Viaduc de l’aérotrain, Finhaut/VS.

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exposition - A Aigle/VD

Un dialogue photographique original autour du béton

25 Jan 2023 | Articles de Une

Omniprésent dans les paysages quotidiens aussi bien en ville qu’à la campagne, le béton est l’objet d’une exposition qui se tient du 19 janvier au 5 mars à l’Espace Graffenried, à Aigle. Baptisée Béton, l’exposition fait dialoguer les photographies de Jean-Marc Yersin et Bernard Dubuis.

«Avec Bernard, nous nous connaissons depuis longtemps, explique Jean-Marc Yersin. Je l’avais exposé au Musée suisse de l’appareil photographique, à Vevey, dont j’étais le directeur de 1991 à 2018. Il travaille hors des centres urbains, en Valais, dans le domaine de l’architecture en particulier. Il a aussi photographié de grands chantiers, par exemple les barrages hydrauliques. Il a des archives nombreuses et très bien structurées».
De son côté, Jean-Marc Yersin avait mis sa carrière de photographe entre parenthèses durant ses années passées à la tête du Musée suisse de l’appareil photographique, avant de recommencer à faire des photos à sa retraite, en 2018.
«Ma prise de fonction au Musée en 1991 coïncidait avec la naissance de mon fils, raconte Jean-Marc Yersin. A l’époque, nous habitions encore Genève, ce qui m’a obligé à faire des allers-retours sur l’autoroute pendant plusieurs mois. La monotonie du trajet m’a poussé à regarder les infrastructures et l’environnement d’une autre façon, à me poser la question de la manière dont d’autres personnes pourraient les voir dans un autre temps».

Quelque 25 compositions
originales

Le travail des deux photographes s’associe dans l’exposition «Béton» qui présente environ 25 couples d’images, formés par une photo de Bernard Dubuis et une de Jean-Marc Yersin. Le premier s’intéresse aux gestes des humains sur les grands chantiers de la deuxième partie du XXe siècle en Valais, l’autre aux constructions monumentales et aux vestiges où l’humain n’a pas sa place.
Les images, réalisées par chacun des deux photographes de manière indépendante, se répondent pourtant entre elles à la fois d’un point de vue formel, structurel, chromatique et iconographique. «Certains duos sont des coups de cœur, c’était évident, tandis que pour d’autres il a fallu faire des essais. Certains ont fonctionné, d’autres pas», commente Jean-Marc Yersin.
Les compositions, toutes en noir et blanc, mettent l’accent sur la beauté des formes et la vivacité de l’être humain. Les images évoquent alors tant les bâtisseurs de la deuxième partie du siècle dernier, leurs prouesses, que le devenir actuel de leurs œuvres sans la moindre présence humaine. De manière lyrique, parfois abstraite, le béton devient le terrain de jeu d’un univers pourtant rigide et sérieux, tiraillé de part et d’autre entre la matière et l’espace, le construit et le vide, la volonté de dominer, de maîtriser et d’habiter. Le béton s’inscrit aussi à sa manière dans les questionnements actuels sur le devenir de notre société.
Les différences entre les travaux des deux photographes sont gommées tant d’un point de vue géographique que stylistique et thématique, créant des compositions originales, poétiques et souvent agrémentées d’une touche d’humour.
Ce dialogue photographique évoque la relation entre la matière et l’espace que l’on cherche à contrôler, à dompter ou encore plus simplement, à habiter.

 

VIrginia Aubert

Sembrancher/VS.
Colmar, Nant de Drance/France.

Exposition:
«Dubuis/Yersin. Béton»
Jusqu’au 5 mars – Espace Graffenried,
2, place du Marché – Aigle
www.espacegraffenried.ch

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