La future façade «plissée» de l’immeuble.

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«Les Rambossons» se construisent

S’approprier son lieu de vie

3 Nov 2021 | Articles de Une

Longeant l’avenue des Communes-Réunies dans le quartier des Semailles (Grand-Lancy/GE), la silhouette «plissée» de l’immeuble des Rambossons se dessine dans le paysage. Les travaux du second œuvre vont bon train, afin de livrer au début de l’été prochain les 80 logements coopératifs. Cette opération – pilotée par CI Conseils, un département du Comptoir Immobilier spécialisé dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) – ne s’est toutefois pas faite en un claquement de doigts. Les premières études et négociations remontent à… 18 ans. De nombreux acteurs, publics et privés, ainsi que les futurs habitants et les riverains, ont participé au processus. Mais sans le travail de la Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l’habitat coopératif (FPLC), rien n’aurait pu se faire: c’est elle qui a acquis l’ensemble des parcelles, prérequis à la construction de l’immeuble.

«La Ville de Lancy est en pleine effervescence. En tant qu’accompagnateur d’un territoire en devenir, nous avons une responsabilité fondamentale: transformer les plans et outils (juridiques, techniques, etc.) en un lieu de vie. La capacité d’écoute de tous les partenaires est essentielle pour construire une ville durable et désirable», souligne Yannos Ioannides, responsable de CI Conseils et membre de la Direction générale du Comptoir Immobilier. La Société coopérative «SCHS-L’Habrik, Les Rambossons» s’inscrit pleinement dans cette dynamique de partage et de co-conception. C’est également cette même volonté qui a incité le Comptoir Immobilier à lancer en décembre 2015 un appel à mandats reprenant la procédure d’un concours d’architecture, auquel les associations de quartier ont été conviées en tant que membres du jury; à son terme, c’est le bureau Jaccaud Spicher Architectes Associés qui a été sélectionné. Dans un second temps, des ateliers réunissant un groupe de futurs habitants, les architectes et CI Conseils ont permis d’adapter plus finement le projet aux envies et besoins des coopérateurs.

Yannos Ioannides, responsable de CI Conseils et membre de la Direction générale du Comptoir Immobilier.
L’architecte Jean-Paul Jaccaud.

Flexibilité et porosité

L’immeuble en construction se distingue par sa morphologie très angulaire. Les 80 logements – en catégorie LUP-HLM – proposent des typologies variées, réparties entre 2, 4, 5 et 6 pièces. L’architecte Jean-Paul Jaccaud rappelle les principes architecturaux: «Le projet est basé sur les notions d’échelle, d’emboîtements, de décrochements et de dégagements. Le bâtiment est conçu de manière à recevoir, sans entrave, ses multiples usages. Il se veut un lieu d’accueil et de rencontre pour les habitants». En témoignent les grands halls d’entrée, la salle communautaire, ainsi que les «salons» partagés ou loggias en double hauteur aux étages. Les jardins jouent quant à eux un rôle de liaison entre le domaine privé et collectif. Le rez-de-chaussée accueillera des arcades, destinées entre autres à un petit restaurant et à une garderie. Par ailleurs, un Comité composé d’habitants sera constitué et supervisera la gestion collective de l’immeuble, son animation et son intégration au sein du quartier. A noter que ce bâtiment est le premier de trois immeubles prévus par le Plan localisé de quartier (PLQ n°29 860).

La Coopérative – accompagnée d’ingénieurs spécialisés – a mis l’accent sur le standard de «très haute performance énergétique», en dépassant même ses prérequis.

Préoccupations paysagères et environnementales

«Le développement durable ne doit pas rester une simple intention de verdissement, mais va bien au-delà. Pour les Rambossons, les trois piliers – économique, social et environnemental – sont mobilisés de manière conjointe», poursuit Yannos Ioannides. Un parc ouvert au public (1500 m2 environ) sera aménagé, avec notamment un sentier de mobilité douce permettant de relier l’avenue des Communes-Réunies au quartier des Semailles. Développé par le bureau FAZ, en collaboration avec la Commune de Lancy et le Jardin botanique, le concept paysager prévoit une importante végétalisation qui s’articule autour de plusieurs zones, telles que le potager, la colline (aire de jeux), le verger, la prairie et le sous-bois. L’objectif est d’intégrer une variété d’essences, produisant une atmosphère odorante évolutive au fil des saisons et adaptées à chaque situation (ombrage, épaisseur de terre, etc.); il s’agira également de contrer l’effet d’îlot de chaleur et de favoriser la convivialité.
Par ailleurs, la Coopérative – accompagnée d’ingénieurs spécialisés – a mis l’accent sur le standard de «très haute performance énergétique» (équivalent à Minergie-P), en dépassant même ses prérequis. Ventilation simple flux (double dans les arcades), isolation thermique optimale et récupération de chaleur sur l’air extrait sont parmi les solutions mises en œuvre. S’ajouteront des installations spécifiques, comme la végétalisation et la récupération des eaux de pluie en toiture pour l’arrosage du parc ou une centrale photovoltaïque fournissant notamment les équipements d’électromobilité. Un raccordement au chauffage à distance des Services industriels de Genève (SIG) est également prévu. En termes de mobilité, le nombre de places de parking en souterrain sera limité (moins de 50) au profit d’emplacements pour vélos (130 environ).
L’équipe de CI Conseils veille à la mise en œuvre de ces propositions; elle est chargée d’apporter les conseils nécessaires aux prises de décisions tout au long du projet, dès les premières phases jusqu’à la livraison des bâtiments.

 

Véronique Stein

GROS PLAN

Le savoir-faire de la FPLC mis à l’épreuve

 

La réalisation des Rambossons illustre les compétences de la Fondation pour la promotion du logement bon marché et de l’habitat coopératif (FPLC). Rappelons que selon la mission confiée par l’Etat, cette Fondation prospecte sur le marché afin d’acquérir en zone de développement des terrains qu’elle développe ensuite en collaboration étroite avec des mandataires spécialisés et l’Office cantonal de l’urbanisme. Le but est de parvenir à l’adoption d’un plan localisé de quartier (PLQ) de qualité, dans lequel ses droits à bâtir – destinés à la construction de logements d’utilité publique – seront réalisés par l’un de ses attributaires légaux, soit principalement des fondations immobilières de droit public ou des coopératives d’habitation sans but lucratif.
Dans le cas des Rambossons-Semailles, la FPLC a acheté sept parcelles (2004-2010) dans le périmètre déclassé en zone de développement depuis 1985. La phase de développement foncier a, quant à elle, duré près de 12 ans: la FPLC a entrepris ses propres études avec un mandataire, qui a dû prendre en compte l’image directrice du Plan directeur de quartier «Les Semailles»; ce dernier prévoyait à l’origine une barre rectiligne implantée le long de l’avenue des Communes-Réunies. La demande de renseignements, déposée en 2008 par la FPLC, puis son instruction, ont conduit à la procédure d’adoption du PLQ (entré en vigueur en 2015), avec notamment la forme et l’implantation du bâtiment telles qu’on les connaît aujourd’hui. C’est également la FPLC qui a négocié la levée des servitudes de non bâtir, puis a procédé à l’attribution des parcelles à des superficiaires proposés par le Groupement des coopératives d’habitation genevoises (GCHG). Le consortium formé par la SCHS (logements) et L’Habrik (arcades) a été désigné; le droit distinct et permanent (DDP) en vigueur (droit de superficie) prévoit une location du terrain pour une durée de 99 ans.

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