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Terrain à vendre: piège ou opportunité?
Vendre un terrain peut sembler plus simple que vendre une maison: pas de locataires à gérer, pas de diagnostics, pas de travaux à justifier. Et pourtant… la marge d’erreur est immense. Et les déconvenues aussi.
Si vous possédez un terrain, que vous songez à le vendre ou simplement à en estimer la valeur, voici ce qu’il faut vraiment savoir. Car ce que VOUS voyez – un bel espace dégagé, plat et bien situé – n’est pas toujours ce que verra un acheteur. Et c’est là que tout se joue.
Le vrai moteur de la valeur:
ce qu’on peut construire dessus
La première chose qu’un acheteur sérieux – ou qu’un promoteur – va chercher à savoir, ce n’est pas «est-ce que le terrain est joli?», mais: «qu’est-ce que j’ai le droit d’y construire?»
Tout dépend du plan d’affectation communal, des indices de construction (IOS, IUS, etc.) et des contraintes locales.
Plus un terrain permet de créer de la surface habitable (et donc des revenus), plus il a de valeur. C’est le principe de la méthode dite «à rebours»: on estime la valeur du futur immeuble, on soustrait les coûts, et ce qu’il reste donne le prix du terrain.
Mais encore faut-il savoir ce qu’on peut construire… et c’est rarement simple.
Un terrain, ce n’est jamais juste «un terrain»
On distingue plusieurs cas de figure :
• Terrain en zone villas: souvent limité par un IOS (Indice d’occupation du sol) de 0.2 et un IUS (Indice d’utilisation du sol) de 0.3. Un terrain de 1000 m² permettra alors, au maximum, de construire 200 m² au sol et 300 m² de surface brute de plancher (c’est-à-dire la somme des surfaces de tous les niveaux habitables, selon les règles locales). Autrement dit, une belle maison… ou deux villas jumelées, si le règlement communal l’autorise.
• Terrain en zone à moyenne ou forte densité (par exemple zone village, centre ou zone mixte): on entre ici dans une logique de promotion immobilière, avec d’autres contraintes (ascenseur, parkings souterrains, accès pompiers…) et une méthode de calcul plus complexe, notamment pour les hauteurs, la typologie, ou les dégagements.
• Terrain hors zone à bâtir: là, oubliez tout ce qui précède. Il ne suffit pas qu’une maison y existe déjà pour pouvoir en reconstruire une. Ce n’est pas la maison qui donne le droit de bâtir, c’est la zone. Ce type de bien se valorise donc par comparaison avec des terrains de caractéristiques similaires – une méthode d’estimation moins précise, car plus dépendante de la rareté et du contexte.
• Terrains déjà bâtis, dont on souhaite estimer uniquement la partie foncière: il faut alors analyser si une démolition est envisageable et si une nouvelle construction serait plus avantageuse selon le règlement en vigueur. C’est souvent le potentiel de reconstruction qui sert de base de calcul.
Ce que les acheteurs traquent… et que les vendeurs ignorent souvent
Voici quelques pièges fréquents dans lesquels les vendeurs tombent:
• Les contraintes communales: distances aux limites, hauteur, servitudes, arbres classés… Un détail peut bloquer tout un projet.
• La fausse logique du prix au m²: un terrain de 800 m² ne vaut pas automatiquement 800 × 1000 francs. Il faut encore qu’on puisse y construire quelque chose d’intéressant.
• Les coûts cachés: raccordements, accès, pentes, études, terrassements… Plus il y a de frais, plus l’acheteur cherchera à négocier.
• La micro-situation: deux terrains voisins peuvent avoir des valeurs très différentes selon leur orientation, leur ensoleillement ou leur accessibilité.
Alors, piège ou opportunité?
Un terrain peut valoir une petite fortune… ou beaucoup moins que ce qu’on croit. Tout dépend de l’analyse. Une bonne estimation ne se contente pas de dire «dans cette commune, le m² vaut entre 800 et 1200 francs». Elle part de ce que l’acheteur peut réellement faire, de combien cela lui coûte, et de ce qu’il est prêt à payer.
C’est une affaire de projection, de faisabilité, de calcul – mais aussi d’intuition du marché.
La bonne nouvelle? Un terrain bien évalué, bien positionné et bien présenté se vend souvent plus vite qu’un bien bâti. Car il laisse place à un projet, une vision, une promesse de rendement. A condition, bien sûr, d’être clair sur les règles du jeu.
Ça peut même vouloir dire en gagner bien plus.
par Vincent Grognard
Courtier avec Brevet Fédéral
concretise
Cossonay/VD
Pour en savoir davantage :
https://go.concretise.ch/estimation-immobiliere