Palézieux-Gare, véritable nœud ferroviaire; les trains partent dans quatre directions: Lausanne, Berne, Bulle et Payerne.

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LA fête des maires - Olivier Sonnay, Syndic d’Oron/VD

«Nous voulons préserver notre esprit rural»

8 Nov 2023 | Articles de Une

Située à 18 kilomètres de Lausanne, la commune d’Oron, issue au 1er janvier 2012 de la fusion de dix communes à laquelle vint d’ajouter celle d’Essertes en janvier 2022, connaît un développement régulier, attirant notamment de jeunes familles. Un nouveau quartier, «A La Sauge», sortira de terre en 2024 et la commune est également pionnière dans la réaffectation de bâtiments agricoles désaffectés, comme l’explique son Syndic Olivier Sonnay.

– Quelle définition donneriez-vous d’Oron?
– Avec cinquante agriculteurs, nous sommes une commune à l’esprit rural, proche de la ville, avec deux centres régionaux: Oron-la-Ville et Palézieux-Gare, et de surcroît, un tissu économique important. En raison de notre situation géographique, nous sommes appelés à nous développer, d’autant plus que nous avons la chance d’avoir une liaison au quart d’heure avec Lausanne depuis Palézieux-Gare.

– Ce développement se traduit-il déjà par une hausse de la population?
– Oui, la population atteint aujourd’hui 6200 habitants. Nous grandissons, mais nous avons à cœur de préserver notre côté rural.
Cette hausse de la population est due au «débordement» de l’immobilier de l’Arc lémanique sur la commune. A Palézieux-Gare, le plan de quartier pour le nouveau quartier «A La Sauge», qui accueillera 1100 habitants, vient d’être validé. Les premières mises à l’enquête sont prévues pour le premier semestre 2024.
Le chantier se fera en deux phases, la première dès 2024 et la deuxième les années suivantes en fonction de la demande de logement. Le projet a débuté en 2005 par les premières discussions avec le Canton portant sur la zone à bâtir. Il y a ensuite eu la fusion de onze communes pour créer la commune d’Oron et la révision de la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT), impliquant des modifications du projet et de son potentiel d’accueil de nouveaux habitants. Le nombre d’habitants est passé de 1800 prévus initialement à 1100, pour un total de 450 logements de toute typologie. Les premiers résidants sont attendus pour 2025.

– La population a-t-elle bien accepté le projet?
– Oui, tout le monde a été impliqué et très attentif aux informations données par la commune. Les discussions autour de la table ont permis de régler les problèmes et les quelques oppositions compréhensibles de voisinage. De leur côté, les deux propriétaires du terrain de 80 000 m2 et les promoteurs ont été très à l’écoute et ouverts vis-à-vis des attentes des autorités communales et des habitants. Tout le monde avait en commun l’envie de créer un écoquartier agréable à vivre. C’est dans cette vision que le projet comprend une zone centrale comme une place du village et que nous avons planifié la réalisation de commerces de proximité dans la première partie du chantier, pour que les habitants puissent tout de suite vivre leur quartier. Nous projetons aussi l’installation d’un centre médical et d’un EMS, ce qui fera venir les gens «A La Sauge».

– Y a-t-il encore des terrains constructibles?
– Très peu, la majorité de la commune, à part les deux centres Palézieux-Gare et Oron-la-Ville, se situe en zone réservée, en attendant le nouveau plan d’affectation. Cette situation a entraîné une hausse du prix des terrains. Il faut compter entre 300 et 400 francs le mètre carré dans les villages de la commune et entre 500 et 600 francs dans les centres.

– Quels sont les projets en cours ?
– Nous souhaitons développer davantage les infrastructures sportives et rêvons toujours d’une piscine, mais il faudrait trouver le terrain et le financement. Il y a deux mois, nous avons inauguré des infrastructures sportives en libre accès pour la population s’ajoutant à notre salle triple inaugurée il y a deux ans, en plus de la salle double et d’une salle simple que nous avions déjà. On constate une forte demande de la part de la population et des associations sportives, très actives, notamment celle de football de l’AS Haute-Broye.
La Municipalité est très engagée. Nous avons créé des dicastères pour la jeunesse et pour le sport, et cette année nous avons consacré un million aux infrastructures sportives. La commune attire beaucoup de jeunes familles et nous trouvons important d’offrir à cette jeunesse de belles possibilités en matière de sport. D’autres importants projets en cours concernent les routes à l’intérieur de deux localités et les infrastructures liées à l’eau potable.

