la fête des maires - Florian Piasenta, Président de commune de Salvan/VS
«Salvan est une commune qui bouge!»
Située au cœur de la Vallée du Trient, la commune valaisanne de Salvan affiche un solide dynamisme, avec une augmentation régulière de la population, un tourisme florissant, un nouvel hôtel boutique et de nombreux projets, comme l’explique Florian Piasenta, son chaleureux Président.
– Comment votre commune évolue-t-elle?
– Nous étions 1100 habitants il y a dix ans et sommes aujourd’hui 1510 environ. Notre démographie progresse, sans être galopante, demeurant mesurable et mesurée. Nous accueillons entre 30 et 50 nouveaux habitants par année. C’est un nombre acceptable pour une commune comme la nôtre, qui permet une intégration facile.
Sur le terrain, cela se traduit, d’une part, par de nouvelles constructions avec des villas et quelques ensembles de logement; d’autre part, par le passage de résidences secondaires au statut de résidence principale. Il y a dix ans, on comptait 62% de résidences secondaires, et aujourd’hui le taux est de 57%. Entre Salvan et Les Granges, par exemple, tout un quartier était uniquement constitué de résidences secondaires habitées par des Hollandais; elles se revendent actuellement comme des résidences principales. Il y a beaucoup de familles qui viennent s’installer là.
Ces évolutions démographiques se voient aussi dans le nombre d’enfants à l’école. Il y a une dizaine d’années, l’école comptait 80 enfants, contre 133 aujourd’hui. Pour l’ensemble crèche, nurserie et UAPE, nous avons 100 enfants, un nombre assez élevé.
– Quelles sont les raisons de cet intérêt pour Salvan?
– On distingue plusieurs aspects. D’une part, c’est une commune touristique et nous avons investi de manière importante dans cette activité. Nos remontées mécaniques sont, par exemple, en train d’être modernisées. Nous affichons également une bonne dynamique dans la vallée, où nous collaborons avec nos voisins pour promouvoir la région. Nous avons aussi la chance d’avoir plusieurs commerces de proximité, ainsi que des restaurants.
D’autre part, nous sommes relativement proches de la plaine, puisque Salvan est situé à sept kilomètres de Martigny, avec un train qui circule tous les jours de 5 h 30 à minuit et demi dans une cadence à l’heure en journée et à la demi-heure le matin, à midi et le soir, ce qui est très pratique pour les pendulaires.
C’est vraiment ce qui fait l’attractivité de Salvan et de ses villages.
Certaines communes de plaine – je pense notamment à Fully, commune proche de Martigny qui a le plus grandi – ont bénéficié d’une forte popularité à un moment donné. C’était extrêmement tendance d’habiter à Fully. Mais nous constatons un changement en raison notamment du réchauffement climatique et des températures élevées enregistrées en plaine. Par ailleurs, les gens apprécient de plus en plus d’avoir des pistes de ski à proximité, des commerces et une offre touristique, ce qui leur donne envie de s’installer à Salvan. Un autre atout non négligeable est le prix du mètre carré, moins élevé qu’en plaine, tout en bénéficiant d’une certaine proximité avec Martigny.
– Justement, qu’en est-il de l’immobilier
à Salvan?
– Actuellement, nous n’avons plus beaucoup de terrains à construire. C’est pour cette raison que nous sommes en train de réviser le Plan de zone. Nous sommes en plein travail et, en novembre ou décembre, nous allons présenter le résultat en assemblée.
Le Plan de zone de la commune ne permet pas tellement de bâtir, ce qui représente actuellement un souci. Nous essayons aussi de densifier un peu les zones «village», mais nous constatons qu’un logement dans un petit immeuble est plus compliqué à vendre qu’une villa individuelle, parce que les gens qui viennent habiter à Salvan veulent avoir une maison et un petit bout de jardin. C’était possible jusqu’à présent, mais dans le futur, avec une harmonisation et une densification des villages, posséder une villa avec 1000 m² de terrain sera compliqué. Cela étant, si les personnes viennent encore chez nous dans cette idée, je pense qu’elles sont aussi conscientes que ce n’est plus la tendance et qu’imaginer une villa sur deux niveaux, peut-être une villa jumelle, avec 300 m² ou 200 m² de terrain, peut parfaitement suffire.
Le prix est aussi un facteur à prendre en compte. Une villa individuelle avec un terrain coûte au minimum un million, ce qui devient compliqué pour les acheteurs potentiels.
