Pascal Gilliard, «Monsieur Maintenance» des immeubles

– Aujourd’hui, tout le monde parle de dérèglement climatique, de produits bio, de respect de la planète. Le monde de l’immobilier et de la construction est pétri de ces valeurs; mais vous fûtes l’un des premiers à les promouvoir auprès des professionnels et à organiser des formations adéquates…
– J’ai toujours considéré que le facteur humain était le plus important, et que le bon sens s’appliquait aussi en matière d’économie. Ma modeste expérience – 42 ans d’activité – m’a montré que des procédures simples et des explications claires permettaient de convaincre et d’agir efficacement pour économiser de l’argent et respecter l’environnement. Avec constance et patience, nous sommes arrivés à faire passer tout le monde de l’eau de Javel et des produits agressifs «sentant bon le citron» à un usage raisonné de produits efficaces et préservant l’environnement, associé à du matériel ergonomique et simple d’utilisation. Aujourd’hui, près de 80% du volume des produits que nous vendons bénéficient d’un Label écologique CIEM (www.ciem.ch).

– Vous êtes un homme-orchestre qui semble tout faire lui-même. Comment vous y prenez-vous et comment pourrez-vous transmettre votre entreprise?
– Je ne suis pas seul, je suis indépendant! Cette boutade cache une réalité: on ne peut rien réaliser sans s’appuyer aussi sur les compétences d’autrui. L’entreprise Martin & Cie SA dispose d’un réseau de sous-traitants et de partenaires hautement qualifiés, qui partagent notre philosophie d’entreprise. Nous accompagnons nos clients de A à Z, réglons leurs problèmes rapidement et sommes focalisés sur la durabilité de nos matériels et de nos produits. L’un de nos points forts est la gestion des stocks, en collaboration avec ces concierges, dont les régies et propriétaires ont compris qu’ils étaient un maillon essentiel de la bonne gestion d’un immeuble. Nos interventions permettent d’éviter le gaspillage, les achats de matériel inutile, les choix de machines vite obsolètes, l’utilisation de produits inadaptés. Le ou les repreneurs devront évidemment partager ces conceptions et recevront alors les clefs et le mode d’emploi!

– Vous pratiquez aussi les audits d’immeubles?
– Oui, sur le plan de l’entretien, bien sûr. Il existe de nombreux et convaincants dispositifs informatiques qui indiquent les travaux à effectuer en fonction de capteurs et d’indicateurs précis. Mais chaque bien immobilier, chaque immeuble, chaque profil d’habitation est différent. Nous effectuons, en compagnie du représentant de la régie et du concierge, une analyse du cahier des charges, du matériel adéquat et des compétences des équipes chargées de l’entretien et de la maintenance. Le résultat permet davantage d’efficacité et de sobriété pour moins d’investissement. Souvent, on se trouve en présence d’une hétérogénéité des produits et des matériaux, ou de procédures de recyclage déficientes. Il est notamment important que chacun comprenne qu’un immeuble doit être approvisionné et traité par une seule entreprise, qui le connaîtra et saura exactement quoi faire, en pleine collaboration avec les concierges!

– Quels sont les obstacles à une bonne gestion de l’entretien courant d’un immeuble?
– Citons d’abord les matériaux choisis par l’architecte. Ils peuvent être beaux et écologiques, mais s’ils sont rugueux par exemple, cela impliquera quatre fois plus d’eau et de produits, une usure plus rapide des outils et un séchage plus long. Second obstacle: trop souvent, ces mêmes architectes oublient, voire négligent, de prévoir un vrai local de conciergerie équipé de connexions électriques, d’eau et d’écoulement et parfois, la configuration des lieux complique fortement la maintenance. Troisième obstacle: la résistance au changement, car certaines personnes ont de la difficulté à accepter de changer de méthode de travail.

– Mais vous arrivez quand même à vos fins…
– Grâce à un peu de ténacité et de vision à long terme, on arrive à créer un lien de confiance avec les décideurs (régies, propriétaires, institutions) et les opérateurs (employés techniques, concierges). Beaucoup de nos devis sont acceptés sur une poignée de main (puis confirmés par écrit, n’ayez crainte!) et nombre d’intervenants savent qu’ils peuvent nous faire confiance sur parole. Le taux d’acceptation de nos devis approche les 95%!

– Pour l’avenir, que prévoyez-vous?
– Dans le cadre d’une transmission à venir, rester dans une collaboration étroite d’accompagnement pour continuer de porter les valeurs qui font la force de Martin & Cie SA.

Propos recueillis par François Berset