Loubna Laabar, Syndique de Chavannes-près-Renens/VD

– Vous vivez votre première législature en tant que Syndique. Qu’est-ce qui a motivé votre engagement politique?
– Je suis fascinée par le poids du citoyen dans le système suisse. Une majorité de la population dit ne pas aimer la politique, ce qui est regrettable, car le quotidien de chacun dépend d’elle. Je me suis installée à Chavannes-près-Renens en 2008; c’est une commune que j’aime beaucoup et en tant que citoyenne et mère de trois enfants, je me suis retrouvée liée à la vie collective par le biais de différentes activités. J’ai été approchée par une connaissance pour intégrer une formation politique sans étiquette qui cherchait des personnes prêtes à s’engager et je me suis lancée. J’ai été élue au Conseil communal en 2011, ensuite en Municipalité en 2013. A la fin de la dernière législature, j’ai rejoint le parti socialiste. Quand on s’engage en politique, il faut vraiment être prêt à accepter le positif et le négatif et de prendre du recul.

– Un sujet vous tient-il particulièrement à cœur?
– Non, ce qui compte à mes yeux est la commune dans son ensemble, dont la population aura doublé dans une décennie pour atteindre près de 15 000 habitants. Dans ce contexte, tout est important. Aujourd’hui, nous devons accompagner Chavannes dans la mise en œuvre des plans d’aménagement qui ont été acceptés, ce qui signifie la construction de cinq nouveaux quartiers, notamment le quartier Horizons, dont la cérémonie de la première pierre s’est déroulée début septembre, et celle du Campus santé, qui prévoit la construction de quatre bâtiments, afin de créer un centre de formation et de recherche d’envergure nationale. Dans le quartier des Cèdres, nous avons aussi le projet d’une tour végétalisée de 120 mètres de l’architecte Stefano Boeri, sur le modèle de celle qu’il a réalisée à Milan. Ce sont des projets importants qu’il faut gérer avec des promoteurs qui veulent tous avancer rapidement.

– La collaboration est-elle bonne?
– Oui, les promoteurs ont compris l’importance de dialoguer avec la commune, d’autant plus que tout le monde veut la même chose, c’est-à-dire de beaux quartiers, où les habitants vivent bien. Les constructeurs jouent le jeu, avec notamment des mises au concours et la commune les accompagne avec des conventions de comaîtrise d’ouvrage pour la réalisation d’espaces verts et de places publiques de qualité.

– Ce développement s’accompagne de nouveaux défis énergétiques…
– Les plans de quartier comprennent tous de la géothermie et des pompes à chaleur. Un projet visant à introduire le chauffage à distance avec une unité de production de proximité est en cours. L’avantage de densifier aujourd’hui est que les préoccupations environnementales et énergétiques sont systématiquement intégrées dès le départ dans les réflexions. Cela nous permettra à terme de disposer d’un bilan carbone avantageux pour une grande partie de la commune. Concernant les bâtiments communaux, nous préparons actuellement la couverture photovoltaïque de leurs toitures, partout où cela a du sens. Par ailleurs, des bornes électriques publiques sont en cours d’installation et un crédit de plus d’un demi-million de francs sera demandé cet automne au Conseil communal pour améliorer l’efficience énergétique de l’éclairage public.

Le Vortex.

– Quels sont les atouts de Chavannes- près-Renens par rapport à la grande ville qu’est Lausanne?
– Tout en étant bien connectée à Lausanne, Chavannes-près-Renens est une ville à taille humaine, attrayante, à dix minutes du lac, avec beaucoup de commodités et une bonne desserte en transports publics. Avec ses rivières, ses bouts de forêts, et un grand parc sportif, elle permet de jolies balades et une grande pratique du sport. En outre, nous travaillons en ce moment à la création future d’un grand parc, situé en dessous de la piscine de Renens, qui constituera un poumon vert pour la commune et pour l’Ouest lausannois. Enfin, le tiers de la commune abrite l’Université, les Hautes Ecoles, le Vortex, la BSL (Business school Lausanne), ce qui lui confère un caractère prestigieux et dynamique.

– Le développement de ces nouveaux quartiers va-t-il modifier le style de la population?
– Non, et il n’y a pas de risque de gentrification de la commune. Nous avons une bonne mixité sociale. Initialement, Chavannes avait une population de maraîchers agriculteurs et d’ouvriers, avec l’installation de l’usine de production des chocolats Perrier. La présence des communautés étrangères est aujourd’hui renforcée par les Hautes Ecoles qui attirent des étudiants et des professeurs du monde entier.
Cette diversité se reflète dans les différents aspects de notre commune, notamment la restauration, les commerces et la richesse du milieu associatif.
Il y a deux ans, la commune a racheté le Café de Chavannes, maintenant exploité par de jeunes restaurateurs venus de Lausanne. Afin de renforcer les liens entre les habitants et la Municipalité, celle-ci a lancé en 2019 le projet Cause commune. Il s’agit d’un programme mené en collaboration avec l’Université de Lausanne, permettant aux habitants de participer à l’organisation de leur ville et de leur quartier en s’impliquant de manière significative dans divers projets sociaux et culturels.

– Quelle sera la place des commerces de proximité dans les nouveaux quartiers?
– L’intégration du tissu économique est une préoccupation majeure pour le développement de Chavannes. A ce titre, nous avons lancé cette année deux études sur le sujet. La première, qui arrive à bout touchant, vise à identifier toutes les surfaces déjà existantes dans la commune et celles à venir. La deuxième portera sur la potentialité de ces surfaces, afin de faire un choix de commerces qui s’inscrive dans le long terme et qui corresponde bien aux besoins de notre tissu social et économique. Nous souhaitons faire de Chavannes une ville qui se vit à pied, à vélo et où chacun trouve ce dont il a besoin à côté de chez lui.

Propos recueillis par Virginia Aubert