Les risques climatiques liés au réchauffement de la planète se sont intensifiés en 2024.

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finance - L’année économique et financière

Rétrospective et perspectives

22 Jan 2025 | Articles de Une

La géopolitique et ses conflits armés, la politique et les élections américaines en particulier, l’inflation et les politiques monétaires déployées par les Banques centrales du monde entier, l’accélération des événements climatiques violents liés au réchauffement climatique auront été les principaux facteurs ayant influencé nos vies et les marchés financiers en 2024.

Sur le plan géopolitique, la guerre en Ukraine continue de s’enliser et d’épuiser les belligérants tant sur le plan humain que sur le plan financier. Les conflits régionaux ont pris de l’ampleur au risque de dégénérer, que ce soit au Proche-Orient, en Afrique ou en mer de Chine, sans oublier les guerres peu médiatisées au Soudan, en République Démocratique du Congo, les attaques continues des djihadistes au Sahel, la violence insoutenable des gangs en Haïti, mais aussi la guerre civile sanglante en Birmanie depuis le coup d’Etat de 2021.
Dans ce contexte tendu, nous avons assisté à une poursuite de la montée en puissance de différents mouvements ou partis populistes dans les pays où les citoyens ont été appelés aux urnes. Pas moins de 76 scrutins nationaux, élections législatives ou présidentielles, ont concerné plus de quatre milliards de citoyens l’année passée. Au sein des pays régis par des Constitutions démocratiques, nous avons assisté en 2024 à un durcissement des fronts et à de nombreuses crises politiques et institutionnelles. Nous citerons à titre d’exemple la France, les Etats-Unis, la Géorgie, la Roumanie, l’Allemagne, l’Autriche, le Canada ou la Corée du Sud, par exemple, qui ont, pour des raisons diverses, subi des psychodrames politiques.

Un monde polarisé

Nous assistons globalement à l’émergence d’un monde qui se polarise et à la constitution d’un certain nombre de blocs qui se forment et se défont en fonction des circonstances et des enjeux internationaux. Dans ce contexte, il est malheureux de constater que le tissu d’organisations multilatérales mis en place après la Deuxième Guerre mondiale se délite et les principes d’une certaine gouvernance commune volent en éclat. L’exemple nous en est donné par António Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, dont la voix devient de plus en plus inaudible sur la scène diplomatique internationale.
Sur le plan économique et financier, les Banques centrales du monde entier ont commencé à assouplir leurs politiques monétaires dans un contexte où l’inflation conjoncturelle a commencé à reculer. La Banque nationale suisse a donné le ton en abaissant la première ses taux d’intérêt directeurs, suivie par les principaux instituts d’émission du monde entier.
L’année 2024 aura été un exercice favorable pour l’investisseur privé ou institutionnel, pour autant qu’il ait judicieusement choisi ses véhicules de placement tant les performances ont été divergentes, particulièrement en Bourse où des secteurs entiers ont subi des déconvenues, tels que le luxe, l’automobile ou certaines industries dont la demande pour les produits finaux a diminué.

Principaux risques en 2025

Hormis les risques géopolitiques qui se sont clairement matérialisés depuis février 2022 avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et qui continuent de peser sur les relations internationales et la mondialisation des échanges, nous évoquerons dans les lignes qui suivent les risques structurels qui auront un impact sur l’économie mondiale dans les années à venir. Les risques climatiques liés au réchauffement de la planète se sont intensifiés en 2024 et commencent à influencer l’économie de régions entières, voire de pays. Nous citerons les répercussions des risques climatiques sur l’agriculture et ses conséquences sur le prix des biens de première nécessité tels que le cacao, le café, les céréales, etc. mais aussi sur le coût induit par la paralysie de vastes contrées suite à une catastrophe naturelle.
Le risque énergétique devient de plus en plus inquiétant; les besoins en électricité liés à une accélération de nos sociétés numériques n’ont pas été correctement identifiés par les Etats ces dernières années.
Les grandes sociétés de la technologie en ont pris conscience et cherchent à préserver leur indépendance énergétique en investissant directement dans des projets de centrales nucléaires de dernière génération.
Nous évoquerons également le sujet des barrières tarifaires, un frein à la dynamique de la mondialisation des échanges et qui pourrait toucher le potentiel de croissance de nombreuses sociétés innovantes dont le marché de produits ou services est mondial. Finalement, l’incapacité des Etats à gérer leurs déficits budgétaires et le service de la dette constituent, pour certains pays, un frein manifeste au potentiel de croissance des économies sous-jacentes; la France en est un bon exemple.
La problématique du vieillissement de la population constitue également un risque, encore mal appréhendé par nos sociétés occidentales. Au niveau boursier, les risques que certaines sociétés déçoivent la communauté des investisseurs lors de la publication de leurs résultats se sont clairement matérialisés l’an dernier et peuvent se poursuivre en 2025, dans le cadre d’une économie mondiale atone. Nous estimons que tous ces risques doivent être pris en compte dans la constitution et la gestion des portefeuilles.

Une palette de recommandations

Dans le contexte précédemment décrit, nous recommandons de construire des portefeuilles diversifiés qui respectent les principes fondamentaux de l’investissement, à savoir préserver la valeur des patrimoines, en assurer un certain rendement et finalement rechercher une croissance à long terme sans surpayer les actifs. Les obligations directes sont redevenues peu intéressantes, à l’exception de certains «reverse convertibles» qui devront être sélectionnés judicieusement dans un contexte de risque et de volatilité qui peut redevenir important.
En Bourse, c’est une stratégie dite «value» dans le jargon du métier qui, à notre avis, doit être privilégiée. Certains fonds immobiliers de droit suisse, dans le domaine de l’immobilier résidentiel, sont intéressants, la prime de valorisation étant redevenue raisonnable dans un contexte de très faibles taux d’intérêt. Ils offrent un rendement acceptable et peuvent également trouver leur place dans les portefeuilles et jouer un rôle de diversification.
Enfin, dans un contexte d’inflation non maîtrisée, d’incertitudes géopolitiques et de démonétisation des monnaies fiduciaires, l’or, en tant qu’actif réel, est également à privilégier pour protéger les portefeuilles d’une perte de pouvoir d’achat. Finalement, une bonne nouvelle pour le propriétaire de biens immobiliers en Suisse: les taux hypothécaires vont rester à de faibles niveaux pendant relativement longtemps et nous recommandons à ces derniers de privilégier des échéances très courtes, voire de rester en taux variable.

 

Olivier Rigot
Associé-gérant
EMC Gestion de Fortune SA

Olivier Rigot.
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