric Fragnière.

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Frédéric Fragnière, président de Nendaz/VS

Une commune ambitieuse et responsable

24 Nov 2021 | Articles de Une

La Fête des maires, c’est toute l’année!
Président depuis le 1er janvier 2021 de la commune de Nendaz, Frédéric Fragnière en a été conseiller communal démocrate-chrétien de 2005 à 2020. Outre son activité politique, il est actif professionnellement en tant que secrétaire général de l’Hôpital du Valais à Sion. Il nous parle de sa commune valaisanne, abritant une population de près de 7000 habitants, les Nendards et Nendettes. Nendaz se trouve sur un coteau ensoleillé surplombant la vallée du Rhône, au cœur du domaine skiable des «4 Vallées» et à 15 km de Sion.

– Les pistes du domaine skiable de Nendaz, cœur battant des 4 Vallées, viennent de s’ouvrir. Quelle est la situation de l’immobilier dans la région et quelles sont les perspectives? A quoi peut-on s’attendre en termes d’affluence pour la saison qui débute?
– Les perspectives pour la saison d’hiver s’annoncent positives malgré le contexte incertain lié à la pandémie. Les réservations sont en hausse. Les hôtes suisses seront largement présents et nous espérons que la reprise constatée des réservations de l’étranger se confirme durant toute la saison. Les visiteurs étrangers proviennent surtout de pays voisins ou proches de la Suisse. La pandémie a clairement renforcé la demande d’achat ou de location – souvent de longue durée – d’objets immobiliers en montagne. Cette tendance se poursuit actuellement, mettant en exergue la volonté d’avoir un pied-à-terre en altitude. Les chalets et appartements avec un espace extérieur sont très recherchés. Certains objets sont vendus en quelques heures, parfois sans visite ni négociation! L’attractivité de la montagne, couplée à l’arrêt des nouvelles constructions de résidences secondaires, tire forcément les prix de l’immobilier vers le haut.

– Comment expliquez-vous ce fort attrait?
La pandémie et ses conséquences ont renforcé l’attirance pour la montagne et la nature. Nous constatons une augmentation de l’activité durant toutes les saisons. Les propriétaires et leurs familles profitent davantage de leur résidence secondaire, d’autant plus que 70% des propriétaires sont suisses et habitent à quelques heures de Nendaz.
En hiver, l’attrait des 400 km de pistes du domaine skiable des 4 Vallées, accessible de novembre jusqu’en avril, est un atout essentiel. La situation du domaine en haute altitude et l’amélioration des conditions d’enneigement artificiel permettent de rassurer la clientèle. Le développement de nouveaux produits ou expériences touristiques comme l’eBike ou les pistes VTT offrent de nouvelles opportunités d’étendre la séduction de la destination sur une plus longue période.

– Qu’est-ce qui distingue Nendaz (village) d’autres stations de ski alpines? Comment s’est-elle développée depuis sa création à la fin des années 1990?
– Nendaz se positionne comme une destination familiale, conviviale et dynamique. Notre commune est composée d’une quinzaine de villages et hameaux. Le tourisme s’est développé dans le vallon de la Printse, autour des villages de Haute-Nendaz, de Siviez et de Veysonnaz. Actuellement, l’hébergement de type «résidence secondaire» est proportionnellement bien plus élevé que les lits hôteliers, qui seront un axe de développement ces prochaines années. Avec près de 3000 habitants à l’année à Haute-Nendaz et près de 25 000 lits touristiques, nous avons affaire à une station vivante (commerces, services, restaurants, etc.) et accessible toute l’année. En ce sens, la commune a investi pour garantir des prestations essentielles à la population et aux visiteurs, par exemple l’offre en matière de santé (la Maison de la santé a été fondée en 2019).
Concernant l’aménagement du territoire, la loi fédérale nous impose aujourd’hui de réduire fortement le périmètre de la zone à construire. Nendaz est en passe de dézoner près de 200 hectares. Un effort forcé mais nécessaire, qui aura probablement un impact significatif sur le prix des terrains, ces derniers étant en passe de devenir plus rares. Cette situation m’interpelle, car elle risque de limiter l’accès à la propriété individuelle pour les jeunes de la région.

Nendaz se positionne comme une destination familiale, conviviale et dynamique.

