éCONOMIE - Rencontre à Genève
Omar Ali, géant débonnaire des affaires
A l’heure où nombreux sont les observateurs à estimer que l’avenir économique se situe davantage à l’Orient que dans la plupart des pays de la vieille Europe, la rencontre avec Omar Ali, brillant industriel d’origine indienne ayant mené sa carrière en Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis, a de quoi impressionner. Entouré de sa famille et notamment de son fils – tous participent de près ou de loin à la holding familiale –, Omar Ali était récemment de passage en Suisse où il explore des possibilités de coopération avec des firmes actives comme plusieurs des siennes dans le domaine médical.
Omar Ali est le sixième fils de Muhammad Ummar, membre d’une vieille famille musulmane de Muvattupula, propriétaire de terres agricoles au cœur de l’Etat indien du Kerala, au sud-ouest du Sous-Continent. Son père, ouvert d’esprit, l’encourage à suivre sa propre voie. Après son diplôme, Omar part à Bombay suivre une formation d’inspecteur médical, ce qui l’ouvre au commerce et aux langues. Il se lance dans l’importation de camions, puis intègre l’administration indienne avant de gagner l’Arabie saoudite, comme beaucoup de ses compatriotes. Ses débuts sont difficiles: il enchaîne des emplois pénibles. Mais il tient bon.
Le tournant vient lorsqu’un ami soudanais l’aide à obtenir un poste dans un laboratoire médical. Il y apprend tout: fonctionnement des équipements, techniques d’analyse… travaillant jusqu’à quatorze heures par jour, y compris les jours fériés. Sa détermination lui permet de devenir directeur du laboratoire.
Plus tard, grâce à un ami palestinien, il devient vendeur dans une entreprise de matériel médical supervisée par un membre de la famille royale saoudienne. Son engagement lui permet d’évoluer jusqu’au poste de directeur général. Après son mariage, Omar explore aussi les possibilités offertes par les Emirats et décide de rejoindre une entreprise naissante de matériel médical. Il part donc aux Émirats avec sa famille. L’entreprise tarde à démarrer, et Omar Ali se retrouve sans revenu. Il renvoie sa famille au pays, accepte un emploi peu rémunéré pour gagner du temps et mieux comprendre le marché local, puis lance sa propre entreprise.
Les commandes arrivent, modestes mais régulières. Il réinvestit tous ses gains, recrute du personnel, vend ses terres natales pour financer son projet. Il fait face à l’opposition et aux obstacles, et signe une impressionnante réussite. Son credo: «Travaillez dur et agissez toujours avec intelligence. Restez motivé pour atteindre vos objectifs. Trouvez un chemin vers le succès, même en cas de revers. Soyez déterminé, peu importe les défis rencontrés. Si vous vous investissez pleinement, le succès finira par arriver».
Un empire autour du médical
Fourniture de matériel médical, logiciels de gestion d’hôpitaux, de pharmacies et d’autres infrastructures de santé, telles sont les activités du groupe. «J’avais toutes les raisons de me rapprocher de partenaires suisses. Ce pays est leader dans la pharma et dans la recherche», dit Omar Ali. La thérapie génique intéresse de près le personnage, qui est également bien conscient du fait que la Suisse, comme bien d’autres pays, ne veut pas dépendre de la Chine pour les fournitures médicales. Les sociétés de notre interlocuteur sont présentes en Inde, aux Emirats, en Arabie saoudite, au Qatar, en Oman, comme d’ailleurs en Chine et aux États-Unis, ainsi qu’en Allemagne. L’un des objectifs de l’homme d’affaires et de sa famille est de rendre accessible au plus grand nombre les thérapies les plus avancées, et parallèlement de produire à moindre coût et à moindre risque de rupture de stock le matériel hospitalier de base.
Omar Ali a notamment noué de bons contacts avec des personnalités kosovares de Suisse, qui lui ont vanté les avantages d’une production dans le petit Etat balkanique: coûts raisonnables et force de travail.
Thérapie cellulaire
Omar Ali et son fils, qui joue le rôle de bras droit dans la conduite des affaires, nous confient qu’à leur avis, l’avancée de l’intelligence artificielle va renforcer les atouts des acteurs économiques et scientifiques hautement qualifiés, et rendre la vie plus difficile à celles et ceux dont le revenu dépend de tâches simples et répétitives. Raison de plus pour eux de miser sur les petites structures imaginatives et innovantes.
C’est le cas d’ImmunSkills, dirigée par l’ingénieur en biologie Adolfo Gonzalez. Installée à Sion, cette start-up propose une solution complète en matière de thérapie cellulaire, offrant des cellules immunitaires renforcées pour résister aux micro-environnements tumoraux, adaptées en vue de la culture à grande échelle. Elles sont destinées à intégrer un environnement CAR (Chimeric Antigenic Receptor), c’est-à-dire une stratégie d’immunothérapie cellulaire visant à combattre le cancer en s’appuyant sur le système immunitaire du patient.
La question du financement de ces entités prometteuses, de même que le développement de leurs découvertes à une large échelle, sont les défis qui passionnent Omar Ali et sa famille. Technologie et recherche suisses, financement oriental, production rentable mais qualitative: ces termes de l’équation ont le don de stimuler cette famille étonnante, emmenée par un patriarche aussi souriant que bienveillant, et d’ouvrir de solides perspectives de collaboration internationale.
Vincent Naville
Omar Ali.
GROS PLAN
Un groupe puissant
Omar Ali contrôle entre autres les sociétés suivantes:
• Bin Ali Medical Supplies
• Safe Care Medical Industries
• Safe Care Technology
• Safe Care Medical Product
• Care Medical Trading
• Al Tilawi General Trading
• Pearl Polymer
• Family Pearl Plastic
• A.P.J. Abdul Kalam School of Environmental Design
• Cardamom Garden
Ses valeurs
Omar Ali résume volontiers ses principes:
• Ne faites pas de l’argent un but en soi. Offrez des services utiles, et la croissance suivra.
• Croyez en Dieu et poursuivez votre chemin sans céder à l’adversité.
• Aidez les autres autant que possible.
Et ses mantras:
• Choisissez un secteur que vous comprenez parfaitement.
• Soyez constant et engagé dans votre domaine.
• Ne changez pas d’activité dès les premiers bénéfices.