Snailbrook au Texas s’étendra sur 1400 hectares.

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société - Détesté par la presse de grand chemin

Un bâtisseur nommé Musk, Elon Musk

15 Jan 2025 | Articles de Une

Vos médias le décrient à longueur de colonnes, l’estimant coupable d’être riche, de droite et absolument imperméable à l’opinion publique. Même s’il peut parfois inquiéter les gens raisonnables, il arrive de l’avenir et débarque la tête pleine de rêves, de projets et de passions puissantes et dévorantes. Fondateur de Tesla et de SpaceX, propriétaire du réseau Twitter rebaptisé X et désormais responsable d’une mission d’efficacité gouvernementale aux Etats-Unis, Elon Musk envisage aussi, à 53 ans, d’inscrire son épopée dans la pierre en construisant sa propre ville.

Il est partout, absolument partout, en ce début d’année 2025. On le voit aux côtés de Donald Trump, qui va retrouver la Maison-Blanche le 20 janvier prochain et qui a créé pour lui le poste de responsable de l’efficacité gouvernementale. Il est aussi chaque jour, par ses prises de position et ses critiques virulentes sur les réseaux sociaux, à la une des médias du monde entier et en train de semer une peur panique dans les capitales européennes, Berlin, Paris, Londres, Bruxelles, qui lui reprochent ses prétendues ingérences.
Comment arrêter cet homme qui ne s’arrête jamais et qui ne cesse d’accumuler les succès retentissants? Comment faire taire cette voix libre et d’une allégresse contagieuse, cette voix exubérante et énergique qui ne ressasse pas les éternelles passions tristes – la crise climatique, la décroissance, le repli – mais qui promet tout à la fois la Lune, Mars et le cosmos… tout en améliorant déjà très concrètement la vie sur notre planète Terre? Comment s’attaquer à ce «génie» selon Donald Trump, qui, preuve de la pertinence de ses intuitions et de sa rigueur, est devenu l’homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 425 milliards de dollars?
Elon Musk serait-il donc l’annonciateur, l’acteur et le catalysateur, bref le prophète, d’une nouvelle ère de liberté et d’optimisme conquérant? En tout cas, il est d’ores et déjà en train de tout chambouler et de faire exploser l’air du temps et son conformisme étouffant, comme l’a montré sa décision de supprimer la censure sur son réseau X, une décision qui vient d’être suivie la semaine dernière par le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, pourtant grand et historique compagnon de route du wokisme?

L’heure des bâtisseurs

Créateurs d’empires politiques ou économiques, ils ont tous voulu construire des villes et Elon Musk est comme eux. Tous, ils ont voulu graver dans l’éternité, comme des artistes, leur passage sur la terre. Tous, ils ont voulu inscrire leur nom et faire subsister leur mémoire dans des œuvres ambitieuses et spectaculaires, des bâtiments, des cathédrales, des châteaux, des fortifications, des gratte-ciel. Tous les conquérants ont construit, bâti, réinventé l’architecture et l’habitat, remodelé les paysages, redessiné les espaces, transformé les relations entre les gens. Marguerite Yourcenar raconte, dans les «Mémoires d’Hadrien», la passion de cet empereur romain qui fit éclore quantité de nouvelles villes aux quatre coins de son empire. Louis XIV créa Versailles, François Mitterrand la pyramide du Louvre et la Grande bibliothèque, le financier Paul Getty une villa romaine en Californie,
Louis II de Bavière ses châteaux tourmentés dont Neuschwanstein est le plus célèbre…
Elon Musk, lui aussi, a la passion de ce monde qui l’entoure, même s’il rêve d’en élargir les limites et de s’aventurer bien au-delà, sur la planète Mars dans quatre ans (un délai qui semble impossible à tenir), puis dans les mystérieux espaces infinis qui effrayaient Pascal (un objectif qui constitue la seule et unique manière d’assurer la survie de l’humanité et qui pourrait s’étaler sur des millions d’années, jusqu’à l’extinction du Soleil prévue dans cinq à sept milliards d’années). Visionnaire, mais esprit très
réaliste aussi, Elon Musk a déplacé le siège de sa société de la Californie au Texas, fuyant à la fois les interminables bouchons sur les routes et la voracité du fisc californien. Prophète de la voiture électrique, sa célèbre Tesla, il concilie l’âme verte et le goût de la liberté de déplacement assorti au confort.

Pas le rythme suisse

Si Genève n’a toujours pas réussi, depuis plus d’un demi-siècle, à construire une traversée de la rade et si le Conseil fédéral a échoué récemment à élargir les autoroutes en Suisse, Elon Musk – malgré son grand-père suisse – n’est pas d’humeur à lambiner et a déjà proposé, en 2016, de construire un réseau de tunnels ultra-rapides pour désengorger certaines villes qui croulent sous les voitures. «Le trafic me rend fou, disait-il. Je vais construire un tunnelier et commencer à creuser…».
La société qu’il a créée, The Boring Company, a rencontré depuis lors d’innombrables problèmes – surtout administratifs – et n’a guère réalisé qu’un seul ouvrage, mais le mouvement est lancé et continue à son rythme, sachant qu’Elon Musk considère que c’est en multipliant les échecs que l’on finit par réussir, comme il l’a encore démontré en parvenant à faire revenir sur son pas de tir, le 13 octobre dernier, le booster «Super Heavy» de sa fusée Starship.
Mais le grand projet d’Elon Musk, révélé l’année dernière par le «Wall Street Journal», c’est une ville créée de A à Z, une ville à son goût et selon ses désirs, réservée aux employés de son empire. Pas une ville Sam’suffit, avec quelques bâtiments plus ou moins raffinés et un vague aménagement aux alentours, mais une ville modèle, jeune, esthétique, dynamique, moderne, riche… Une ville chic, une ville qui respire la mode, une ville qui fasse plaisir!
Située à une cinquantaine de kilomètres d’Austin, au Texas, la ville s’appellera Snailbrook (escargot en anglais) et s’étendra sur 1400 hectares, soit quatre fois la surface de Central Park à New York. Pourquoi Snailbrook? Parce que le milliardaire avait dit à ses employés, en créant The Boring Company, sa société de percement de tunnels, qu’ils devaient travailler vite et «construire des machines de forage se déplaçant plus vite qu’un escargot».

Une architecture légère et intégrée

Plus d’une centaine de maisons prévues avec des aires de loisirs et de repos – piscine, courts de tennis, parcs, écoles pour les enfants et Université pour leurs parents. Des loyers très avantageux (800 dollars par mois). C’est une nouvelle utopie, une nouvelle cité radieuse qui se profile désormais dans l’immensité du Texas…

 

Robert Habel

Elon Musk.

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