Balades à Nyon

Pourquoi ne pas profiter d’une visite au Château de Nyon ou au Musée du Léman pour explorer la nature alentour? «Du bourg au lac», l’une des six promenades proposées par la Municipalité, vous y invite. Au cœur de la Cité se niche une nature insolite; elle se faufile entre les pierres, dans les jardins aménagés avec soin et sur les hauteurs des édifices. Ouvrez les yeux, écoutez, respirez: la balade peut commencer.

«La nature a été depuis trop longtemps exclue de nos villes, estime Pierre Wahlen, conseiller municipal de la Ville de Nyon et député au Grand Conseil vaudois. Aujourd’hui il s’agit de lui redonner une place, parce qu’elle est indispensable, autant à nos vies qu’à l’ensemble de la biodiversité». Pour aller à la rencontre des richesses naturelles, rendez-vous sur le parcours «Du bourg au lac»! Cette promenade suit le pourtour de la ville ancienne, pour traverser les grands parcs urbains et longer le lac. Au fil des quinze étapes (2,5 km), les trésors cachés de la nature se révèlent aux citadins.
Depuis le Château, on admire la vue sur le lac et les Alpes; en contrebas se trouve le Jardin de la Duche, un parc public en pente doté d’un chemin en zig-zag. Un véritable tableau végétal, dont la composition alterne verger aux airs d’autrefois, graminées ornementales et légumes au feuillage décoratif. Outre les promeneurs, oiseaux, insectes et chauve-souris y trouvent leur bonheur. A quelques pas de là, le Parc du Bourg-de-Rive, précieux écrin d’arbres dont certains sont remarquables ou très anciens, reflète tout le savoir-faire de l’horticulture traditionnelle. En suivant les anciennes ruelles qui convergent vers le Château, vous observerez les lichens incrustés dans la pierre. Ces organismes aux formes et aux couleurs variées, capables de se développer sans terreau, participent grandement au fonctionnement de nos écosystèmes.
Le soir au crépuscule, amusez-vous à suivre le vol des martinets noirs qui regagnent leurs nids à toute allure en poussant des cris stridents. Ces oiseaux migrateurs – qui arrivent dans nos contrées entre la mi-avril et mai -, recherchent des abris propices dans les cavités ou fissures des bâtiments. Pour favoriser les colonies de martinets noirs en déclin dans nos villes, la Municipalité de Nyon installe régulièrement des nichoirs artificiels; des structures de ce type ont été intégrées à la tour haute du Château et en vis-à-vis, sous l’avant-toit du bâtiment de la Terrasse Bonstetten. Si vous êtes un adepte des oiseaux, votre balade vous conduira vers les hauteurs de la ville, à la découverte des nids d’hirondelles ou du pigeonnier aménagé dans la tour du Temple. Vous redescendrez ensuite pour atteindre les rives lacustres où cygnes, canards et êtres humains se côtoient en toute sérénité.

Les rives lacustres abritent une grande diversité naturelle.

Sensibiliser le public

Ces promenades – qui rencontrent un vif succès – démontrent l’intérêt des habitants et visiteurs à l’égard de la nature en ville. Pascal Bodin, chef du Service de l’environnement, compte développer la démarche en proposant un programme d’activités et d’événements au fil des saisons, à la découverte de la biodiversité urbaine, de sa contribution à la qualité de vie et des bonnes pratiques pour la préserver. Cette sensibilisation représente même l’un des sept objectifs principaux de la nouvelle Stratégie municipale en matière de biodiversité.
Par ailleurs, il s’agit de mieux communiquer au sujet d’actions menées sur le terrain et des pratiques de la ville pour favoriser la faune et la flore sauvages. C’est le cas par exemple des mesures d’élagage des platanes, dont la pertinence doit être expliquée aux passants. «Le long de la promenade des Vieilles Murailles, une taille ciblée est effectuée dans le but de sécuriser l’espace public, explique le responsable de service: certaines branches en tête de chat, une pratique privilégiée jusqu’à présent pour des raisons pratiques et esthétiques, sont fragilisées et finissent par se fracturer, faisant alors courir un risque aux promeneurs. La taille sélective permet d’éviter l’abattage des arbres; de ce fait, la fonction écologique et de canopée des platanes est préservée». Mais les citadins doivent s’habituer à regarder les alignements historiques de platanes – comme ceux de la place Perdtemps ou des rives du lac – avec un nouveau regard: si les silhouettes d’arbres seront parfois asymétriques, elles resteront une opportunité d’habitat précieuse pour de nombreuses espèces en raison des cavités naturelles conservées.
«Dans le but de renforcer les liens des habitants avec la nature à Nyon, plusieurs projets participatifs exemplaires seront menés dès cet automne. Plantations avec les écoles, construction et pose de nichoirs à chauves-souris ou encore inventaire de la petite faune en ville permettront ainsi au grand public de découvrir activement les richesses naturelles de notre quotidien et de s’investir pour la préserver», ajoute Albertine Roulet, chef de projet.
A Nyon comme ailleurs, la culture sort de ses murs pour aller à la rencontre du public. A l’occasion du 50e anniversaire de la Bibliothèque municipale, différentes manifestations sont organisées, dont certaines font le lien avec la nature. Début octobre, un groupe d’enfants a été initié aux techniques d’impressions naturelles comme l’anthotype et le tataki zomé: en utilisant des végétaux, ils ont créé de magnifiques livret d’images. Le Musée du Léman a, quant à lui, lancé cette année un cycle inédit de conférences – «Les experts du Léman» – consacrées à la nature du lac et proposées par des spécialistes, dans un langage accessible à tous. La prochaine rencontre aura lieu le jeudi 8 décembre à 19 h et portera sur la spectaculaire vie microscopique du Léman (réservation conseillée: www.museeduleman.ch/vie-microscopique-leman).

Véronique Stein