Une commune pieds dans l’eau.

/

La fête des maires - Karine Bruchez, maire d’Hermance

«Tout le monde doit pouvoir se loger à Hermance»

28 Mai 2025 | Articles de Une

Pour Karine Bruchez, la maire d’Hermance, la législature qui se termine sera la dernière. «Je finis le 31 mai en célébrant deux mariages. J’en aurai fait un peu moins d’une centaine durant ma carrière», se réjouit-elle. L’occasion aussi de faire le bilan d’une législature riche et d’évoquer les projets à venir.

– Qu’est-ce qui vous a incitée à arrêter?
– Dès le début, j’avais annoncé que cette législature serait la dernière. Après deux ans au Conseil municipal et 16 ans passés à l’Exécutif, il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Ce n’est pas si facile, même si c’est mon choix. Mais je pense vraiment qu’il y a un temps pour tout. Les choses continueront à se faire, différemment, avec d’autres sensibilités. J’ai consacré 18 ans à mes concitoyens, je pense que c’est déjà un bel investissement.
Je suis encore présidente des Communes genevoises jusqu’au 27 septembre, puis j’arrêterai la politique, ne souhaitant pas adhérer à un parti.

– Comment analysez-vous cette dernière législature?
– C’est toujours difficile d’estimer soi-même s‘il s’agit d’une grande législature, mais je dirais que nous avons bien œuvré au cours de celle-ci. Nous avons notamment mené à bien la révision du Plan directeur communal, que nous avons présenté il y a quelques semaines lors d’une séance publique. C’est un travail indispensable.
Notre projet de la parcelle 1943, comprenant 32 logements et un parking souterrain, nous a également beaucoup occupés. Il y a deux ans, le projet avait fait l’objet d’un référendum que nous avions gagné. Par la suite, nous avons pu négocier avec la Fondation des parkings qui va assumer le financement du parking, ainsi que sa gestion et son entretien. Actuellement, nous attendons l’autorisation de construire finale d’ici quelques semaines.
Malheureusement nous avons un deuxième référendum, toujours sur le même projet. Nous allons donc devoir revoter d’ci à la fin de l’année.

– Les motivations des référendaires sont-elles les mêmes que précédemment?
– Oui et non. Leur principal argument cette fois-ci est la sauvegarde du patrimoine. Lors du premier référendum, une des préoccupations était le coût, sauf qu’entre les deux référendums, un travail important a été fait pour diminuer ledit coût. La commune va payer les places dévolues aux bâtiments et aux logements, mais le reste sera pris en charge par la Fondation des parkings qui va exploiter et entretenir
l’infrastructure. C’est un aspect important du projet car on sait qu’un parking est, en fait, moyennement rentable.
Lors du premier référendum, certains habitants avaient aussi estimé que le parking était trop grand, car nous avions prévu 170 places. Maintenant, le projet comprend 127 places la Fondation des parkings mutualisant les places.
Je ne serai plus maire, mais je vais vraiment m’investir pour encourager les habitants à se prononcer en faveur de ce projet, cela fait très longtemps que l’on travaille dessus. Il ne faut pas oublier qu’il comprend 32 logements à loyer raisonnable. Le jour où nous mettions le projet à l’autorisation de construire, nous avions les chiffres des locations dans notre commune et la moins chère à Hermance était à 4700 francs. Or, contrairement à ce que l’on peut penser, une partie de la population d’Hermance appartient à la classe moyenne, notamment des retraités. Par ailleurs, apporter de la mixité dans la commune, au niveau des logements, est important. Il y a eu des projets de promoteurs privés dans la commune, mais les logements étaient vendus à des prix inaccessibles pour la classe moyenne.
Il n’y a pas de raison que les gens ne puissent pas se loger à Hermance à des prix décents.
Ces 32 logements correspondent vraiment à un besoin, la preuve en est que nous avons déjà reçu 39 demandes. Il y a une liste d’attente.
Au cours de cette législature, nous avons aussi réfléchi à une solution pour l’épicerie. En effet, le lieu n’appartient pas à la commune. Le propriétaire de l’immeuble qui touche la boulangerie vendait un deux-pièces. Nous nous sommes portés acquéreurs, avec l’objectif de créer un grand espace pour faire une épicerie, boulangerie, poste et tea-room dans un seul lieu. Après diverses négociations, le projet a fini par aboutir et nous avons voté le crédit au mois d’avril. C’est donc un projet qui devra avancer dans les prochains mois avec une ouverture prévue dans le courant 2025.
Nous avons aussi le restaurant du Quai qui a fait faillite et nous cherchons actuellement un nouveau restaurateur. L’intérêt est là, mais c’est plus difficile depuis la Covid et le secteur est aussi confronté à un manque de personnel.
La commune a également acheté avec les communes d’Anières et de Corsier un bateau de sauvetage pour 419 524 francs, soit 140 000 francs chacune, ainsi qu’un camion de pompier à 300 000 francs. L’ancien datant de 1994, il s’agit d’une dépense tout à fait raisonnable.

– Quelle a été la politique environnementale d’Hermance?
– Nous avions déjà achevé les rénovations énergétiques des bâtiments communaux lors de la précédente législature. Le Conseil municipal a voté il y a quelques temps une somme de 140 000 francs pour changer l’éclairage public.
Nous allons aussi végétaliser l’entièreté du cimetière, ce qui permettra d’apporter de la fraîcheur et de simplifier l’entretien, puisque nous n’utilisons plus de pesticides.
Le Conseil municipal a aussi décidé de construire des écopoints chaque année, pour qu’à terme les levées des ordures au porte-à-porte soient supprimées.

– Cette mesure est-elle bien acceptée?
– Chaque changement est difficile, nous y allons par étape. Lorsque tous les écopoints seront en place, chaque habitant aura la garantie d’avoir un endroit pour déposer ses déchets à 150 mètres de chez lui tout au plus.

– Quels souvenirs garderez-vous de vos années à la mairie?
– J’en ai énormément. Je dirais que ce ne sont pas forcément les grandes réalisations, mais le quotidien avec les gens. Les bons souvenirs, ce sont ces moments où les personnes se rencontrent. Je me suis toujours dit que si l’on pouvait améliorer la vie des gens, si l’on leur rendait la vie plus facile en créant du lien, c’était ce qui comptait. C’était vraiment ma mission dans cette petite commune où j’ai grandi.
Cela a toujours été important pour moi qu’Hermance ne devienne pas une cité-dortoir. Nous avons la chance d’avoir une grande offre de manifestations, comme par exemple des apéros-concerts, des soirées cinéma et surtout beaucoup d’associations sportives et culturelles, qui grâce à leur dynamisme et leur motivation participent grandement à ce que la commune reste vivante.

 

Propos recueillis par Virginia Aubert

Karine Bruchez.
Annonce par défaut