Natacha Buffet-Desfayes: «Genève est de loin la ville suisse où les dépenses culturelles sont les plus élevées».
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ELECTION MUNICIPALES GENEVOISES 2025 - Candidate libérale-radicale à la Mairie
Natacha Buffet-Desfayes veut faire rayonner Genève
Depuis quelque temps et malgré la multiplication des candidatures au Conseil administratif (exécutif) de la Ville de Genève, on ne parle que d’elle: Natacha Buffet-Desfayes, enseignante de français et d’allemand, élue PLR. Issue de la tradition humaniste de la droite genevoise, on lui reconnaît le sens du dialogue joint à la fermeté de ses convictions. La gauche et les Verts trustent quatre sièges sur cinq au gouvernement municipal; au côté de la centriste Marie Barbey-Chappuis, la jeune femme a tout pour arracher, le printemps prochain, un fauteuil à l’une des gauches les plus doctrinaires de Suisse.
– La gauche domine l’Exécutif de la Ville depuis un quart de siècle. L’un de ses ténors, Rémy Pagani, se présentait jadis comme un bâtisseur. Pensez-vous que l’aménagement des quartiers de Genève soit une réussite?
– Je n’entends pas pointer du doigt tel ou tel ancien ou actuel magistrat, mais une chose est sûre, la Ville de Genève a pris beaucoup de retard ces dernières années en matière d’aménagement. Nous devons aujourd’hui, impérativement, revitaliser la ville. Ce développement qualitatif passe par la rénovation, la création et l’extension d’espaces publics. Il s’agit également d’assouplir le Plan d’utilisation du sol, trop rigide et qui entrave la liberté économique, notamment face aux défis que doit relever le commerce de détail.
Pour revitaliser la ville et libérer de l’espace en surface, il faut rechercher de nouveaux potentiels à travers les surélévations, la réaffectation de surfaces de bureaux ou des reconstructions lorsque cela peut apporter des qualités supplémentaires au quartier. Le PLR Ville de Genève s’engage aussi pour un réaménagement de la rade pour renforcer le lien entre la ville et la rade, et mieux valoriser la proximité à l’eau de manière générale.
– On a cru comprendre que le dicastère qui vous intéresserait le plus serait celui de la Culture. Il faut admettre que le budget qui y est consacré en Ville de Genève ressemble à celui d’un canton, voire d’un pays! Pensez-vous que le résultat soit à la hauteur?
– En effet, Genève est de loin la ville suisse où les dépenses culturelles sont les plus élevées. Malgré ce budget considérable et des institutions de grande valeur historique, patrimoniale et artistique, la Ville de Genève peine à se faire une place sur la carte des destinations culturelles incontournables en Europe, ce qui est regrettable. Nous voulons faire rayonner Genève par la culture, mieux valoriser nos lieux culturels emblématiques et attirer des événements et expositions de renom, ce qui contribuera à développer un tourisme culturel aux retombées économiques positives.
Nous souhaitons également promouvoir une culture rassembleuse et ouverte, en faisant sortir l’art des dépôts pour l’exposer dans l’espace public. Nous entendons par ailleurs favoriser et multiplier les partenariats publics-privés, indispensables dans ce domaine.
– Que pourriez-vous faire pour soutenir le commerce et l’artisanat en ville, alors que l’on voit souvent des travaux démarrer devant les terrasses de restaurant ou les vitrines de magasin aux moments les plus dommageables pour leur activité?
– On constate en effet que ces dernières années, la Ville n’a rien fait pour faciliter la vie des commerces, qui évoluent dans un contexte de plus en plus difficile et font preuve de beaucoup de résilience. Comme vous le relevez, les commerçants se sentent à juste titre exclus et mal informés lors d’aménagements qui ne tiennent pas compte de leurs besoins. Nous nous engageons à réduire ces entraves au bon fonctionnement des entreprises, ainsi qu’à penser l’espace public et la mobilité pour favoriser l’accès aux commerces.
Nous plaidons pour l’instauration d’une zone touristique en ville de Genève, ainsi que pour la mise en place de réelles animations durant les fêtes, sachant que de telles mesures permettront d’animer la cité, tout en soutenant nos commerces de proximité.
– Si vous parvenez à reconquérir un second siège de droite au Conseil administratif, tenterez-vous de limiter les élans «wokistes» des équipes précédentes: changements de noms de rue et de bâtiments publics, Fête des écoles au lieu des Promotions, espace public refusé à des manifestations non «progressistes», tolérance pour des actions de «désobéissance civile» allant jusqu’à des déprédations, etc.?
– Il est vrai qu’un meilleur équilibre gauche-droite au sein du Conseil administratif permettrait sans doute d’éviter certaines dérives idéologiques et militantes. Le Conseil administratif doit se préoccuper des besoins de l’ensemble de la population et ne pas se limiter à contenter certains groupes très revendicateurs, mais pas nécessairement représentatifs du sentiment général des Genevois. Je pense vraiment que la Ville de Genève gagnerait à disposer d’une plus grande diversité de vues au sein de son gouvernement. J’estime également que le Conseil administratif doit faire preuve d’une gestion plus rigoureuse et plus responsable des finances publiques.
– Vous êtes députée au Grand Conseil. Comment voyez-vous la coopération entre Ville et Canton?
– Engagée en politique depuis plus de vingt ans, j’ai eu la chance de siéger au Conseil municipal de ma commune d’origine, Corsier, puis au sein du Conseil municipal de la Ville de Genève pendant sept ans, avant d’être élue au Grand Conseil en 2018. L’expérience acquise à ces différents échelons est précieuse, dans la mesure où elle permet de comprendre le système et le fonctionnement politique dans son ensemble. Je connais également l’importance du dialogue et la nécessité de travailler en bonne intelligence avec les différentes forces en présence. S’agissant des liens entre la Ville et le Canton, je suis convaincue que nous pouvons rationaliser davantage et aboutir à une répartition des tâches plus cohérente et efficace.
