Charles Ducrot, Syndic de Châtel-St-Denis/FR

– Comment la commune de Châtel-St-Denis a-t-elle évolué ces dernières années?
– La commune a évolué très rapidement. On note de nombreux projets immobiliers. C’est probablement la proximité de la Riviera vaudoise qui explique les projets de construction. Un autre attrait: le déplacement de la gare a engendré un très grand impact sur le développement de la commune. On s’est rapproché de la capitale vaudoise: on est à 32 minutes en train du centre de Lausanne et l’on voit que Châtel-St-Denis est presque devenu une périphérie de Lausanne. Le fait d’avoir un nouveau quartier proche de la gare entraîne l’existence de pendulaires. C’est une nouvelle dynamique pour le chef-lieu du district de la Veveyse. C’est le principal élément. Nous sommes aussi très proches de la route principale 12. Après tout, la Riviera est peut-être un peu saturée et Châtel offre une meilleure qualité de vie, restant une petite ville à la campagne. La pandémie nous a rendus encore plus attirants, parce qu’ici, les habitants peuvent très rapidement et facilement aller se balader en forêt et en montagne, toutes proches. De nouveaux quartiers sortent de terre sous forme d’ensembles de grande qualité. Je pense par exemple aux constructions de la Caisse de pensions de l’Etat de Fribourg à Montmoirin. On essaie d’y limiter les voitures en surface, toutes les places de parc sont situées en sous-sol. On crée des petits hameaux avec ces réalisations. Les tarifs des appartements sont concurrentiels. Ces terrains appartenaient à la commune de Châtel-St-Denis et nous avons négocié des prix de vente favorables, afin d’avoir des loyers bon marché. La commune a eu un droit de regard sur les loyers.

– Le fait que le marché de l’immobilier ait explosé à Châtel depuis une dizaine d’années a-t-il entraîné une hausse des prix des terrains et des loyers, empêchant par exemple certains Châtelois d’accéder à la propriété ou rendant difficile la location d’appartements?
– Les prix ont vraiment beaucoup augmenté. La nouvelle LAT, qui a pour objectif d’augmenter la densification, a entraîné une conséquence: la raréfaction des terrains. Et dans le cadre de la révision du Plan d’aménagement local, nous avons dû renoncer à placer des surfaces complémentaires en zones à bâtir et au contraire, trouver des solutions à l’intérieur de certains périmètres. C’est également pour cette raison que les prix ont augmenté. Et naturellement, la pression des prix sur la Riviera exerce aussi une influence sur le niveau des prix des terrains en Veveyse. A titre d’exemple, des villas des années cinquante ont été remplacées par des immeubles de trois à quatre étages. Cet endroit s’appelait le chemin des Maisonnettes. Il ne reste plus que le nom, les maisons individuelles ont presque toutes disparu!

– Une densification est-elle prévue à Châtel-St-Denis?
– Dans le cadre du Plan directeur cantonal, Châtel-St-Denis est considéré comme une ville et dans le cadre de l’aménagement du territoire, on sent cette volonté de densifier. La villa devient une denrée très rare. On n’en construira pratiquement plus, au profit d’immeubles dans des quartiers de qualité. Châtel est devenu un pôle. Cela entraîne automatiquement une densification et une valorisation des terrains. Les promoteurs n’utilisent pas toujours la densification autorisée, parce qu’elle est parfois trop importante pour l’intégration dans le bâti.

– Les autres zones que celles à construire ont-elles été maintenues? Il y a toujours eu à Châtel-St-Denis un mélange entre habitat, artisanat, commerces…
– Châtel, je le répète, est un pôle. Un pôle est supposé fournir du travail sur place aux habitants. Notre volonté est dès lors de développer le logement, mais aussi les zones industrielles et artisanales. On bénéficie même d’une zone d’importance cantonale qui pourrait être valorisée un jour si une très grande entreprise veut s’implanter ici. Nous avons encore du terrain à disposition. La commune souhaitant avoir la maîtrise du foncier, elle a entrepris une politique d’acquisition de terrains. On préfère sortir l’artisanat du centre-ville, car il est générateur de bruit et de trafic routier.

Le marché de l’immobilier a explosé à Châtel-St-Denis.

– Le projet du déplacement de la gare est-il terminé?
– Non, pas encore. Ce projet avance beaucoup plus vite que prévu et trois grands immeubles sont en cours de réalisation. On va commencer à créer l’Esplanade de la gare qui va permettre aux usagers des transports publics d’aller directement au centre-ville par mobilité douce, en traversant une zone de rencontre. Cette zone de rencontre sera prolongée vers la Place d’Armes pour créer un véritable, agréable et convivial centre-ville qui devrait devenir le cœur de Châtel-St-Denis.

– Quel est le type de population qui vient s’installer chez vous? Et que se passe-t-il aux Paccots, hameau de Châtel?
– Il y a vraiment toute sorte de personnes. Des familles, des retraités, des gens qui cherchent à vivre à la campagne. On n’a pas pu établir de profil type. Les nouveaux arrivants cherchent la qualité de vie. Les Paccots, le hameau situé au-dessus de Châtel, compte aujourd’hui 1000 habitants en permanence. L’aménagement routier aux Paccots est actuellement refait. Ce qui est recherché, c’est un tourisme quatre saisons et non plus uniquement centré sur les sports d’hiver. Avant, Les Paccots formaient un petit ensemble de résidences secondaires ou de week-end, principalement occupées par des Lausannois. Aujourd’hui, c’est un lieu de vie. Des habitants se sont installés à l’année.

– Pourquoi venir s’installer à Châtel-St-Denis?
– La qualité de l’enseignement dans le canton de Fribourg, et notamment à Châtel-St-Denis, est un élément attrayant. C’est aussi une petite ville de 8000 habitants où les gens se connaissent et discutent entre eux. Il y a beaucoup de clubs sportifs et d’associations très vivantes. Châtel offre des infrastructures de qualité, bientôt une nouvelle piscine; on refait la patinoire et d’autres infrastructures sportives. Ici, on est proche de la nature, mais l’on peut s’adonner à différentes activités. Nos futures zones de rencontre, inspirées de ce qui existe à Sion, sont aussi des éléments témoignant de la qualité de vie que nous souhaitons développer. Châtel-St-Denis a obtenu le label Gold Cité de l’énergie, afin de promouvoir le développement durable, par exemple en construisant deux centrales de chauffe.

Propos recueillis
par Laurent Passer