– Les prix ont-ils augmenté considérablement?
– Oui, les prix du terrain ont largement progressé. Il y a une dizaine d’années, il fallait compter entre 100 et 120 francs le mètre carré. Maintenant, nous sommes plutôt aux alentours de 300 à 350 francs.
– Y a-t-il des projets immobiliers en cours à Salvan?
– Oui, un petit immeuble de dix logements est en cours de construction. Avec la réflexion que nous menons concernant la densification et l’aménagement du territoire, nous sommes en train de chercher des solutions pour développer de nouveaux quartiers. Nous avons la chance à Salvan de ne pas devoir dézoner. Nous mettons en réserve une partie des hectares de la commune, ce qui nous permet d’avoir une nouvelle vision et d’ouvrir le champ des possibles.
– Quelle est votre politique énergétique?
– Nous avons mis en place une aide pour les particuliers souhaitant installer des panneaux photovoltaïques ou thermiques, ou engager des travaux de rénovation énergétique. Le budget est passé de 50 000 francs par an, au début, à 100 000 francs, car il y a un véritable intérêt.
Nous essayons aussi de stimuler la transition de la voiture au train, parce que nous avons beaucoup de monde qui vient skier à la journée, ce qui engendre de la pollution et un fort trafic. Un projet sera donc réalisé dès que la nouvelle remontée mécanique sera terminée. Nous allons créer un tunnel et un ascenseur jusqu’à la gare, afin de supprimer les allers-retours du bus et des voitures des gens allant skier aux Marécottes. Ainsi, ils prendront plutôt le train.
La nouvelle remontée mécanique sera prête pour cet hiver. Quant au tunnel et à l’ascenseur, ils sont prévus au plus tard pour 2027.
Pour la remontée mécanique, l’investissement total est de 21 millions, comprenant la cabine, le tunnel et l’ascenseur. La commune participe à hauteur de huit millions.
Financièrement, Salvan a la chance de bénéficier de bons revenus et de redevances hydrauliques relativement importantes. La vallée dans son ensemble encaisse 350 millions en lien avec les concessions du barrage de Barberine. Pour la commune de Salvan, cela représente 150 millions de rentrées.
– La commune a-t-elle des projets à long terme?
– Nous avons voté un crédit de six millions pour le développement d’un périmètre près de la patinoire actuelle: le projet consiste à rénover la patinoire et à installer une salle omnisports et intergénérationnelle. A côté, on prévoit une petite buvette et une salle qui pourra être louée pour un mariage, par exemple. La mise à l’enquête est prévue pour la fin de l’année et les travaux devraient commencer en 2025.
– De nombreuses stations misent désormais sur un tourisme sur quatre saisons…
– Salvan reçoit toujours du monde durant la saison hivernale, mais le défi est vraiment de répartir le tourisme tout au long de l’année.
Deux pôles problématiques existent. Il s’agit de la remontée mécanique, où il y a trop de monde l’hiver et pas assez l’été, et le zoo où la situation est l’inverse. Nous avons une foule de visiteurs l’été et pas assez l’hiver. Il faut arriver à travailler en symbiose et trouver des solutions permettant de gérer ces flux touristiques. Le fait de présider la commune et la remontée mécanique est un avantage, d’autant que la Municipalité possède aussi le zoo! Nous misons aussi beaucoup sur le vélo. Nous avons signé pour quinze ans avec le Tour de Romandie et organisons tous les trois ans une arrivée d’étape. Avec ce partenariat, nous nous positionnons plutôt «vélo de route», mais, parallèlement, nous aménageons des pistes pour VTT, par exemple.
La randonnée reste une valeur sûre, mais nous sommes quand même dans une région relativement escarpée et il faut s’y adapter. Toutes ces familles qui viennent se balader chez nous préfèrent généralement marcher une heure et demie sur un terrain plat.
Propos recueillis
par Virginia Aubert
Florian Piasenta.
GROS PLAN
Nuit avec vue sur les ours
Le zoo abrite 121 animaux de 21 espèces différentes, dont les stars sont les lynx, les loups et les ours. Le nouvel hôtel boutique, qui a ouvert en juillet, est posé à même la roche, surplombant l’enclos des ours. L’établissement, qui compte 17 chambres, a été entièrement réalisé en bois suisse, à l’exception de la maçonnerie de base.