Guy Lavorel.

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LA fête des maires - Guy Lavorel, Maire de Troinex/GE

«Notre commune accueillera mille nouveaux habitants»

15 Fév 2023 | Articles de Une

Située au pied du Salève, la commune de Troinex, qui fut longtemps essentiellement agricole, connaît un développement résidentiel depuis une cinquantaine d’années. Celui-ci se poursuit avec l’arrivée programmée de mille nouveaux habitants à partir de la fin de cette année. Ce dynamisme s’accompagne de grands projets, parmi lesquels l’agrandissement nécessaire de l’école et la création d’une Ferme de la culture, comme le détaille le Maire, Guy Lavorel.

– Vous vivez votre deuxième législature en tant que Maire. Comment êtes-vous arrivé en politique?
– Ma famille est originaire de Troinex depuis 1876. Un jour, un habitant de la commune qui était membre depuis 25 ans du Conseil municipal m’a proposé de le rejoindre et je me suis laissé tenter. Comme beaucoup de personnes qui s’engagent dans les petites communes, je suis motivé par le bien-être des habitants, au quotidien. Je suis apolitique, ce qui donne aussi davantage de liberté. J’ai fait une première législature en tant qu’adjoint au maire. Et quand le magistrat communal a arrêté pour des raisons personnelles, j’ai repris le flambeau et depuis, je continue.

– L’enthousiasme est-il toujours le même?
– Oui, je suis passionné par les projets qui s’inscrivent dans une vision à très long terme et qui vont avoir un vrai impact sur la commune. Le quotidien est parfois plus difficile, car en tant que maire, on est parfois confronté à des raisonnements à l’emporte-pièce.

– Quelle analyse faites-vous de votre commune?
– Elle se porte bien et se développe, ce qui s’accompagne évidemment de quelques problèmes classiques dans ce type de situation. Cela étant, Troinex a déjà connu une phase importante de développement durant les années 90, avec l’arrivée d’un millier de nouveaux habitants en lien avec la construction de logements. Aujourd’hui, la commune, qui compte environ 2700 habitants, va accueillir quelque 1000 habitants supplémentaires avec le projet Le parc des Crêts. Celui-ci est réalisé sur un terrain bloqué pour la voie Cottier, une autoroute au sud du canton complètement abandonnée entre-temps. Le canton avait gardé les droits sur le terrain, nous savions donc depuis plus de 60 ans qu’un développement à cet endroit-là était possible.

– Les infrastructures sont-elles adaptées?
– Nous sommes en train de réaliser une crèche pour les enfants jusqu’à 4 ans, qui offrira 60 places, ce qui est un nombre important. La commune de Bardonnex, située juste à côté de Troinex, prendra 10 places. La crèche sera ouverte pour la rentrée de septembre. Avec cette nouvelle structure, qui comprendra quatre grandes zones, c’est-à-dire quatre groupes de 12 à 15 enfants, tous âges confondus, nous devrions couvrir 100% des besoins des habitants en matière de crèche. Nous allons aussi innover avec cette crèche, car elle sera bilingue français-allemand. Nous sommes partis du constat que l’anglais était plus facile à acquérir et que les enfants étaient plus facilement en contact avec cette langue qu’avec l’allemand.

– Qu’en est-il pour le primaire?
– Troinex, avec la commune d’Anières, a longtemps détenu le record d’enfants scolarisés dont les parents habitaient hors du canton. Notre taux était de 42%, dont environ la moitié venant de France voisine, les parents travaillant à Genève. Depuis quelques années, la politique du Département de l’instruction publique (DIP) a changé et les enfants hors canton ne sont plus acceptés systématiquement, sauf lorsqu’il s’agit d’une fratrie. La situation est en train de se rééquilibrer, mais il est nécessaire d’agrandir l’école. Elle a plus de 50 ans et ne correspond plus, de toute façon, aux normes actuelles, notamment en ce qui concerne la taille des classes.
L’étude de faisabilité est en cours et nous pensons lancer cette année encore le concours d’architecture pour le projet. Pendant la durée des travaux, nous installerons cinq ou six pavillons provisoires pour accueillir les élèves. Nous avions pensé que ce serait prêt pour septembre 2023, mais ce sera plutôt pour 2024. Le fonctionnement d’une commune est lent par définition. Je dis souvent que c’est mon maître zen!