– Vous bénéficiez de la proximité avec le bassin de vie de Sion, très dynamique en termes d’emplois et de formation. Cependant, les déplacements entre le cœur des 4 Vallées et la plaine se font actuellement surtout en véhicules privés motorisés. Quelles solutions proposez-vous pour améliorer les transports publics et réduire, de ce fait, les émissions de CO2?
– Nous avons tout d’abord installé un réseau de bornes de recharge pour les véhicules électriques et travaillons actuellement sur un projet de connexion câblée pleine montagne (télécabine), entre la gare de Chateauneuf-Conthey et Haute-Nendaz. Une réalisation de ce type serait très appréciée à la fois des pendulaires et des touristes, puisque la station deviendrait ainsi acccessible en 10 minutes à partir du réseau CFF (plutôt qu’en 35 minutes comme c’est le cas aujourd’hui, via les bus). Le tracé est conçu de manière à limiter l’impact sur les zones résidentielles, tout en connectant deux zones déjà fortement urbanisées. La construction d’un parking-relais ira de pair avec ce projet de télécabine. La demande de reconnaissance de cette liaison câblée en tant que transport public est sur le point d’être déposée auprès de la Confédération; cela nous donnera droit à un financement public (le projet est devisé à 35 millions de francs).
Par ailleurs, en plus de l’amélioration de la mobilité douce dans la destination, nous souhaitons rendre le centre de la station – notamment l’actuel parking de la place du Marché – aux piétons, en y aménageant un espace plus convivial; une démarche participative avec les propriétaires et les commerçants riverains est en cours.

– L’une des particularités du vaste territoire (8593 hectares) de la commune de Nendaz est la forêt, qui occupe une forte proportion de ses terres. Quel rôle joue-t-elle? Quel est le type de gestion mis en place?
– Même si le développement de notre commune semble important, il faut en effet relever que la zone urbanisée dédiée à l’habitat occupe seulement 6% de notre territoire! Part intégrante de notre patrimoine, l’agriculture s’étend sur 24% du territoire et la forêt, composée principalement de mélèzes et d’épicéas, occupe 30% du sol communal. La majorité des forêts ont une fonction protectrice contre les avalanches et les chutes de pierres. Les communes de Nendaz et d’Isérables ont créé la société Ecoforet, avec pour mission de gérer nos forêts en favorisant une économie circulaire, tant pour la livraison de bois de feu que pour la transformation de produits finis 100% en bois local (mobilier, barrières, etc.).

– Votre commune est connue comme le «pays des bisses», ces canaux d’irrigation historiques bordés d’un sentier, offrant un réseau unique de randonnées au fil de l’eau. S’ils sont le fruit de prouesses techniques – creusés dans le sol, taillés ou suspendus dans les parois rocheuses -, quelles interventions nécessitent-ils aujourd’hui pour les garder en état?
– La commune comprend huit bisses, dont six encore en activité; cela correspond à environ 100 km de balades ressourçantes et accessibles à tous. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des consortages privés qui gèrent la mise en eau au printemps, puis l’entretien estival des bisses. L’utilisation des réseaux d’irrigation par les agriculteurs et la population locale permet de maintenir cette fonction initiale, notamment pour l’arrosage des champs, pelouses et vergers, limitant ainsi le recours à l’eau potable. La commune, quant à elle, assure la réalisation des grands travaux de réparation et d’entretien, principalement via l’entreprise Ecoforet.

– Avez-vous un plan d’action en matière de climat et d’énergie?
– La commune de Nendaz s’est engagée dans une démarche de développement durable en 2008 déjà. Nous avons obtenu le label «Cité de l’énergie» en 2011. La mise en œuvre active de notre politique énergétique comme le turbinage de notre eau potable, la production de biogaz, l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques ou encore la construction de bâtiments publics exemplaires sur le plan énergétique, nous a permis d’obtenir le label gold en octobre 2020. Comme dans 66 communes en Suisse, cette distinction récompense les meilleures politiques énergétiques et l’engagement en faveur de l’environnement. A noter qu’à ce jour, seules quelques stations de montagne sont labellisées gold, une certification difficile à obtenir dans des territoires étendus comme le nôtre. n

 

Propos recueillis
par Véronique Stein