– Qu’en est-il des infrastructures scolaires?
– En 2021, nous avons réalisé l’extension du bâtiment scolaire d’Oron-la-Ville, afin de répondre aux besoins des habitants du nouveau quartier. C’est dans le cadre de ces travaux que nous avons réalisé la salle triple. Le montant total du projet était de 40 millions. Quant à la petite enfance, de nouvelles infrastructures seront situées «A La Sauge».

– La commune dispose-t-elle de la capacité financière nécessaire?
– Oron a un plafond d’endettement de 90 millions, mais nous essayons de ne pas l’atteindre. Notre objectif est d’arriver à nous développer sans avoir recours à une hausse des impôts. Nous avons encore une marge de manœuvre avant d’en arriver là. Nous devons être prudents, avoir une vision à long terme pour que nos décisions d’aujourd’hui ne lient pas excessivement les futures autorités communales. Quand nous avons emprunté pour le collège, les taux étaient très bas et il est certain que les prochains projets seront plus difficiles à financer.

– Où en est la commune sur le plan énergétique?
– Nous possédons une cinquantaine de bâtiments, dont plusieurs doivent être assainis. Les prix de tels travaux étant très élevés, nous devons planifier les rénovations en fonction de l’urgence. Nous allons prochainement commencer par le collège de Palézieux, qui a été construit à l’époque où l’isolation coûtait cher et où le mazout était extrêmement bon marché: autant dire que le bâtiment est une passoire énergétique.
Nous travaillons actuellement sur notre plan climat qui comprendra notamment la rénovation de l’éclairage public avec des LED et menons également une réflexion pour modifier les horaires d’éclairage. Nous avons aussi interdit les pesticides et, pour l’arborisation, nous n’allons pas utiliser uniquement des espèces indigènes, car certaines espèces étrangères sont bien adaptées à notre climat.

– Une commune vient de rejoindre la commune d’Oron, onze ans après la première fusion…
– Effectivement, Essertes, qui compte 350 habitants, nous a rejoints en 2022. Elle avait hésité à l’époque car elle avait d’autres possibilités, mais finalement les flux et les affinités la portaient prioritairement vers Oron. Cette fusion s’est faite naturellement, elle répondait à une certaine logique.

– Vous avez évoqué la présence de nombreux agriculteurs dans la commune. Sont-ce de jeunes exploitants?
– En effet, il y a beaucoup de jeunes. Je suis agriculteur et je constate que cette nouvelle génération est vraiment passionnée et très soucieuse de l’environnement. Plusieurs travaillent en bio. De nouvelles fermes se construisent régulièrement et trois fromageries font leur gruyère avec le lait de leurs vaches.
Par ailleurs, notre territoire rural compte de nombreuses fermes désaffectées, dont il est très difficile de faire quelque chose, puisqu’elles sont situées hors de la zone à bâtir. C’est un vrai problème pour notre commune, mais aussi pour d’autres, qui se caractérisent également par un habitat rural dispersé. Nous sommes une commune avant-gardiste sur le sujet, car nous avons finalisé en 2022, un projet pilote à Ecoteaux, portant sur une quinzaine de fermes. Nous avons pu rendre ces bâtiments habitables, la loi autorisant un changement complet d’affectation si les constructions «présentent un intérêt local en raison de leur valeur architecturale, paysagère, historique ou culturelle, qui est préservée». C’était le cas à Ecoteaux et nous avons entamé la même démarche de planification avec d’autres fermes désaffectées sur l’ensemble de notre territoire, qui en compte environ 200. Un tiers pourrait être concerné par ce changement d’affectation qui permettrait de créer des logements et des lieux de travail, par exemple un atelier de menuiserie. Il y aurait des emplois supplémentaires dans la commune, ce qui est toujours positif, et cela aurait aussi un impact positif sur les trajets en voiture. Les habitants auraient leur lieu de travail près de chez eux.

– Le trafic est-il un problème?
– Aux heures de pointe, la circulation sur les grands axes de la commune commence à être problématique. Nous réfléchissons à des solutions comme l’installation de zones à 30 km/h ou encore, comme à Ecoteaux, une incitation à ralentir grâce à l’arborisation, l’idée étant d’éviter les lignes droites.

 

Propos recueillis par Virginia Aubert

Olivier Sonnay.

GROS PLAN

Tous unis

 

«Une pour tous, tous pour un!»: la devise suisse et celle des Trois mousquetaires se retrouve dans la «Balade des onze comme une» qui se déroule tous les deux ans à Oron. Le principe: afin de rassembler les habitants après la fusion de 2012, la Municipalité organise une balade dominicale originale. Le promeneur va d’un village à l’autre, où des visites et animations sont organisées grâce aux différentes associations locales. Cela va du petit déjeuner pour les lève-tôt jusqu’à l’apéro à 11 heures et le repas de midi pour ceux qui préfèrent faire la grasse matinée.

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