– L’arrivée de 1000 habitants demande un accompagnement…
– C’est certain, mais nous n’avons pas de crainte à ce sujet. Créer et renforcer les liens entre les habitants est une préoccupation majeure de la commune. Nous proposons, par exemple, des apéritifs de saison, quatre fois par année. Ils font suite aux festivités des 200 ans de la commune en 2017. Ces apéros sont gratuits, ceux qui le veulent apportent quelque chose. A chaque édition, il y a entre 200 et 250 personnes. Nous organisons aussi des brunchs culturels le dimanche, lorsqu’il y a une exposition à la Ferme Rosset, afin d’encourager les gens à venir la découvrir.

Troinex, avec la commune d’Anières, a longtemps détenu le record d’enfants scolarisés dont les parents habitaient hors du canton.

– La commune a-t-elle d’autres grands projets en cours?
– Oui, la Ferme de la culture, qui se situera sur un terrain au cœur du village où se trouvait une belle ferme nécessitant une rénovation et que la commune a rachetée en 2018. Nous avons beaucoup réfléchi à ce que nous pourrions en faire, nous avons consulté les associations culturelles et établi un cahier des charges. Un concours d’architecture a été lancé, dont nous aurons les résultats en mai prochain. La Ferme de la culture abritera notamment une salle de spectacle intimiste pour 40 à 50 personnes, une salle d’exposition, la bibliothèque qui est aujourd’hui à l’étroit dans ses murs et des ateliers pour des cours de musique, de céramique, de cuisine… Ces ateliers ne seront pas privatisés, mais ouverts à tous. Récemment nous avons aussi complètement rénové l’épicerie du village, qui propose désormais des produits locaux et de la vente en vrac.

– Quelle est l’action de la commune en faveur de l’environnement?
– En 2019, nous avons créé le jardin idéal au centre du village, dans le jardin de la future Ferme de la culture. Ce jardin a été baptisé Le jardin de Colchique, du nom de la petite hérissonne recueillie par une association de protection des hérissons et que la commune a adoptée.
Depuis cette année, la commune a mis en place des subventions afin d’encourager les particuliers à échanger leur chaufferie au mazout contre une solution plus écologique. Troinex s’est aussi associé au programme SIG-éco21, afin de permettre aux propriétaires de villas de bénéficier d’un diagnostic énergétique gratuit. Nous allons inciter cet été les habitants à acheter des mètres carrés de panneaux photovoltaïques et à mettre en place un système de redistribution de l’énergie. Le village dispose aussi de vélos en partage et d’un vélo-cargo.

– Ce printemps, vous allez planter le troisième Arbre du Mérite. Qu’est-ce que c’est?
– Il y a une quinzaine d’années, nous avons créé le Mérite troinésien, décerné à une personne de la commune qui se serait distinguée par son dévouement à Troinex ou ses actions reconnues dans un domaine ou un autre: sport, littérature, musique… Pour conserver le souvenir de ces personnes de manière plus concrète, j’ai eu l’idée d’instaurer la plantation de L’Arbre du Mérite, en mémoire d’anciens récipiendaires. En 2021, un hêtre a été planté en l’honneur de Jeanne Lavergnat, qui fut la première habitante à recevoir ce mérite. Avec son mari elle a sauvé des Juifs en les aidant à entrer en Suisse, car leur ferme était située à la frontière. Nous avons aussi planté un cèdre de l’Himalaya en mémoire de Jean-Jacques Asper, alpiniste émérite qui, à 26 ans, fit partie de l’expédition suisse de 1952 pour tenter l’ascension de l’Everest. Aujourd’hui décédé, il était le plus jeune membre de cette expédition qui n’a malheureusement pas réussi à atteindre le sommet. Ce printemps, nous allons planter notre troisième arbre, dédié à Margrit Grodecki, qui non seulement a siégé pendant 20 ans au sein du Conseil municipal, mais qui a fait partie de plusieurs comités d’associations troinésiennes et s’est investie sans compter pour Troinex.

 

Propos recueillis
par Virginia Aubert

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