Corinne Gachet, maire de Lancy

– Selon vous, la présence d’activités et d’équipements sportifs au sein des quartiers favorise les échanges et la mixité sociale. Quelle est votre stratégie dans ce domaine?
– Jusqu’à récemment, la thématique du sport était abordée une fois le quartier ou le nouvel ensemble déjà conçu. Heureusement, la tendance s’est inversée et l’on comprend aujourd’hui la nécessité d’intégrer systématiquement cette question dans tous les projets, dès leurs prémices. Cette approche est bénéfique car elle permet aux habitants et aux associations de s’approprier immédiatement les lieux. Ainsi, à Lancy Pont-Rouge, un terrain multisports extérieur, jouxtant l’école, est prévu dans le crédit de construction; ce site sera utilisé durant la journée par les écoliers et mis à disposition des habitants en soirée.

– Pouvez-vous nous citer quelques lieux lancéens qui incitent à bouger?
– Il s’agit souvent d’installations modestes, mais qui ont un impact sur la qualité de vie de la population. C’est le cas du parcours santé à la Chapelle, une boucle d’un kilomètre qui sera prolongée jusqu’à Plan-les-Ouates (inauguration le 7 mai prochain, lors d’une fête intercommunale). Des postes d’entraînement ponctuent le cheminement et certains d’entre eux sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. Le même type de parcours sera prochainement créé au Petit-Lancy. Dans le quartier des Palettes, les divers services municipaux ont collaboré afin d’assainir la situation sécuritaire: cette démarche a donné lieu à un espace convivial doté de grills, de jardins potagers et d’un City Stade (terrain de sport permettant entre autres la pratique de sports de ballon); le street work out existant a été entièrement réaménagé. Des jeunes de la commune ont participé à cette opération et, sans surprise, plus aucune déprédation n’est depuis lors relevée. Nous procéderons de la même manière au square Clair-Matin/les Mouilles, où la mixité sociale est importante; on y trouve des typologies de logement variées et un établissement médico-social. Ailleurs dans la commune, nous allons rénover et compléter les vestiaires du stade des Fraisiers pour favoriser la pratique de sports libres ou «déstructurés»: toute personne qui le souhaite pourra ainsi disposer d’un casier et d’un accès aux douches/sanitaires. Idéal par exemple pour aller courir au bord de l’Aire pendant la pause de midi!

La piscine de Marignac.

– Où en sont les grandes infrastructures sportives planifiées dans votre commune?
– La patinoire du Trèfle-Blanc (Bachet), qui accueillera le Genève-Servette Hockey Club, est un projet porté par l’Etat: le crédit d’étude (11,7 millions) doit passer ces prochains jours au Grand Conseil, suivi du crédit de construction et enfin, de la réalisation d’ici décembre 2028. L’ensemble de notre Municipal – sauf les Verts – soutient cette construction. Lancy a l’intention de participer au coût de fonctionnement, du fait qu’une des deux glaces sera également mise à disposition des associations, habitants et écoliers de Lancy. Citons aussi le vaste programme de la «Porte Sud», dans le cadre du PAV (emplacement du Village du Soir), mené en collaboration avec les Villes de Genève et de Carouge, qui devrait être majoritairement dédié aux sports urbains. Un mégacentre sportif verra ainsi le jour, avec le stade de la Praille et la future patinoire.

– Durant ces prochaines années, ce sont environ 6000 nouveaux habitants qui s’installeront à Lancy, en particulier dans les nouveaux quartiers (Pont-Rouge, les Semailles, Chapelle-Gui et Surville). La Ville de Lancy atteindra alors le statut de deuxième commune la plus peuplée du canton, avec près de 40 000 habitants. Comment comptez-vous accompagner et financer ce développement?
– La réalisation de nouveaux équipements scolaires et des crèches-garderies (5-6 projets en cours) est primordiale. Pour la petite enfance, le but est de couvrir à terme 40% des demandes, contre 20% actuellement. Aux Palettes (futur Plan localisé de quartier de la «Boucle des Palettes») et selon le modèle intergénérationnel réalisé avec succès à l’Adret, nous souhaitons développer une structure de type HEPS (habitat évolutif pour seniors), qui comprendra également des appartements pour étudiants, une crèche, des locaux associatifs et commerciaux. Il est fondamental que Lancy maintienne une certaine mixité sociale, tout en veillant à l’équilibre financier de la commune. Les recettes fiscales résultant des loyers libres et en PPE sont à préserver, voire à développer. Par ailleurs, nous comptons sur l’arrivée de grandes entreprises à Lancy Pont-Rouge pour contribuer au financement des infrastructures publiques.

– Face à l’augmentation de la population à Lancy, une sécurité de proximité renforcée est essentielle à vos yeux. Qu’est-ce que cela implique concrètement?
– Grâce à l’ouverture de nouveaux postes chaque année, nous restons dans le ratio défini par le Canton, à savoir un agent de police municipale (APM) pour 1500 habitants. Le rôle de ces agents est le conseil et le soutien de proximité, le but étant de lutter contre les incivilités et la petite délinquance. Le nombre et l’horaire de patrouilles a été élargi, notamment afin d’assurer une présence au sein de nos parcs publics. Dans les quartiers sensibles, les APM, les travailleurs sociaux et les spécialistes de l’aménagement du territoire travaillent de concert pour traiter les problématiques de manière globale et non sous le seul angle sécuritaire. L’expérience des Palettes, mentionnée précédemment et qui a permis d’intégrer les habitants, est un exemple parlant!

Véronique Stein